[N° 588] - Surélévation des immeubles : élevons-nous ! - Quand surélévation se conjugue avec qualité architecturale

par Guillaume HECHT
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Quand surélévation se conjugue avec qualité architecturale

Si notre dernier cas d’étude ne traite pas d’un immeuble en copropriété, il a valeur d’exemple en ce qui concerne la facilité de mise en œuvre, et la qualité de la requalification architecturale qui peut en découler. Il s’agit d’une maison de ville en R+2 [2 étages - ndlr] datant des années 50, située dans le 16ème arrondissement de Paris. Le projet a consisté à surélever de deux niveaux. Le parti pris technique des architectes Hardel & Lebihan a été le bois. «Afin d’alléger le volume massif de la surélévation, nous avons utilisé une structure en bois et un bardage en caillebotis d’aluminium de différentes densités. Cette seconde peau ajourée unifie et distingue l’ajout. Elle intègre toutes les fonctions de l’enveloppe (bardage, volets, garde-corps) limitant ainsi l’addition d’autant d’éléments sur un existant de style rationaliste.»
La mise en œuvre comprend cinq phases :
- dépose de la couverture et de la charpente existante (inutile dans le cas de toiture terrasse) ;
- préparation du support (chaînage, reprise de structure en sur-œuvre) ;
- montage de la surélévation bois : plancher et assemblage des murs panneaux (isolations, structure et parement) ;
- la pose des menuiseries (portes et fenêtres) achève le hors d’eau et le hors d’air ;
- installation du second œuvre (électricité, plomberie, revêtements...).
Cette opération a permis de créer 80 m2 SHON [Désormais, surface de plancher - ndlr] et des terrasses pour un coût global de 340 k€ (travaux, architectes, BET compris), soit un coût de 4.250 €/m2 créé. La plus-value patrimoniale sera d’autant plus importante en cas de revente que l’immeuble a, dorénavant, une réelle signature, énergétique, écologique, et esthétique.
Sur le plan constructif, la technique retenue a été une ossature bois avec un bardage en zinc rapporté. La préfabrication des éléments de charpente et des panneaux en bois (verticaux et planchers) permet une mise en place rapide et un levage à l’aide d’une simple grue. La construction s’appuie directement sur un mur pignon, ce qui nécessite une attention particulière à l’étanchéité au droit de la nouvelle terrasse.
En conclusion, les craintes techniques liées aux travaux de surélévation du bâtiment sont infondées, à condition bien entendu de ne pas construire une piscine sur les toits ! La surélévation semble décidément présenter tous les avantages ; elle permet de densifier la ville tout en la re-dessinant. Elle met à portée les objectifs énergétiques de Grenelle, le tout parfois, en générant des bénéfices pour les copropriétés ! Alors, élevons-nous…

 

 

 

 

 Une surélévation en bois rue Daumier,
dans le XVIème. Architectes : Hardel & Lebihan Crédit : ©DR

 

Guillaume HECHT, architecte