Un métier en profonde évolution
Classiquement, trois missions principales sont dévolues au syndic professionnel, conformément à l’article 18 de la loi de 1965 : l’exécution des décisions de l’assemblée générale et du règlement de copropriété, l’administration de l’immeuble (sa conservation, sa garde, son entretien) et la représentation du syndicat dans les actes civils et en justice.
Du bon père de famille au leader.- «Or, à ce rôle de bon père de famille, se substitue progressivement un rôle plus proactif, de conseil, d’initiateur, lié essentiellement à l’obligation de rénovation énergétique des immeubles. Un travail de titan qui nécessite un conseil syndical puissant, outre de réelles qualités d’écoute et de patience pour ces projets qui s’étirent bien souvent sur trois années en moyenne», affirme Renaud Franchet.
Est-ce que tous les syndics sont en mesure de prendre le train de la transition énergétique, en tant qu’accompagnateurs ? Car, comme le rappelle Guillaume de Coëtlogon : «C’est à la copropriété qu’appartient in fine la stratégie de sa gestion, le syndic étant chargé de la mettre en œuvre».
Rien n’est moins sûr : «Certains professionnels craignent de se retrouver en surcharge, alors que les difficultés de recrutement dans le secteur sont réelles et que la rémunération de la prestation de conseil sur ces opérations de rénovation énergétique n’est pas clairement définie», confient Gaétan Brisepierre et Claire Juillard. En clair, le modèle organisationnel et économique resterait encore à trouver, côté syndic.
De nouveaux entrants.- Ces dernières années, des start-ups sont apparues sur le marché des syndics de copropriété avec une offre de services alternative par rapport aux acteurs traditionnels, quitte à les dénigrer ouvertement.
D’un côté, il y a les «néo-syndics». Détenteurs d’une carte et d’une garantie professionnelles, ils affichent une prestation hybride combinant gestion humaine et numérique. Généralement, ils recourent à leurs propres logiciels pour automatiser certaines tâches administratives et comptables.
De l’autre, des syndics 100 % en ligne, qui assurent à distance la gestion administrative et comptable de l’immeuble, tandis que le conseil syndical gère les réunions et les assemblées générales.
Enfin, une troisième voie a été ouverte par des entreprises qui se placent comme des vendeurs de solutions Internet pour assister des syndics coopératifs.
«À ce jour, le modèle économique de ces nouveaux entrants reste encore très fragile avec un portefeuille relativement modeste au regard des fonds levés. Et comme dans d’autres domaines de l’économie numérique, certains ont la vie courte», commentent Gaétan Brisepierre et Claire Juillard.
Cependant, l’émergence de ces acteurs de la PropTech a fait bouger les lignes de la profession en incitant les syndics historiques à innover pour offrir de nouveaux services numériques aux copropriétaires.