[N° 587] - Éclairer les parties communes

par Paul TURENNE
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Représentant aujourd’hui environ 30 % de la consommation électrique des bâtiments, l’éclairage est devenu l’un des principaux leviers pour réaliser des économies d’énergie dans les bâtiments. Focus sur les solutions à mettre en œuvre.

Crédit : matteo Natale, Fotolia.com

Les performances d’un éclairage sont déterminées par un certain nombre de caractéristiques :

• La puissance, exprimée en watts (W) ;
• Le flux lumineux exprimé en lumens (lm) : quantité de lumière émise par la lampe ;
• L’efficacité lumineuse exprimée en lumens par watt (lm/W) : rapport entre le flux lumineux et la puissance consommée ;
• La durée de vie économique (heures) : période au terme de laquelle la chute de flux d’une lampe ne permet plus d’atteindre les niveaux d’éclairement requis. Un remplacement systématique préventif des lampes sur l’installation est alors nécessaire, même si celles-ci fonctionnent encore ;
• La température de couleur, en kelvins (K) : qualifie l’ambiance lumineuse de l’espace éclairé. Elle varie des teintes chaudes, à dominante orangée (2 500 K) aux teintes froides, d’un aspect bleuté (5 300 K et plus), les teintes neutres se situant autour de 4 000 K ;
• L’indice de rendu des couleurs (Ra ou IRC) : capacité d’une lampe à restituer fidèlement les couleurs telles qu’elles apparaissent sous la lumière naturelle. Le maximum est 100.

De manière générale, il convient de privilégier des éclairages fonctionnant avec des détecteurs de présence, voire de luminosité avec gradation en fonction de la lumière du jour. Ils ne s’allument donc que lorsqu’il y a une présence et que le seuil d’éclairage naturel défini est insuffisant. Tout au long de la journée, la lumière artificielle va ainsi s’adapter à la lumière naturelle reçue pour assurer un niveau d’éclairage constant. De quoi limiter considérablement la consommation électrique.

Tableau : caractéristiques sources de lumière. Source Ademe


Les tubes fluorescents
Souvent appelés, à tort, «néon», les tubes, lampes fluorescentes rectilignes à double culot, sont très utilisés dans les parties communes du fait de leur très bon rapport qualité/prix et de leur possible compatibilité avec des systèmes de minuterie. On les distingue par leur diamètre :
• T8 : tube de Ø 26 mm, appelé aussi T26, dont la durée de vie varie de 12 000 à 16 000 heures
(Coût indicatif tube T8 < 2 €)
• T5 : tube de Ø 16 mm, appelé parfois aussi T16, qui peut atteindre 22 000 heures. Leurs températures de couleurs varient de 2 700 à 6 000 K et les puissances de 10 W à 80 W, avec une efficacité lumineuse qui peut atteindre 104 lm/W. Par ailleurs, leur flux lumineux diminue peu avec le temps contrairement aux T8. Il sont associés à des ballasts électroniques, qui permettent d’obtenir une durée de vie optimum des tubes en régulant les variations de tension du réseau. Ils suppriment également les pertes électriques dues au ballasts ferromagnétiques, d’où une consommation au minimum 20 % moindre pour un éclairage identique. (Coûts indicatifs d’un adaptateur T5 = 30 € ; d’un tube T5 = 3 €)
• Autre possibilité encore peu utilisée : les tubes LED. Plus performants que les T5 et T8, leur durée de vie est très importante (70 000 h), mais leur coût est de 50 € par unité.


Les lampes fluocompactes
Ces tubes fluorescents «pliés» pour y adapter un culot unique sont disponibles dans une palette de puissances extrêmement étendue, allant de 5 W aux fortes puissances de 70 W et 120 W. Ils offrent des durées de vie qui peuvent atteindre 16 000 heures et présentent un large choix de températures de couleur, de 2 700 K à 6 500 K. Leur efficacité lumineuse peut atteindre 90 lm/W, mais ce type de lampe n’est pas adapté, en pratique, à des cycles d’extinction/allumage répétés.

Les lampes et modules LEDs
Composées de plusieurs diodes électroluminescentes – composant électronique permettant la transformation de l’électricité en lumière – les lampes LED possèdent aujourd’hui des durées de vie d’au moins 25 000 heures pouvant aller jusqu’à 50 000 heures. Avec à la clé des économies d’énergie jusqu’à 90 %. Elles s’allument, par ailleurs, instantanément, supportent les allumages répétés, résistent aux chocs et au froid. Seul inconvénient : leur prix compris entre 10 et 40 euros. Attention, toutefois, à bien choisir des produits de qualité avérée, cette technologie étant relativement récente.


Les dix points indispensables pour réaliser des économies d’électricité
• Favoriser au maximum l’éclairage naturel ;
• Utiliser de préférence des peintures ou des revêtements de couleur claire dans les parties communes ;
• Eviter les appliques sombres et opaques qui obligent à utiliser des ampoules plus puissantes, ainsi que l’éclairage indirect ;
• Supprimer l’éclairage permanent des ascenseurs ;
• Dépoussiérer régulièrement les ampoules et les luminaires, ainsi que les sondes crépusculaires en extérieur, faute de quoi l’éclairage se déclenchera plus tôt et s’arrêtera plus tard ;
• Préférer plusieurs points lumineux de faible puissance plutôt qu’un seul point lumineux de forte puissance ;
• Réduire les temps de fonctionnement des sources lumineuses sur minuterie ;
• Ne pas surdimensionner la puissance lumineuse (< 3,5 W/m², avec un niveau d’éclairement allant de 50 à 150 lux maximum) ;
• Sectoriser les commandes des escaliers avec, par exemple, une commande du RDC à l’étage 2, une autre de l’étage 3 à l’étage 5 etc ;
• Individualiser les commandes d’allumage des couloirs avec une commande par niveau.

crédit fotolia, Michèle Guerineau


Un exemple
L’exemple de la copropriété Les jardins d’Harmony à Montpellier :

«De Versailles à un éclairage raisonné !»
Comportant 55 appartements, répartis sur trois bâtiments, la copropriété Les jardins d’Harmony, livrée début 2008, consommait à ses débuts pour l’éclairage des parties communes, plus de 5 600 KWh par mois hors ascenseurs, soit 103 KWh par mois et par appartement. Presque autant que la consommation personnelle d’un ménage ! Face à ce constat, le conseil syndical a décidé de mettre en place des actions progressives sur un an :

• Réglage de tous les détecteurs de paliers (+/-36) sur 1min (presque tous réglés d’origine sur 60 min, au maximum) ;

• Réglage de tous les détecteurs d’escalier et de couloirs (+/-36) sur 8 s (tous réglés d’origine sur 12 min, au maximum) ;

• Réglage de tous les détecteurs de hall et de garage (+/-34) sur 5 min (tous réglés d’origine sur 12 min, au maximum) ;

• Réglage de l’horloge astronomique pour les éclairages extérieurs (-1h/jour) ;

• Remplacement des 37 ampoules de 60 W des escaliers par des ampoules de 28 W pour un rendu de 40 W (-37x32W) ;

• Démontage d’une ampoule sur deux, voire plus (-58x50W), d’un néon sur deux ou deux sur trois (-5x36W) dans les halls et d’une ampoule sur deux dans les couloirs (-13x60W) ;

• Démontage d’un néon sur deux dans les garages (-34x36W) ;

• Débranchement d’un ampoule sur trois sur les paliers (-18x50W) ;

• Ampoules halogènes de 50 W sur les paliers et dans les halls remplacées par des 35 W au fur et à mesure (-75x15W) ;

• Passage des 19 poteaux éclairages extérieurs de 90 W à 11 W (-19x79W) ; • Débranchement des 17 spots «ciel» de 70W dans les espaces verts (-17x70W).
Autant d’actions qui ont permis de passer à une consommation stabilisée de 2 3 6 6 KW/h par mois en moyenne depuis 2010. Soit une réduction globale de 55 % de la consommation, sans réel investissement.

Conseils de mise en œuvre :
• Se sentir concerné et se mobiliser, cette réduction de la consommation ne ren- trant pas dans les fonctions du syndic ;

• Mesurer les consommations actuelles ;

• Réaliser quelques tests, puis démon- trer les résultats sur la consommation ;

• Traduire en euros les économies réalisées et réalisables en cas de généralisation ;

• Obtenir la validation des coproprié- taires ;

• Mettre en œuvre les actions sur l’ensemble de la copropriété ;

• Informer régulièrement les copropriétaires afin que les actions soient a minima comprises.


Pour aller plus loin
• L’arrêté du 3 mars 2007 indique les contraintes de mise en œuvre des systèmes de commande par minuterie pour les circulations et les escaliers.
• Pour les immeubles comportant une activité tertiaire, consulter l’arrêté du 25 janvier 2013 relatif à «l’éclairage nocturne des bâtiments non rési- dentiels afin de limiter les nuisances lumineuses et les consommations d’énergie» publié le 30 janvier 2013 au JORF.