Travaux en souffrance
Selon les derniers chiffres de la Fédération des ascenseurs, dévoilés le 2 avril dernier, 48% des travaux de la deuxième tranche restent en souffrance, ce qui représenterait tout de même 140 000 ascenseurs. Pire, 26 000 ascenseurs n’ont toujours pas subi les mises aux normes les plus importantes, soit 2% du parc français.
Pourtant, sur le reste du parc, elles ont permis de réduire d’un tiers les accidents graves ou mortels des usagers ces dernières années, avec huit morts en 2001, un seul en 2010, et aucun l’an dernier. Des travaux de sécurité prescrits qui n’ont donc pas pour objectif d’améliorer simplement le fonctionnement des ascenseurs, lequel dépend avant tout de l’entretien et de la maintenance, mais bien de prévenir les risques d’accidents fréquents ou graves. Par ailleurs, lorsque l’on sait que les accidents les plus fréquents sont ceux provoqués chez les personnes âgées par la marche résultant de l’écart important entre la cabine et le palier lors de l’arrêt, les travaux nécessaires pour 2013 n’en apparaissent que plus indispensables.
Reste qu’entre les syndics dont la responsabilité peut être engagée en cas d’accident, les copropriétaires qui souhaitent que ne soient réalisés que des travaux nécessaires à un coût raisonnable, et les ascensoristes soucieux de pérenniser leur activité, l’équation n’est pas toujours simple. Ainsi, l’argument de la politique de l’emploi mis en avant par la Fédération des ascenseurs laisse in fine de marbre la plupart des copropriétaires qui ne sentent pas concernés directement. Sans compter que dans un contexte de crise et de diverses mises au normes à assurer, ces derniers se préoccupent davantage de l’état de leurs dépenses, quitte parfois à faire des choix.
Mais si tous les copropriétaires sont d’accord pour faire faire les travaux en une seule fois, il n’y a aucune de raison d’attendre, sachant qu’une gestion prudente consiste à prévoir des travaux d’entretien et d’amélioration, régulièrement, chaque année pour répartir les efforts sur longue période. Car, les coûts de mise en conformité se chiffrent en moyenne entre 20 000 à 25 000 € et peuvent, selon les situations, aller jusqu’à 40 000 € ! Même si l’Agence nationale pour l’habitat (Anah) peut accorder dans certains cas des subventions aux syndicats de copropriétaires jusqu’à 40% du montant des travaux, il convient donc de chercher les économies. Ainsi, dès la décision de principe retenue par l’assemblée générale du syndicat, il faut au préalable faire appel à un bureau d’études sérieux et indépendant du syndic et de l’ascensoriste, qui établira un cahier des charges précis en fonction des besoins de la copropriété et des obligations légales. Dans tous les cas, les conseils syndicaux doivent s’assurer que des ascensoristes de taille moyenne participent aux appels d’offres. «Nombre de copropriétaires et de syndics rencontrent des difficultés face à certains devis assez obscurs qui ne disent pas la même chose d’un ascensoriste à l’autre. Sans de solides connaissances, il est donc très difficile de faire jouer la concurrence en les comparant», souligne ainsi Isabelle Béranger, juriste pour l’Association nationale de la copropriété et des copropriétaires (Ancc).