[N° 597] - Fibrage des immeubles en copropriété : Quelles utilisations ? Quelles solutions ?

par Julie HAINAUT
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Plus fiable, moins coûteuse et plus robuste que son prédécesseur le cuivre, la fibre optique conjugue les avantages. Le point sur les usages, à plus ou moins long terme, de cette bande passante qui rend l’immeuble bien plus intelligent.

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Le partage multimédia, qualité et rapidité

C’est l’utilisation la plus courante et la plus connue de la fibre. Téléchargement de films en quelques minutes, envoi de fichiers volumineux en quelques secondes, télévision haute définition et en 3D, utilisation de plusieurs écrans – consoles de jeux, ordinateurs, télévisions, tablettes – en même temps et sans ralentissement… Jusqu’à 20 fois plus rapides que les débits de l’ADSL (l’Asymmetric Digital Subscriber Line), ceux de la fibre atteignent aujourd’hui jusqu’à 200 Mbps (mégabits par seconde). La fibre révolutionne les usages multimédias du foyer et développe de nouveaux loisirs interactifs. En effet, avec une latence plus faible et un débit ascendant élevé, des joueurs en ligne utilisant le FTTH (Fiber to the Home) auront un temps d’avance sur leur adversaire utilisant le VDSL (Very high bit-rate DSL). Selon un rapport du FttH Council Europe, «la télévision de demain ne réalisera son plein potentiel que lorsqu’elle sera connectée à la fibre optique».


La vidéoprotection, garant de sécurité

Longtemps critiquée, la vidéoprotection est devenue en quelques années un sujet sur lequel tous – ou presque – s’entendent : elle est utile pour des raisons de sécurité. Seule la fibre, grâce à sa bande passante, permet de véhiculer des images de qualité sur de longues distances.
Si la mise en place de caméras dans des immeubles d’habitation est très réglementée [voir le dossier Vidéoprotection des parties communes du n°592, p. 8], celle réalisée chez soi n’est pas soumise aux dispositions de la loi Informatique et Libertés ni à celles du Code de la sécurité intérieure ; de même, le particulier n’a pas à demander une autorisation à la préfecture ni à la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés). Cependant, des précautions sont à prendre. En effet, la caméra installée ne doit filmer que l’intérieur (son appartement, son jardin, son garage privé) et en aucun cas la voie publique. De plus, le particulier ayant installé une caméra devra prévenir ses employés de la présence de l’appareil et de son but.
D’autres installations, gage de sécurité, peuvent compléter l’installation par caméra : les systèmes d’alarmes et les détecteurs de mouvement – un texto prévient de la moindre agitation.


Le contrôle de l’équipement à distance, confort garanti

Arroser son jardin depuis son canapé, visualiser sa consommation d’électricité, de gaz et d’eau en vacances, ouvrir les volets depuis son smartphone, éteindre une lumière ou baisser le chauffage depuis sa tablette, être prévenu d’une fuite d’eau ou d’une fumée suspecte par SMS… Les usages inédits de la domotique – qui nécessite un solide réseau de fibre optique – sont divers et variés et ne cessent de croître. Le but ? Eviter les tâches répétitives du quotidien et contrôler, lors d’une absence, qu’une lumière n’a pas été oubliée ou même allumer la télévision pour dissuader d’éventuels voleurs. Longtemps considérée comme complexe ou trop coûteuse, la domotique est aujourd’hui à la portée de tous, grâce notamment aux tablettes tactiles. De nombreux constructeurs, comme Legrand, Zodianet ou encore Myxyty, proposent des solutions domotiques destinées au grand public, à coûts variables – de 1 200 à 35 000 € – accessibles via une application simple d’utilisation.

 


Les services à la personne et à la santé, l’avenir

Vieillissement de la population – selon l’INSEE, le nombre de centenaires, en France, augmentera de 2 000 par an entre 2010 et 2046 puis de 8 000 par an –, accroissement du nombre de patients souffrant de maladies chroniques et de poly-pathologies, inégale répartition des médecins sur le territoire… Ces évolutions incitent les gouvernements à créer un équilibre entre les dépenses croissantes de santé et la nécessité de réduire les déficits budgétaires et donc, selon le FttH Council Europe, «à s’éloigner d’un système de soins centré sur l’hospitalisation pour favoriser les soins au domicile des patients».

En France, la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires) du 21 juillet 2009 et le décret du 19 octobre 2010 ont conféré une véritable assise juridique à la télémédecine permettant d’impulser son déploiement sur l’ensemble du territoire. «Pratique médicale à distance mobilisant des technologies de l’information et de la communication», la télémédecine englobe cinq actes : la téléconsultation, la télé expertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale et la régulation médicale. L’idée ? Permettre au patient de se faire consulter, prise de tension artérielle, rythme cardiaque…, par son médecin traitant depuis chez lui. Mais également de suivre des séances de rééducation physique, les capteurs d’image pouvant alors détecter tout mouvement incorrect.

Selon les experts de Xerfi-Precepta, «le marché de l’e-santé – télémédecine, télésanté et systèmes d’information de santé – devrait progresser de 4 à 7 % en moyenne par an, et plus particulièrement sur le segment de la télémédecine qui devrait enregistrer la plus forte croissance».
Selon FttH Council Europe, Link Care Services – qui fournit notamment une surveillance vidéo à distance aux patients souffrant d’Alzheimer – a été confronté à des problèmes avec des patients utilisant des lignes DSL (Digital Subscriber Line). Si les systèmes de visioconférence et autres moyens mis en œuvre ne nécessitent pas d’équipements complexes (une simple télévision suffit), il est primordial d’avoir du débit pour des connexions vidéo bidirectionnelles en haute définition ou des liaisons de données que seule la fibre, insensible à la foudre et aux interférences électriques, est capable de fournir.

Pour le FttH Council Europe, ces services ne sont viables que si 20 % au moins de la population «a accès à l’infrastructure FTTH qui transforme les plateformes d’échanges telle que les visioconférences de haute définition en une réalité abordable et sécurisée».


Le travail à domicile, gain de temps et d’argent

Grâce aux débits de la fibre, travailler à domicile dans les mêmes conditions – notamment via la visioconférence – que depuis son bureau est désormais possible. Outre les avantages indéniables de confort, ce choix permet à la fois de gagner du temps, de l’argent et de préserver l’environnement par la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Selon le FttH Council Europe, «si tout le monde travaillait à la maison ne serait-ce qu’un jour par semaine, la congestion du matin sur les routes et dans les transports collectifs diminuerait de presque 20 %».

Avantages pour le salarié, mais également pour l’employeur qui, ayant besoin de moins d’espace de travail et de réunion, économisera de l’argent. Et gagnera en productivité. Selon une enquête de l’agence parisienne Network Solutions, «il existe une corrélation entre l’utilisation de services par internet et la compétitivité commerciale» pour les petites entreprises. Même son de cloche du côté d’une enquête de l’américain Michael Render, analyste d’études de marché chez RVA Associates, laquelle précise que «le travail à domicile rendu possible grâce au FTTH a généré 42 milliards de dollars de revenus en 2010».
Cette petite révolution atteint aussi les étudiants ou les personnes désirant se former en ligne. Pour cela, les réseaux doivent être robustes, sécurisés, fiables et dotés d’un débit immense à la fois ascendant et descendant, ce que seule la fibre propose à ce jour.


La domotique, gage de confort et de sécurité

Grâce à la fibre optique, la domotique – ensemble des technologies de l’électronique, de l’informatique et des communications visant à apporter des solutions techniques pour répondre aux besoins de demain – se développe à vitesse grand V. En plus d’être économique, elle assure plus de sécurité et de confort au quotidien.
Quelques box domotiques :
- Hager. www.hager.fr/particuliers/solutions-hager/domotique-maison/563.htm
- Legrand. www.legrand.fr/particuliers/la-domotique
- Zodianet. www.zodianet.com/
- Eedomus. www.eedomus.com/fr/
- Home Wizard. www.homewizard.fr/


La France en retard ?

D’ici 2015, la Chine comptera 100 millions d’abonnés à la fibre optique. Au 30 septembre 2013, la France en comptait 24,6 millions – 1,8 million d’abonnements à très haut débit (en hausse de 24 % par an)  et 22,8 millions d’abonnements à haut débit (en hausse de 2,9 % par an). Si la France n’est pas la dernière du classement (elle est 17ème au niveau européen et 26ème au rang mondial), elle est néanmoins loin de détrôner les pays scandinaves, Lituanie, Norvège et Suède en tête, qui comptent en Europe, le plus d’abonnés à la fibre.
Le 4 décembre 2013, Jean-Ludovic Silicani, président de l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), a précisé qu’il était nécessaire que «les territoires bénéficient le plus rapidement possible du très haut débit fixe et mobile et que ceux qui ne pourront pas y accéder à un horizon raisonnable puissent bénéficier d’un haut débit de qualité dans l’intervalle». D’ailleurs, toujours selon l’ARCEP, le nombre d’abonnement FttH a augmenté de plus de 72 % en un an. Le nombre de logements éligibles progresse également : 2,7 millions de logements éligibles au FttH soit 40 % de croissance sur un an et environ 9,1 millions éligibles au très haut débit.


Google mise sur la domotique

Le géant du web a racheté, depuis fin 2013, pas moins de neuf entreprises spécialisées dans la robotique. Parmi elles, Schaft Inc., créatrice de «robots sauveurs de vie», Meka Robotics, inventrice d’androïds pouvant travailler et vivre avec l’Homme et DeepMind spécialisée dans l’intelligence artificielle. Si Google s’était heurté à deux échecs lorsqu’il s’était lancé dans les services énergétiques – en 2009 avec le logiciel de consommation énergétique PowerMeter et en 2011 avec Android@Home permettant de faire interagir les objets connectés de la maison –, le géant ne prend pas de risque en s’offrant pour 3,2 milliards Nest Labs, l’une des start-ups les plus prometteuses de la Silicon Valley, créée en 2011. On lui doit notamment la création d’un thermostat intelligent et d’un détecteur de fumée et de monoxyde de carbone connecté, véritables succès commerciaux.


Immeubles de moins de 12 logements

Le 27 janvier 2014, l’ARCEP a adopté une décision et une recommandation parachevant le cadre réglementaire relatif au déploiement des réseaux FttH sur l’ensemble du territoire. Celles-ci renforcent «la mutualisation des réseaux FttH par la réduction du périmètre des zones très denses, moins mutualisées, et la définition de solutions adaptées pour l’équipement des immeubles de moins de 12 logements ou locaux à usage professionnel, dans ces zones». Le nombre de communes des zones très denses passe ainsi de 148 (environ 6 millions de logements) à 106 (environ 5,5 millions de logements), soit moins de 17 % du nombre total de logements sur le plan national. L’idée étant de permettre une couverture de tous les types d’immeubles, quelles que soient leur taille ou la zone considérée.

www.arcep.fr