Grand emprunt
Pour tenter d’inverser la tendance, le gouvernement a donc du mettre la main à la poche. Première mesure : la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) a été chargée de mobiliser 750 millions d’euros de fonds propres, sur trois ans, pour accélérer le déploiement de la fibre optique dans les zones peu peuplées, où les investissements sont difficiles à rentabiliser pour les opérateurs. «L’investissement public ne peut se concevoir que comme complémentaire de l’initiative privée » a toutefois cru bon de préciser le premier ministre. Quant aux zones qui ne pourraient raisonnablement être couvertes, une partie des fréquences qui seront libérées grâce à l’arrêt de la diffusion analogique de la télévision seront réservés pour l’Internet à très haut débit mobile. Autre mesure d’importance : 4 des 35 milliards d’euros du grand emprunt national serviraient de fonds de levier pour déployer la fibre optique en France, selon les propositions de la Commission sur le grand emprunt présidée par Michel Rocard et Alain Juppé. A l’heure où nous écrivions ces lignes, Nicolas Sarkozy n’a pas encore confirmé cette attribution mais tout porte à croire qu’il suivrait cette proposition. Parmi les 4 milliards d’euros, la moitié serait affectée à « accélérer le passage de la France au très haut débit ». Un montant relativement faible en regard des 20 à 40 milliards d’euros estimés pour couvrir l’ensemble du territoire en fibre, mais qui servirait à impulser une dynamique, selon Jérémie Magnine, directeur général de l’innovation et du marketing chez SFR :
« Rien qu’avec un milliard d’euros de l’Etat, les opérateurs privés pourraient être incités à couvrir plus de quatre millions de foyers en zones moins denses. L’effet de levier est réel. »
Enfin, parmi les mesures issues de la commission sur le grand emprunt, figure la création d’une «Agence publique pour le numérique» qui assurerait la gestion de ce budget en privilégiant les co-investissements avec le secteur privé, les collectivités et l’Union européenne.
Les modalités de déploiement pour ces zones «grises» restent toutefois encore à définir. Pour fibrer les cinq à sept millions de foyers situés dans ces zones, le gouvernement tablerait sur une structure mutualisée dans laquelle les opérateurs et la CDC seraient actionnaires.
Les opérateurs pourraient ainsi déployer leur réseau jusqu’à un point regroupant environ un millier d’abonnés, à partir duquel il n’y aurait plus qu’un seul réseau, la présence de l’Etat au capital assurant une vision à long terme de l’aménagement du territoire. France Télécom, quant à lui, pencherait plutôt pour un schéma où chaque ville ou département procéderait à un appel d’offres, avec à la clé un opérateur unique qui bénéficierait alors d’un soutien financier public pour chaque zone.