Nec plus ultra en terme de débit Internet, la fibre optique reste encore un voeu pieu dans de nombreuses copropriétés, y compris dans les plus grandes villes. Etat des lieux et perspective de développement d’une technologie qui n’a pas fini de faire rêver.
Paul TURENNE
Il y a un an, l’affaire était entendue : la fibre optique allait se développer à vitesse grand V sur tout le territoire.
Eric Besson, alors secrétaire d’Etat chargé du développement de l’économie numérique avait annoncé la couleur et déclaré que quatre millions d’abonnés disposeraient d’une connexion en très haut débit, d’ici 2012. À deux ans de cette échéance, et au vu des résultats de l’Observatoire très haut débit de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (Arcep), force est de constater que cet objectif aura bien du mal à être atteint (cf. tableau ci-contre).
La faute vraisemblablement à un ensemble de facteurs, au premier rang duquel figure le flou juridique et législatif qui a entouré, un temps, le déploiement de la fibre optique dans l’hexagone. « Il est clair qu’il y a eu un manque de cohérence au niveau national. L’Arcep, convaincue qu’il fallait laisser une initiative privée se mettre en place dans un premier temps, a encadré les choses trop tard » estime ainsi Edouard Barreiro, chargé de mission nouvelles technologies de l’information et de la communication à l’UFC-Que-Choisir.
« Le problème, c’est que quand l’Autorité s’est enfin décidée à intervenir, des projets avaient déjà été lancés et elle ne pouvait plus intervenir comme elle l’aurait souhaité. » L’enjeu pour les opérateurs concerne notamment les modalités de mise en œuvre de la mutualisation de la partie terminale des réseaux de fibre optique. Désormais, tout opérateur qui installe un réseau en fibre optique dans un immeuble est tenu de l’ouvrir aux autres afin que ces derniers puissent délivrer leurs propres services (Internet, télévision Haute Définition, téléphone, vidéo à la demande). Une obligation définie par la loi de modernisation de l’économie (LME) paru en janvier 2009, mais qui a fait l’objet d’un vif débat entre les défenseurs de la mesure, à commencer par Free, et ses détracteurs, principalement Orange, qui souhaitait conserver son avance historique. Autre problématique : le déploiement de la fibre sur l’ensemble du territoire. Selon le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) et l’observatoire Tactis, si l’Île-de-France devrait en 2013 être particulièrement bien pourvue avec 3 millions de logements éligibles à la fibre, les régions PACA et Rhône-Alpes se contenteront de 430 000 et 400 000 foyers éligibles. Quant aux autres régions, outre le Nord-Pas de Calais (220 000), l’Aquitaine (190 000), le Midi-Pyrénées (160 000) et l’Alsace (140 000), elles seront toutes en deçà des 100 000 foyers fibrés.
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