Connaître et comprendre les copropriétés - Projet 3.- Mes vieux voisins

par YS
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Projet 3.- Mes vieux voisins

La recherche Mes vieux voisins propose de questionner les conséquences sociales et spatiales du vieillissement des résidents de copropriétés horizontales conçues pour l’accession à la propriété dans les années 1970. S’il est souvent question du vieillissement du parc immobilier privé, traité du point de vue des dégradations physique et “gestionnelle” des bâtiments, la question du vieillissement de ses populations reste elle, peu traitée. 

La recherche part de l’hypothèse que les deux processus de vieillissement ne sont pas si étrangers l’un à l’autre, les bâtiments ayant vieilli en même temps que leurs propriétaires. Cette hypothèse repose sur le constat que les copropriétaires des ensembles construits avant les années 1980 sont pour beaucoup restés vieillir sur place, soit pour des raisons économiques, de santé ou d’attachement au quartier. Cette population est peu à peu renouvelée avec notamment le décès ou le départ en établissement spécialisé pour certains et l’arrivée de plus jeunes ménages. Or, l’équipe constate l’existence d’un clivage entre les anciens résidents et ces nouveaux venus, qui se manifeste, entre autres, dans les rapports entretenus à l’espace collectif de la copropriété, dans la gestion de celle-ci, dans les projections sur le devenir de la copropriété. Les chercheurs constatent que ce clivage retarde voire entrave la rencontre et la mobilisation collective au sein de la copropriété.  

 

Le projet vise donc à comprendre les réalités et les raisons de ce clivage, et à faire émerger des “lieux” de rencontre et de construction collective possibles entre les deux générations. Pour cela, le projet s’appuie sur un corpus de quatre copropriétés horizontales (maisons individuelles mitoyennes ou groupées) construites dans les années 1970 à Toulouse et à Bruxelles. Les ménages ayant acheté voire ayant participé à la conception de leur logement dans ces copropriétés dans les années 1970 sont maintenant âgés. Sont-ils restés vieillir dans leur logement et pourquoi ? Quels rapports entretiennent-ils à la gestion de la copropriété, aux espaces partagés et dans quelle mesure ces rapports ont-ils évolué depuis leur arrivée dans la copropriété ? Comment se projettent-ils dans l’avenir de la copropriété ? Quelles relations entretiennent-ils avec les nouveaux habitants ? Quels sont les lieux et les formes de rencontres ? De conflits ? Comment accompagner les deux générations dans la construction d’une cohabitation apaisée, au service du devenir de la copropriété ?  

 

Pour répondre à ces questions, le projet Mes vieux voisins s’appuie sur une démarche participative ayant recours aux outils d’éducation populaire.  Ainsi, à partir d’enquêtes individuelles, de focus groupes collectifs, de captations dessinées et vidéos, le projet ambitionne dans un premier temps de caractériser et d’objectiver les relations des anciens habitants avec les derniers arrivés et de manière plus générale, avec la copropriété. 

Puis, dans un second temps, par le recours aux outils d’éducation populaire et à la vidéo, le projet entend accompagner les habitants dans la construction de lieux communs (matériels et immatériels) visant une cohabitation apaisée entre les générations, au service du devenir de la copropriété. L’ambition est d’ouvrir la voie à d’autres manières d’appréhender le vieillissement, tant dans la recherche que dans des pratiques professionnelles. Un temps de transmission des résultats auprès des acteurs de la copropriété se fera par le biais de projection débat du film documentaire réalisé dans le cadre du projet de recherche.

 

Prévu sur trente-six mois, le programme s’attache à comprendre un levier essentiel du fonctionnement collectif des copropriétés (le clivage « nouveaux/anciens »), dans un contexte peu étudié (les copropriétés horizontales). Il est porté notamment par Audrey Courbebaisse, architecte et professeure en Conception des habitats à l’Université Catholique de Louvain, par Manon Leroy, fondatrice de l’Echappée des copropriétés et Lolita Rubens, docteure en psychologie sociale et maîtresse de conférences à l’université Paris Est Créteil.


L’appel à projets compte sept partenaires : la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), l’Agence nationale de l’habitat (ANAH), la Fondation de France, l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), Leroy Merlin Source et la société Matéra (ex-Illicopro).

Il s’appuie également sur l’expertise de treize autres organismes publics et privés, engagés à faciliter l’accès aux terrains de recherche aux chercheurs : l’Agence nationale pour l’information sur le logement (ANIL), la Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU), les Intercommunautés de France, l’Union sociale pour l’habitat (USH), les sociétés Procivis et Urbanis, la Confédération logement et cadre de vie (CLCV), l’Association nationale des gestionnaires de copropriété (ANGC), l’Association des responsables de copropriété (ARC), l’Association QualiSR, l’Union des syndicats immobiliers (UNIS) et enfin la société Foncia.