Alors que les façades représentent plus de 40 % des déperditions thermiques des bâtiments, l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) reste plus que jamais la solution la plus adaptée aux bâtiments gérés en copropriété. Le point sur les matériaux et les solutions disponibles en la matière.
©DR
Intégrant toujours plus d’originalité, de décors et de couleurs, les différents systèmes d’isolation thermique par l’extérieur (enduits, bardages, vêtures, etc.) permettent aujourd’hui de mettre en œuvre une large palette de revêtements et de finitions. Et les possibilités architecturales sont d’autant plus nombreuses qu’il est devenu facile de composer avec différents systèmes. De nombreux éléments décoratifs supplémentaires de type modénature légère peuvent ainsi être intégrés à l’isolant par l’extérieur pour recréer ou créer corniches, bandeaux ou moulures. En mixant les matières et en jouant sur les analogies ou les oppositions, il est également possible de donner du rythme et du relief au bâti.
Appliqués sur une partie importante de la façade, les enduits sur isolant collé, plus minces et moins chers, constituent une surface de base approprié. Rien n’empêche ensuite d’utiliser des matériaux de bardage, déporté vers l’avant de manière à créer des saillies. Il est également possible d’utiliser le rythme des découpes dans le cas de plaques. Les parties singulières comme les encadrements de portes ou de fenêtres peuvent également être traitées de manière spécifique. Et rien n’interdit non plus de créer des reliefs grâce à des éléments ajoutés comme des porches. Bref, en la matière, les seules limites sont le coût des solutions… et les problématiques d’emprise.
Les avantages de l’ITE en 10 points
• Résistance à la fissuration quatre fois supérieure à celle des ravalements classiques ;
• Résistance aux chocs et aux impacts dix fois supérieure à celle des systèmes minéraux ;
• Protection du gros oeuvre contre les grands froids l’hiver et les grosses chaleurs l’été ;
• Economie d’énergie pouvant aller jusqu’à 60% ;
• Application possible sur tous supports, neufs ou anciens ;
• Arrêt ou forte limitation de la condensation sur les murs ;
• Etanchéité aux précipitations ;
• Résistance accrue aux micro-organismes, algues et moisissures ;
• Confort et hygiène accrus ;
• Grandes possibilités de personnalisation en terme esthétique.
Selon que le support, l’isolant et le revêtement de finition sont solidaires ou non, les procédés d’isolation thermique par l’extérieur sont classés en deux grandes familles. D’un côté, la filière humide avec les enduits sur isolants minces ou hydrauliques. De l’autre la filière sèche qui comprend les systèmes de bardage, vêture et vêtage ainsi que les contre murs en briques.
Utilisés sur tous types d’habitat, les enduits minces sur isolants sont les plus répandus, puisqu’ils représentent environ 50 % des surfaces couvertes, contre 25 % pour les bardages rapportés et 10 % pour les vêtures, utilisés majoritairement en habitat collectif. Les enduits hydrauliques, les contre mur en brique et les façades semi rideau se partagent les 15 % restants.
Deux types de fixation de l’isolant peuvent être mis en œuvre pour les systèmes avec enduits. Les panneaux isolants peuvent ainsi être simplement collés en plein à la taloche (très grande résistance au déboutonnage), par plots ou par boudins. Ils doivent être disposés sur la façade en respectant bien la coupe de la pierre et la pose en harpage dans les angles (sortant et entrant).
Autre mode de fixation : le calé-chevillé. Présentant l’avantage de maintenir efficacement les panneaux isolants à la paroi, cette fixation est plus que recommandée en rénovation. Les panneaux ou bandes de laine de roche ne peuvent d’ailleurs être mis en œuvre que dans cette configuration.
1 Les systèmes avec enduit mince sont composés d’un isolant fixé sur l’extérieur de la paroi, d’un tissu de fibre de verre et d’un enduit de finition spécifique.
2 Les systèmes avec enduit hydraulique sont eux plus épais, de l’ordre de 1,5 à 2 cm. L’enduit mince est alors remplacé par un enduit hydraulique (mortier) généralement projeté sur un treillis métallique ou de verre. Ce traitement permet une meilleure tenue aux chocs dans les endroits exposés et un entretien plus aisé en zone urbaine.
3 & 4 Les systèmes de bardage sont constitués d’une paroi extérieure accrochée mécaniquement à la paroi support. Ce revêtement rapporté est fixé sur une ossature, entre lequel est fixé un produit isolant. Une lame d’air continue et ventilée sur l’extérieur doit toujours être réservée entre la paroi extérieure et l’isolant. Selon la zone et la région d’installation du système d’ITE, le mode de fixation mécanique sur rails est privilégié pour sa résistance aux éléments extérieurs comme le vent. La fixation des profilés de maintien s’effectue tous les 30 cm maximum à l’aide de chevilles clous. Les panneaux isolants rainurés sont ensuite encastrés dans les profilés, tout en respectant la coupe de la pierre.
5 Les vêtures. De leur côté, les vêtures sont des produits manufacturés déjà prémontés en usine, à la différence des bardages. Elles sont composées d’une laque de parement et d’un isolant, associés le plus souvent par collage. Autre différence notable par rapport au bardage rapporté : elles ne comportent pas de lame d’air entre le bardage et l’isolant, ce qui permet d’éviter de lourds travaux de préparation dans le cas d’un support ancien non isolé. Par ailleurs, leur pose est aisée puisqu’elle ne nécessite qu’une seule opération, les panneaux s’emboîtant les uns aux autres et se fixant mécaniquement. Cette solution nécessite toutefois un important travail de préparation en amont. Un calepinage précis doit ainsi avoir été effectué au préalable. L’objectif est de prendre en compte toutes les ouvertures et les points singuliers de l’ouvrage, de façon à réaliser des pièces sur mesures en ateliers pour intégrer les spécificités du chantier. Les possibilités techniques en la matière sont aujourd’hui impressionnantes.
6 Les vêtages, à ne pas confondre avec les vêtures, sont des éléments d’habillage sans isolant intégré, qui se fixent mécaniquement à la structure porteuse. Aucune ossature intermédiaire n’est alors utilisée comme c’est le cas pour un bardage.
Le choix d’une solution pour rénover l’isolation existante d’un immeuble implique de réaliser au préalable un diagnostic technique approfondi. Différents points doivent ainsi être pris en compte. Il convient tout d’abord d’identifier les points singuliers de l’enveloppe, tels que les débords de toiture, les départs de sol, ou bien encore les appuis de fenêtre qui devront être traités séparément. Il en est de même pour les éléments de fixation en façade (paraboles, volets ou gouttières par exemple), dont l’entrepreneur devra assurer le démontage, puis le remontage, une fois l’isolation en place.
Autre point à étudier : la configuration des façades. Il s’agit ici de déterminer les risques de chocs, ceux liés à la présence de végétation ou à l’orientation par rapport au soleil. Sans compter les éventuels problèmes liés à la mitoyenneté qui pourraient se poser avec la surépaisseur causée par l’isolant.
La connaissance des propriétés mécaniques de la façade est également primordiale. Après en avoir évalué sa planéité, l’entrepreneur devra s’assurer de la résistance de la façade, via des carottages ou des prélèvements indispensables pour s’assurer de la cohésion du support et, dans le cas d’un enduit sur isolant, d’adapter le type de colle à la nature de celui-ci. Dans le cas d’un isolant fixé mécaniquement, des essais d’arrachement de fixation seront nécessaires pour déterminer le type de fixation à employer et la charge admissible pour le support.
Toujours dans l’optique d’assurer la longévité de la solution mise en œuvre, le professionnel devra tout particulièrement s’assurer de l’absence de traces d’humidité potentielles aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Outre les causes externes (remontées d’humidité par capillarité, infiltrations par la toiture ou dégâts des eaux), les problèmes d’humidité dépendent de la composition du mur et, en particulier, de la nature du revêtement extérieur. Un problème de perméance risquera ainsi d’entraîner des risques de condensation importants, a fortiori, si un système de ventilation performant n’a pas été pas posé au préalable.
Au fil du temps, les industriels de l’isolation parviennent à mettre au point des produits de plus en plus performants. Parmi eux, Sigma Coatings, commercialise notamment un monoproduit en poudre à base de ciment, trois en un. Il peut, en effet, être utilisé pour la couche de base, le calage ou le collage, tout en répondant aux exigences thermiques énoncées par la RT 2012. Baptisé Sigma Isol Poudre, il est destiné aux traitements des façades en maçonneries, en pierre enduites ou autres, et convient particulièrement à la rénovation des bâtiments collectifs.
Sigma Isol Poudre permet ainsi de réaliser la couche de base armée, résistante à la fissuration, au calage des masses isolantes sur supports anciens, ou encore au collage des masses isolantes sur les supports bruts ou neufs. Associé à la mise en œuvre de bandes de laine de roche entre les étages (fixées en calé-chevillé), il assure en outre un bon comportement au feu et la suppression des ponts thermiques de structures.
Fabriqué à partir de sable ou de verre recyclé, le verre cellulaire offre de bonnes performances thermiques, avec un coefficient de conductivité thermique compris entre 0,038 et 0,055 W/m.K Assez léger, avec une masse volumique comprise entre 120 et 175 kg/m³, son inertie thermique s’avère par ailleurs supérieure à celle de la laine de roche ou de verre.
Ce matériau comporte de nombreuses qualités. Incombustible, incompressible, étanche à l’eau et à l’humidité, il résiste à la quasi totalité des acides et ne présente aucun intérêt pour les rongeurs ou les insectes. Facile à travailler, il est par ailleurs totalement incombustible, se contentant de ramollir au-delà de 730°C. Pas étonnant, dès lors, que, nombre de maîtres d’œuvre le choisissent pour sa longévité et sa stabilité, puisqu’il est l’un des rares isolants dont les caractéristiques, à commencer par son pouvoir isolant, sont garanties pendant 30 ans.
Il présente néanmoins quelques inconvénients. A commencer par son coût assez élevé de 35 à 50 €/m² environ selon son épaisseur. Qui plus est, son bilan en énergie grise, c’est à dire l’énergie nécessaire à sa fabrication n’est pas très bon (1600 kWh/m³). Sa bonne capacité à être recyclé et le fait qu’il soit lui-même issu du recyclage, notamment des verres de pare-brise, compense cette faiblesse.
Dans le cadre d’une isolation de façade par l’extérieur, le verre cellulaire se présente sous forme de plaques et de panneaux rigides qui vont protéger l’habitation des ponts thermiques, des intempéries et des incendies. La méthode de collage garantit l’étanchéité de l’ensemble, sous réserve que la surface porteuse ne soit pas trop irrégulière, sous peine de dégrader l’adhérence. Cette couche isolante peut ensuite être recouverte d’un parement en pierres naturelles, des clins de bois, métal, fibrociment, briques, grès calcaire ou bien du béton. Mais, du fait de l’étanchéité totale des panneaux, une très bonne ventilation doit impérativement être mise en œuvre à l’intérieur des appartements.
ITE : des coûts très variables…
Le coût d’une isolation thermique par l’extérieur varie fortement selon la technique et le revêtement choisis. Il est, la plupart du temps compris entre 70 et 150 € HT/m². Pour la technique de l’enduit sur isolant, qui représente deux tiers des chantiers, les prix varient entre 70 à 80 € HT/m² pour une grande copropriété. Le coût d’un bardage varie, lui, entre 100 et 400 € HT/m², en fonction de la nature du matériau. Enfin, le coût d’une vêture (bardage sur isolant préfabriqué) se situe plutôt autour de 80 à 150 € HT/m², même si, pour des revêtements très qualifiés, il peut atteindre 350 € HT/m².
De manière générale, l’état initial de la façade pourra également augmenter les coûts si la préparation du support s’avère complexe. Idem, si le nombre de points singuliers à traiter (corniches, acrotères…) est élevé. Enfin, une mauvaise facilité d’accès aux façades fera, là-encore, grimper les prix.
…et des gains énergétiques
Les consommations énergétiques présentées n’ont pas été réellement observées, mais correspondent à des consommations conventionnelles calculées à l’aide d’un logiciel réglementaire ad hoc.
Par ailleurs, les calculs de temps de retour sur investissement ont été effectués en prenant pour hypothèse que les prix de l’énergie n’évoluaient pas au cours du temps. Dans la réalité, ces prix sont susceptibles d’augmenter de manière significative ce qui conduirait mathématiquement à une diminution des temps de retour sur investissement.