Contrôle d’accès en copropriété : utiliser les nouvelles technologies - Le corps humain, la prochaine clé ?

par Nathalie Coulaud, Journaliste
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Le corps humain, la prochaine clé ? 

Autre possibilité : utiliser le corps humain. Les dernières serrures connectées peuvent, en effet, être ouvertes par l’empreinte de doigt. Le public doté de smartphone est habitué à ce type de système et il est utilisé de la même façon sur les serrures. La question à se poser est de savoir quelle est le nombre d’empreintes qu’il est possible de stocker dans le système puisque les copropriétés peuvent regrouper de nombreux appartements avec un grand nombre de personnes. Les nouveaux systèmes peuvent enregistrer plusieurs centaines d’empreintes et, là encore, les serrures sont doublées de systèmes complémentaires pour permettre aux résidents d’entrer avec un badge classique au cas où le capteur ne fonctionnerait plus. 

Enfin, même si elles rappellent encore les films de science-fiction, les techniques avec reconnaissance faciale se développent. Elles consistent à reconnaître le visage de quelqu’un pris en photo par une caméra de surveillance à l’entrée de l’immeuble et à lui donner accès ou à le lui refuser en fonction des autorisations fournies préalablement. Un logiciel repère les traits du visage afin de comparer avec celles d’une base de données. Attention, ces techniques sont cependant très encadrées en France et la CNIL, qui analyse les conséquences des innovations technologiques et des usages émergents sur la vie privée et les libertés, indique que ce type de technologie nécessite une «analyse d’impact relative à la protection des données» (AIPD) avant de pouvoir être installée. 

Une délibération de la CNIL n° 2019-001 du 10 janvier 2019 précise d’ailleurs le cadre dans lequel ce type de technologie peut être utilisé. Si dans l’espace privé (derrière des interphones ou des portes), ces technologies sont acceptées mais encadrées, dans l’espace public, la reconnaissance faciale n’est pas autorisée. Pour l’instant, en raison de son coût mais aussi des risques liés à l’utilisation des données, ce type de technologie est de toutes façons très peu utilisé en copropriété. Même si ces outils semblent éloignés des systèmes actuels de contrôle d’accès et des préoccupations des copropriétaires, cela pourrait pourtant se diffuser dans les années à venir. Qui aurait pensé, en effet, il y a encore quelques années qu’un téléphone portable pourrait ouvrir une porte ! 

Si la copropriété est confrontée à une réflexion de ce type, outre le coût, il est important de penser aux modalités pratiques. Par exemple, la copropriété devra-t-elle automatiquement prendre un prestataire chargé d’actualiser la liste et les autorisations des résidents en cas de déménagement ou bien un copropriétaire, par exemple membre du conseil syndical, qui s’y connait en informatique peut-il réaliser ce travail ? Autre question à se poser en amont : quels sont les coûts d’une réparation en cas de panne ? Ces systèmes sophistiqués peuvent être fragiles et il sera intéressant de se pencher notamment sur l’intérêt d’un contrat d’entretien. 

Autre sujet à garder à l’esprit : une copropriété rassemble un nombre important de personnes d’âge et de ressources variés ce qui implique de conserver des systèmes de contrôle d’accès permettant à tout le monde de rentrer chez lui sans encombre. Plusieurs systèmes de contrôle d’accès doivent cohabiter et être compatibles. Enfin, les nouvelles technologies nécessitent généralement des remises à niveau du matériel que ce soit le réseau électrique des parties communes ou encore la porte elle-même. Certains fabricants assurent que le matériel peut être adapté à des portes ou des éléments plus anciens mais ce n’est vrai que dans une certaine mesure. Il faut donc examiner tout ce que les changements impliquent comme travaux additionnels et donc comme coûts.