Électricité, gaz naturel, fioul, granulés de bois, géothermie, énergie solaire… Il existe une multitude de solutions pour équiper un immeuble. Certaines sont plus efficaces, d’autres plus économiques. Comment concilier les deux ? Le point.
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Ne pas chauffer une pièce inoccupée, privilégier la douche pour le bain, éteindre la veilleuse de la télévision… Tous ces petits gestes du quotidien permettent d’économiser de l’énergie, une ressource précieuse épuisable. Près des trois-quarts des logements en copropriété ont été construits après 1949, et la plupart l’ont été alors qu’il n’existait aucune réglementation énergétique. Par conséquent, les équipements énergétiques sont souvent inefficaces et l’isolation thermique inexistante. En France, nous utilisons plusieurs sources d’énergies : hydraulique, charbon, fioul, énergie éolienne, nucléaire, solaire, biogaz… Etat des lieux.
Les différentes énergies
• Le bois.
Économique, cette énergie renouvelable est concernée par une technologie de plus en plus efficace et séduit de plus en plus de ménages ; son prix augmente moins vite que celui des autres énergies. Le bois peut être utilisé directement en bois de chauffage, via des poêles à granulés, ou dans une chaudière bois. Pour limiter la pollution intérieure et extérieure, il est recommandé d’utiliser du bois de qualité (exemple : les certifications NF Bois de chauffage, NF Granulés biocombustibles, NF Granulés biocombustibles - Agro haute performance).
- Les bûches.- L’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) recommande d’acheter le bois au volume plutôt qu’au poids, «car le bois humide, non content de chauffer moins bien que le bois sec, est aussi beaucoup plus lourd». Un bois humide fournit environ deux fois moins d’énergie qu’un bois sec et est donc bien moins économique. De plus, le bois humide est bien plus polluant que le bois sec. Le meilleur taux d’humidité selon l’ADEME ? Moins de 20 %. Il ne faut pas hésiter à demander le taux d’humidité du bois, voire à le constater à l’aide d’un humidimètre. Le prix du bois en bûches est de l’ordre de 109 euros par stère. Le bois en bûches est moins attractif que les granulés de bois, car il nécessite stockage, ramonage, nettoyage.
- Les pellets.- Ces granulés de bois, sous forme de petits cylindres, conviennent à toutes les habitations. Très denses, ils bénéficient d’un pouvoir calorifique d’au moins 4600 kWh par tonne pour une humidité inférieure à 10 % et permet des rendements élevés. Ces pellets étaient, jusqu’en 2014, compétitifs face au gaz naturel. Depuis 2014 et la hausse de la TVA (passée de 7 à 10 %), il faut compter environ 4,26 euros (TTC) le sac de granulés de bois de 15 kilos.Les plaquettes forestières.- Issu de bois déchiqueté par broyage de branches, les plaquettes forestières ont une valeur énergétique qui varie de 2700 à 3600 kWh par tonne. Elles nécessitent un soin particulier : elles doivent être stockées dans un local étanche à l’eau et ventilé. Elles sont utilisées pour les poêles et les chaudières. Il faut compter 75 euros la tonne, environ.
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• L’électricité.
C’est l’une des solutions les moins coûteuses à l’installation (compter entre 50 et 500 euros pour un convecteur électrique de 1000 watts), mais l’énergie la plus onéreuse. Si elle est dotée d’avantages (elle nécessite peu d’entretien et aucun stock de matière n’est à prévoir), elle connaît de nombreux inconvénients : pollution, assèchement de l’air, dépendance du réseau électrique, coût. En France, 8 millions de foyers, soit plus de 30 % des logements, sont équipés de chauffage électrique.
• Le fioul.
C’est une énergie extrêmement polluante (300 g de CO2/kWh contre 230 g pour le gaz naturel) soumise, en revanche, aux variations du pétrole, ce qui peut rendre son coût intéressant. Disponible partout en France, le fioul nécessite une citerne de stockage. Depuis le 1er janvier 2016 et la nouvelle TICPE (Taxe intérieure sur les produits énergétiques), le prix du fioul domestique et de 23,88 euros les 1 000 litres.
• La géothermie.
Elle permet de produire du froid, du chaud et de l’électricité. C’est incontestablement le mode de chauffage le plus abouti au niveau technologique. Cependant, cette énergie reste chère à l’achat et son amortissement est plutôt long.
• Le gaz.
Si son coût d’installation est assez élevé et a tendance à augmenter, le gaz naturel (anciennement appelé “gaz de ville”) reste une énergie économique, qui bénéficie d’ailleurs des nouvelles technologies (pompes
à chaleur à gaz, chaudières hybrides…). Quant au gaz propane, il est moins attractif car il nécessite un lieu de stockage et son installation peut être onéreuse.
• Le solaire.
Peu polluante, économique, renouvelable, fiable : l’énergie solaire, alternative aux énergies fossiles polluantes, est à recommander. Les seuls bémols actuels concernent les démarches administratives longues et la production irrégulière dépendant du temps.
Le chauffage
De plus en plus privilégié par les copropriétés pour éviter notamment d’encombrer les logements de chaudières et autres ballons d’eau chaude, le chauffage collectif peut se décliner de plusieurs façons.
• Les chaudières collectives.
A bois (à granulés, à plaquettes ou à alimentation automatique), au fioul ou au gaz naturel, les chaudières nécessitent une zone de stockage plus ou moins importante. On les retrouve aujourd’hui plutôt dans les chaufferies collectives.
• Les chaufferies urbaines.
Le chauffage urbain centralise la production de chaleur grâce à une grande chaufferie desservant ainsi plusieurs quartiers. Cela existe dans des grandes villes comme Paris et Lyon et tend à se développer dans des villes moyennes. Elles peuvent comporter plusieurs chaudières (idéal en cas d’incident sur l’une d’entre elles), fonctionnent au fioul, gaz naturel ou au bois, et permettent des économies de combustible.
• Les pompes à chaleur (PAC).
Moins utilisées que les chaudières, les PAC puisent l’énergie dans l’air (on parle alors de PAC aérothermique) ou dans l’eau (d’une nappe phréatique ou du sol). Dans ce dernier cas, on parlera de PAC géothermique. Une fois cette énergie prélevée, la PAC augmente son niveau de température et restitue une chaleur à une température plus élevée dans le logement. Ils existent plusieurs PAC différentes (à détente directe, mixtes ou à fluides intermédiaires). Quelle que soit la température extérieure, les PAC géothermiques sont très performantes. Des capteurs sont enterrés à une profondeur telle que la température y soit plus ou moins constante, à l’horizontal ou à la verticale (les premiers étant moins coûteux mais nécessitent une surface de terrain suffisante). Les performances des PAC aérothermiques, quant à elles, varient beaucoup plus largement que celles des PAC géothermiques, la température de l’air extérieur variant beaucoup au cours d’une année.
L'eau chaude sanitaire (ECS)
Elle peut être couplée, ou non, au chauffage. Selon les points “énergie-info” (Ademe), elle représentait, en 2012, dans le résidentiel, 12,1 % de la consommation d’énergie moyenne, contre 61,3 % pour le chauffage. Beaucoup de logements produisent eux-mêmes leur eau chaude, par l’électricité (essentiellement pour les résidences principales et les maisons individuelles), gaz (surtout en habitat collectif) et fioul (mais dans une moindre mesure). Les chauffe-eau électriques à accumulation (cumulus) sont les plus répandus en France mais conduisent à des pertes d’énergie plus importantes qu’une production instantanée (le rendement est de l’ordre de 70 % en énergie finale, soit 28 % en énergie primaire, affirme l’ADEME). Les PAC peuvent produire de l’eau chaude sanitaire, avec une PAC double service ou un chauffe-eau thermodynamique (CET). Ce dernier peut être géothermique, aérothermique (sur air ambiant, air extrait ou air extérieur) ou héliothermiques (énergie solaire).
Outre les traditionnels ballons et échangeurs instantanés, les copropriétés s’orientent bien volontiers vers la production solaire, laquelle fournit en général 70 % des besoins, une chaudière ou une résistance électrique dans le ballon assurant généralement les besoins restants. Les chauffe-eau solaires, constitués de capteurs solaires posés sur le toit de l’habitation, sont généralement robustes et fiables.
Les travaux d'économie d'énergie
La réalisation d’un diagnostic énergétique est désormais obligatoire. Avant le 31 décembre 2016, les copropriétés à usage principal d’habitation, si elles disposent d’une installation de chauffage et/ou de climatisation collectifs, sont concernées. Celles comprenant 50 lots et plus, dont le permis de construire a été déposé avant le 1er janvier 2001 doivent réaliser un audit énergétique ; les autres, un DPE collectif (diagnostic de performance énergétique).
Les copropriétés de plusieurs immeubles (et de 50 lots ou plus) sont également soumises à l’obligation de réaliser un audit énergétique, même si ces immeubles n’ont pas le chauffage collectif, et si les immeubles en chauffage collectif représentent moins de 50 lots (dans ce cas, l’obligation de réaliser l’audit ne concernera que les immeubles chauffés collectivement).
Après ces deux procédures (audit énergétique et DPE), la copropriété peut décider de procéder à des travaux d’économie d’énergie. Le syndic, après avoir mis en concurrence plusieurs entreprises, présentera l’ampleur des travaux (sur les parties communes et privatives) et les devis en assemblée générale. Les copropriétaires pourront alors décider de conclure un contrat de performance énergétique ou un plan de travaux d’économies d’énergie. Ces travaux sont votés à la majorité absolue de tous les copropriétaires (ou à la majorité simple si la majorité absolue n’est pas atteinte, lors d’un second vote selon l’article 25-1 de la loi de 1965).
L'individualisation des frais de chauffage et d'eau chaude sanitaire
Elle consiste à payer une facture énergétique correspondant réellement à sa consommation. Les économies d’énergie réalisées peuvent aller jusqu’à plus de 10 %. Depuis 1974, cette indivisualisation est obligatoire dans certains cas mais rarement appliquée (seulement dans 10 % des logements concernés, précise l’ADEME). La loi ne prévoyant pas de sanction, le nombre de compteurs individuels restait faible. Le décret n° 2012-545 du 23 avril 2012 relatif à la répartition des frais de chauffage dans les immeubles collectifs est venu préciser les obligations. Des appareils de mesure (répartiteurs électroniques placés sur chaque radiateur ou compteurs d’énergie thermique situés à l’entrée du logement) sont nécessaires pour comptabiliser les consommations réelles, et devront être installés avant le 31 mars 2017. L’ensemble des bâtiments à usage principal d’habitation chauffés collectivement (dont la date de dépôt de permis de construire est antérieure au 1er juin 2001) est concerné par l’individualisation des frais de chauffage. L’obligation de cette individualisation existe lorsque certains seuils sont dépassés (190 kWh/m2 SHAB/an - SHAB : surface habitable - pour les immeubles collectifs dont moins de 20 % des émetteurs de chaleur sont équipés de robinets thermostatiques ; 150 kWh/m2 SHAB/an pour les autres). L’ADEME précise la démarche à adopter pour individualiser ces frais de chauffage : faire une moyenne de la consommation de chauffage du bâtiment sur trois ans, ôter la part d’énergie utilisée pour la production d’eau chaude sanitaire, calculer la part du chauffage et comparer le résultat à un seuil (précité). Si la consommation est supérieure au seuil, l’installation est obligatoire.
Les compteurs communicants d'énergie
Ils servent à produire des factures sur la consommation réelle, prévenir les microcoupures, repérer les éventuels gaspillages. Ils transmettent quotidiennement la consommation globale de la journée passée aux gestionnaires de réseaux via un courant porteur en ligne (comme le compteur Linky, pour l’électricité, installé par ERDF) ou par onde radio (comme le compteur Gazpar installé par GRDF). La directive européenne 2009/72/CE du 13 juillet 2009 prescrit que, d’ici 2021, les compteurs électriques français soient communicants, et que, d’ici 2022, ceux pour le gaz le soient également. La Finlande, l’Italie et la Suède ont déjà installé les compteurs communicants d’énergie sur tout leur territoire. En France, «le déploiement de 46 millions de compteurs communicants a commencé» annonce l’ADEME. L’année 2016 est l’année pilote du déploiement des 150 000 premiers compteurs communicants gaz dans 24 communes.
Vers un marché libre et concurrentiel ?
La loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité), votée en 2010, qui entend libéraliser le marché énergétique dominé par EDF et Engie (ex-GDFSuez), supprime les tarifs réglementés de vente pour les professionnels ayant des consommations moyennes et importantes d’électricité (tarifs jaunes et verts, depuis le 1er janvier 2016) mais les maintient pour les petits consommateurs (tarif bleu) et permet désormais aux fournisseurs alternatifs de proposer des tarifs compétitifs. Ainsi, tous les clients non-domestiques dont la puissance souscrite est supérieure à 36 kVA ont pu quitter, depuis le 31 décembre 2015, les tarifs réglementés pour une offre de marché.
Pour aller plus loin :
www.energie-info.fr
www.ademe.fr