Projet 2.- Le syndic bénévole
Ce programme de recherche porte sur les copropriétés gérées par un syndic non-professionnel, qu’il s’agisse de syndics bénévoles ou de syndics coopératifs (désignés ici par le terme générique de «syndic bénévole»).
La recherche souhaite répondre à la question suivante : les syndics bénévoles peuvent-ils être des acteurs de la mise en mouvement des copropriétés ? Pour y répondre, la recherche s’attaquera à plusieurs questions. Qui sont les syndics bénévoles et les copropriétés concernées ? Comment cette fonction se répercute-t-elle sur les capacités collectives d’agir de la copropriété ? Comment interagit-elle avec les relations sociales qui structurent le syndicat des copropriétaires et les rapports de voisinage ?
La recherche propose trois hypothèses à tester :
- la première concerne les contextes dans lesquels émergent les syndics bénévoles. L’hypothèse est que les copropriétés qui adoptent ce mode de gestion partagent certaines caractéristiques, tant au niveau de la copropriété elle-même que de son environnement, au sens de contexte territorial ;
- la deuxième hypothèse est que les caractéristiques liées au contexte n'entraînent pas mécaniquement le choix d’un syndic bénévole : les ressorts de l’engagement en tant que syndic bénévole sont multiples et cette catégorie n’est pas homogène. La recherche s’attachera à rendre plus intelligible cette diversité.
- enfin, dans la continuité des travaux existants, l’équipe part de l’hypothèse que la présence d’un syndic bénévole favorise l’interpénétration entre le «système de voisinage» et le «système de décision» dans une logique d'intérêt collectif pour l’immeuble et de gestion de proximité.
Afin de valider ces hypothèses, la recherche se déroulera en trois phases au cours desquelles une méthodologie mixte sera mobilisée.
Dans une première phase, il s’agira de dresser une typologie des copropriétés gérées en syndic bénévole. À partir d’une analyse quantitative des données du Registre d’immatriculation des copropriétés et par le biais d’une dizaine d’entretiens avec des acteurs nationaux (associations de copropriétaires, plateformes d'assistance aux syndics bénévoles...), la recherche étudiera s’il existe un type de copropriétés plus “favorable” à l’élection d’un syndic bénévole et/ ou si certains territoires sont plus propices que d’autres à leur émergence.
La deuxième phase portera sur le profil et les pratiques des copropriétaires engagés dans cette activité. Sur la base d’entretiens qualitatifs approfondis au sein de deux territoires aux caractéristiques différentes : la région Île-de-France et le département de l’Orne, il s’agira de reconstruire les trajectoires individuelles et d’objectiver les positions sociales, genrées, géographiques et générationnelles de ces individus. Cela permettra d’éclairer les dispositions favorisant l’engagement dans la fonction de syndic bénévole, d’appréhender la façon dont ces dispositions interagissent avec la vision et la pratique concrète de cette fonction et de dégager des profils-types. Ces différents profils seront replacés dans le contexte de leur copropriété et de ses caractéristiques. Ainsi, il sera possible de concevoir des actions adaptées à chacun d’entre eux pour les soutenir dans leur activité.
Dans une troisième phase, la recherche questionnera la posture intermédiaire du syndic bénévole, entre logiques de voisinage et prises de décision. Ce travail donnera lieu à la réalisation de monographies de copropriété. L’objectif de cet axe sera d’analyser les forces et les faiblesses de cette gestion en syndic bénévole, son impact sur les relations de voisinage -notamment l’éventuelle implication des locataires-, et les possibilités de mise en mouvement des copropriétés.
Ce programme de recherche, prévu sur trente mois, perçu comme complémentaire à celui consacré aux syndics professionnels, est piloté par des universitaires emmenés par Camille Devaux, maîtresse de conférences à l’université de Caen, Rémi Habouzit, maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord, Benjamin Leclercq, docteur en sociologie de l’Université Catholique de Louvain et Sylvaine le Garrec, sociologue.