L’énergie en copropriété : Faire le choix de la sobriété et du renouvelable - Le chauffage urbain : à explorer

par Nathalie Coulaud, Journaliste
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Le chauffage urbain : à explorer

copropriété énergie sobriété chauffage travaux isolation chaleur gaz fioul pompePour toutes les copropriétés équipées de chauffage collectif au fioul ou au gaz, la solution à la fois la plus pratique mais aussi la plus écologique est de passer au chauffage urbain, appelé également réseau de chaleur. Selon France Chaleur Urbaine, un organisme chargé de faciliter le développement des réseaux de chaleur, il s’agit de canalisations qui permettent d’acheminer la chaleur produite vers un ensemble de bâtiments à partir d’énergies renouvelables.

Ce mode de chauffage est principalement développé en milieu urbain dès lors qu’une concentration assez dense de bâtiments et de besoins en chaleur existent. Bon nombre de copropriétés se trouvent dans ce cas de figure. Il existe actuellement 592 réseaux de chaleur dont la cartographie est disponible sur le site de France Chaleur Urbaine. Les grandes villes et mêmes les villes moyennes sont globalement bien équipées avec un bémol pour le sud de la France un peu moins fourni en dehors de grandes villes comme Avignon, Nîmes, Aix-en-Provence, Marseille. Dans tous les cas, il est intéressant de se renseigner auprès de sa mairie pour savoir si des réseaux sont disponibles à proximité de son immeuble ou si un projet peut être réalisé ultérieurement.

Concrètement, le réseau de chaleur comprend une unité de production de chaleur (chaufferie collective). Il s’agit d’installations robustes et entretenues en permanence par le gestionnaire du réseau de chaleur, ce qui dégage la responsabilité de la copropriété. Les installations exploitent différents types d’énergie avec en premier lieu des énergies de récupération en particulier de la chaleur issue de l’incinération des ordures ménagères. Elles utilisent également des énergies renouvelables comme de la biomasse (matières organiques pouvant devenir des sources d’énergie), l’installation de géothermie profonde pour extraire la chaleur du sous-sol etc… Dans des villes rurales, il s’agit parfois de chaufferies utilisant le bois.

En général, ces énergies renouvelables ne suffisent pas et des énergies fossiles telles que le gaz, le fioul sont utilisées en renfort pendant les heures de pointe ou en remplacement quand c’est nécessaire. Le réseau de chaleur n’est donc pas complétement exempt d’énergie fossiles mais il a la capacité d’évoluer vers un «mix» énergétique plus favorable aux énergies renouvelables. Autre avantage, la production de chaleur est décentralisée et donc la copropriété n’est pas responsable par exemple, de devoir assurer la livraison du fioul. La chaleur produite est transmise directement à la copropriété parfois sous forme d’eau chaude ou de vapeur.

Le chauffage urbain comprend cependant quelques défauts. Tout d’abord, le syndicat des copropriétaires reste responsable de son système de chauffage et doit équiper l’immeuble de matériels permettant de recevoir la chaleur et de l’utiliser dans les réseaux de chauffage de l’immeuble. De plus, le raccordement est parfois long à être réalisé : les structures gérant les réseaux de chaleur ont, en effet, des plans de développement qui ne passent pas nécessairement tout de suite à proximité de votre immeuble. Même dans le cas le plus favorable, il faut réaliser des travaux de raccordement et d’adaptation de nouveaux matériels permettant d’utiliser la chaleur transmise qui peuvent être un peu longs et coûteux. En général, le raccordement n’est pas cher en lui-même mais les travaux d’adaptation de la copropriété le sont.

Citons l’exemple d’un immeuble de 23 logements situé dans le centre de Paris dont le raccordement à la CPCU (Compagnie parisienne de chauffage urbain) a été effectué courant 2024. Le raccordement a été d’environ 200 euros par appartement mais chaque copropriétaire a déboursé 6 000 euros pour l’adaptation de la chaufferie. Par ailleurs, ces réseaux de chaleur sont gérés par les collectivités locales et se trouvent en situation de monopole. Une fois raccordée, la copropriété se trouve, en quelque sorte, «pieds et poings liés» avec son réseau de chaleur et subit, comme pour le gaz, des augmentations de prix si le réseau le décide.