Vers le « multi-fibres » ?
Tout n’est pas encore joué en matière de régulation. Certes, le 22 septembre dernier, l’Autorité de la Concurrence, saisie par l’Arcep a rendu un avis similaire à cette dernière, en se déclarant favorable à la mise en place d’une architecture multi-fibres. En clair : dès lors qu’une fibre supplémentaire serait demandée par un opérateur extérieur, l’opérateur d’immeuble installerait systématiquement quatre fibres par logement. Un avis confirmé, quelques semaines plus tard par la Commission européenne. Ne reste donc plus à l’Arcep qu’à soumettre à la commission consultative des communications électroniques ses projets de décision et de recommandation amendés pour avis, puis une fois la décision adoptée, à la transmettre pour homologation au ministre chargé des communications électroniques. Au vu des trois avis déjà positifs, le choix définitif de l’architecture multi-fibres devrait donc logiquement être publié puis entrer en vigueur d’ici à la fin de l’année.
Quoique... Car du côté d’Orange, on ne l’entend pas de cette oreille. Le groupe cherche à tout prix à favoriser l’architecture monofibre. Principal argument avancé : le surcoût qu’engendrerait l’obligation de transporter les fibres de ses concurrents dans les étages. Si l’Arcep, l’évalue à 5 % du coût initial, de son côté, France Télécom estime que ce taux s’éleverait à 40 %. Et afin de bien faire passer le message, le groupe a gelé tous ses investissements en fibre optique, depuis le premier avis de l’Arcep en ce sens. « Le régulateur n’a pas carte blanche pour décider à lui tout seul de la réglementation qu’il souhaite », a ainsi récemment déclaré Gervais Pellissier, directeur financier de France Télécom-Orange. « Tout n’est pas réglementaire, il y a un certain nombre de décisions à prendre du domaine législatif, par le Parlement, ou éventuellement du domaine du pouvoir exécutif. » Tout est dit. Faut-il pour autant craindre une intervention du Président de la République à ce sujet ? Si une telle décision irait à contre-sens de la volonté gouvernementale d’accélérer le mouvement, elle ne peut être totalement écartée. L’actuel numéro deux et futur dirigeant de France Télécom, Stéphane Richard, a occupé le poste de directeur de cabinet de Christine Lagarde à l’été 2007. Il pourrait donc bien, en dépit de son devoir de réserve, faire pencher la balance en faveur d’Orange, dont l’Etat est encore actionnaire à hauteur de 26,7 %. Réponse dans les tous prochains jours.