L’un des meilleurs professeurs de cette matière difficile à cerner
C’est avec une certaine émotion que je m’adresse à vous, aujourd’hui. Me demander d’intervenir pour retracer les relations des syndics, des experts judiciaires, spécialistes en copropriété avec monsieur Capoulade revêt un caractère exceptionnel, et «révolutionnaire». Nous avons eu le plaisir de fêter ensemble notre passion commune pour la copropriété, lors du quarantenaire de la loi du 10 juillet 1965, au congrès de la CNEC (Chambre nationale des experts en copropriété), en 2005 ; il y a déjà 7 années. Cette réunion a été pour moi, comme pour nous tous, une réunion extraordinaire, avec la présence du Garde des Sceaux de l’époque monsieur Jean Foyer, ainsi que celle du rédacteur de cette loi et son décret, monsieur Pierre Capoulade, lui-même.
Extraordinaire, tout d’abord, parce que nous avons vécu plus de quarante années avec un statut propre à la copropriété, qui a été copié et reproduit dans d’autres droits, qui a su s’adapter à l’évolution de nos habitudes. Pas toujours à la bonne vitesse selon les syndics. Peut être trop rapidement pour d’autres. Mais ce statut va être (ou il est déjà) le moteur de notre futur développement, de notre volonté de donner plus de services à nos copropriétaires, même s’ils ne sont juridiquement pas nos clients mais aussi et surtout de renforcer notre travail en équipe et les liens entre praticiens de la copropriété, rédacteurs et magistrats. Etre en copropriété, c’est créer et entretenir «un lien avec». C’est renouer avec l’idée de groupe, de famille et d’entraide, d’intérêt collectif de la copropriété, supérieur à la somme des intérêts privatifs opposés. Le talent de monsieur Capoulade a été d’écouter les positions des uns et des autres ; mais aussi et surtout de faire avancer le droit de la copropriété sans révolutions, mais par touches évolutives constantes. Vivre la copropriété, c’est aussi utiliser de nouvelles méthodes, de nouveaux outils, de nouveaux moyens de communication. L’informatique a révolutionné nos métiers ; l’internet est présent ; le courriel est notre nouveau moyen de communication. Certains ont intégré plus rapidement les changements informatiques ou ont mieux compris les nouveaux outils et leur gestion originale. Notre activité, la copropriété, c’est aller de l’avant, d’avancer mais d’avancer ensemble, en équipe.
Extraordinaire mais aussi révolutionnaire.
Oui, c’est révolutionnaire. Mais, en France, tout changement est révolutionnaire. Cette révolution doit nous conduire vers l’avant, vers le développement, et la maîtrise de nos métiers et de nos outils, de notre matière qui est la copropriété. Cette volonté n’a jamais cessé d’animer les cours et présentations dispensés par monsieur Capoulade. Depuis ses cours donnés à l’ICH [l’Institut d’études économiques et juridiques appliquées à la construction et à l’habitation, ndlr], ses interventions sur les actualités jurisprudentielles, et ses explications sur les revirements de cette même jurisprudence, monsieur Pierre Capoulade est pour moi l’un des meilleurs professeurs de cette matière, difficile à comprendre, à cerner. La rédaction des textes règlementaires est toujours un défi, que relève monsieur Capoulade. Sa devise, c’est de donner toujours et encore de «la qualité à notre travail» et de le faire toujours avec passion. Et tout ceci passe par la R «évolution». Et dans la R évolution, c’est le R de RELATION, de lien social fondement de la copropriété que nous devons mettre en avant.
Nous sommes tous au cœur de ce lien social : avocats, syndics, magistrats, experts, professeurs. Tout ceci passe par le maître mot de QUALITE. Il faut penser et inventer le futur de la copropriété, sans le révolutionner. Extraordinaire aussi, parce que l’histoire de la copropriété est extraordinaire. Quel statut juridique peut avoir le privilège de fêter plus de 45 ans d’existence ?
Quel groupe d’individus peut-il prétendre se perpétuer au travers autant de générations de syndics, d’avocats, d’experts en copropriété que le notre ?
C’est à nous de faire vivre notre statut de la copropriété, notre métier, avec la modernité que préconisait déjà mon professeur, Monsieur Pierre Capoulade.
Olivier SAFAR
Syndic de copropriété
Photo : Crédit Guillaume HECHT