3 questions à Jean-Luc Detavernier, Secrétaire général de la Fédération des ascenseurs.
Quid des résultats de l’enquête de la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages (DHUP) sur l’état d’avancement des travaux de modernisation de la loi SAE ?
Cette troisième enquête d’avancement prévue par la loi corrobore les indices que nous avions personnellement constatés. A la fin de l’année 2010, terme de la première échéance, 85 % des travaux avaient ainsi été réalisés. Un bon résultat qui signifiait tout de même qu’il restait 15 %, soit un peu plus de 45 000 appareils, pour lesquels les travaux n’étaient pas faits. Fin mars, il en restait 35 000. Nous avons refait les comptes début juillet et l’on peut penser que le nombre d’ascenseurs ne respectant pas la loi, a encore diminué. Cependant, il est clair que l’on ne continue pas sur la même dynamique qu’au départ dans l’achèvement de cette première échéance, et que le rythme des demandes de travaux diminue. Par ailleurs, parmi les copropriétaires n’ayant pas encore passé commande des travaux de la première échéance, on ne sait pas quelle est la proportion de ceux qui sont en retard et de ceux qui n’entendent pas les réaliser. On peut imaginer que ces derniers soient entre 5 et 10 %.
Concernant la deuxième échéance en juillet 2013, nous avions constaté 51 % d’avancement au 31 décembre 2010. Là aussi, on a le sentiment que la dynamique n’est pas très forte dans cette première partie d’année, contrairement à la fin de l’année dernière où la fin de la première échéance a accéléré les choses. Le soufflé est un peu retombé. Or, ces travaux devant être faits au milieu de l’année 2013 au plus tard, cela implique un vote des travaux dès cette année pour bon nombre de copropriétés où les circuits de décisions sont les plus longs. Nous tirons donc la sonnette d’alarme, car il risque d’y avoir un engorgement entre le milieu des années 2012 et 2013. 50 % restants ce n’est pas négligeable !
Enfin, pour la troisième échéance à 2018, le ministère n’a pas encore fait de véritables mesures. Nous en avons fait régulièrement et estimé que nous étions à 17 % fin 2010, ce qui donne sur le global des trois échéances un avancement de l’ordre de 45 %, la loi étant paru en 2003 et devant s’achever en 2018. C’est donc tout à fait en phase avec l’agenda de mise en application. Voilà pourquoi le ministère a jugé qu’il n’y avait pas lieu de se prononcer en faveur d’un report.
Comment comptez-vous améliorer l’image de la profession, parfois critiquée ?
Nous avons commandé au cours du premier trimestre de cette année, une étude d’image au cabinet CSA. L’idée était de dégager les grandes tendances de l’image de la profession, du rôle social de l’ascenseur, mais aussi d’identifier les priorités aux yeux des publics et les pistes de travail pour améliorer la situation. Cette étude a été faite en interrogeant un public de donneurs d’ordre et d’institutionnels, puis ensuite un échantillon beaucoup plus large de plus de mille Français. Le constat général est que la perception de Monsieur “tout le monde“ des ascensoristes et des ascenseurs est meilleure que celle des institutionnels. Par ailleurs, les résultats sont globalement sans surprises, à quelques exceptions près. C’est notamment le cas avec un point fort assez inattendu, à savoir, la perception par le grand public de la forte capacité d’innovation des ascensoristes. En ce qui concerne les points faibles, nous avons remarqué que le public associait globalement ascenseurs et conséquences financières des travaux engendrés par la loi SAE. Nous allons donc exploiter ces résultats et restituer l’ensemble des éléments au cours des premières ”Rencontres de l’ascenseur” que nous organisons le 4 octobre prochain. Cette manifestation sera l’occasion de réunir tous les représentants des acteurs concernés d’une façon ou d’une autre par les ascenseurs, comme les associations de bailleurs sociaux ou privés, de copropriétaires, ou bien encore, de personnes handicapées. Une centaine de parties prenantes plancheront ainsi dans des ateliers et essaieront d’acter un certain nombre d’engagements, l’idée étant de réfléchir tous ensemble aux actions à mettre en œuvre pour améliorer les services aux usagers. Toutes ces propositions seront ensuite compilées puis publiées avec l’intention d’atteindre des objectifs clairement définis.
Les ascensoristes ont-ils les moyens de répondre aux besoins actuels et à venir ?
En l’espace de quatre ans, la profession a embauché 6 000 personnes alors même qu’elle compte 20 000 salariés. A partir de la publication de la loi SAE, d’énormes efforts ont donc été faits. Nous avons ainsi créé, en 2004 avec l’Education nationale, une mention complémentaire ascensoriste à bac+1. Les entreprises ont parallèlement développé beaucoup de moyens pour recruter et former de bons techniciens. Reste que plusieurs années sont nécessaires pour les rendre compétents et autonomes. Une activité en dents de scie avec, par exemple, un recours à l’intérim lors des périodes chargées est donc impossible. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes beaucoup battus pour éviter un report d’échéance, car faute d’une activité régulière, le ralentissement actuel de l’activité fait souffrir les entreprises qui ont embauché des effectifs supplémentaires pour répondre aux besoins et effectuer les travaux en temps et en heure. En revanche dès l’année prochaine, le surcroît d’activité prévisible devrait générer d’autres problèmes. Il est donc clair que les copropriétaires ont tout intérêt à réaliser leurs travaux de rénovation aujourd’hui. Ils disposeront de meilleures conditions que s’ils les repoussent à l’année prochaine quand les entreprises seront débordées. Lorsque l’on voit qu’un tiers du parc a plus de 40 ans, il est facile de concevoir que faire perdurer du vieux matériel ad vitam aeternam pose de gros problème, notamment au niveau de la disponibilité des pièces pour la maintenance.
Intervention de techniciens en machinerie
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