[N°657-658] - L’éco-rénovation, de la genèse du projet à l’après-travaux - IV.- Deux exemples d’éco-rénovation inspirants

par Sophie Michelin-Mazéran, journaliste
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IV.- Deux exemples d’éco-rénovation inspirants

Rénovation globale de 66 logements pour la copropriété «Beccaria»  

Sise rue Beccaria (Paris 12e), cette copropriété des années 60 n’avait pas effectué de travaux depuis plus de vingt ans. Par conséquent, la chaufferie était en fin de vie, la façade et d’autres éléments du bâtiment dégradés avec des problèmes d’humidité, et surtout, les charges de chauffage et d’eau chaude exorbitantes. Avec le support de l’APC, la copropriété, emmenée par un conseil syndical moteur, décide de lancer un projet d’éco- rénovation. 

L’abandon du fioul et la mise en place de chaudières au gaz naturel constituent la première tranche de travaux entraînant une amélioration du confort et une nette diminution des charges du chauffage. Ces bénéfices ouvrent alors la voie à un projet d’isolation globale, qui va permettre à l’immeuble d’atteindre un résultat exemplaire : 70 % de réduction des charges, un gain de deux étiquettes énergie (de E à B), un confort global amélioré (esthétique du bâtiment, meilleure qualité de l’air, sensation de parois froides neutralisée…), et une valeur patrimoniale des logements augmentée de 5 à 10 %, soit une estimation de 500 à 1 000 €/m².

La réalisation de travaux ambitieux (isolation par l’extérieur des murs, isolation thermique de la toiture, des fenêtres et des parois vitrées ou encore installation d’une VMC) couplée à un travail d’ingénierie financière complexe appellent des compétences spécifiques. Le conseil syndical engage donc une étude de conception avec un groupement porté par la société Île-de-France Energies, associant le savoir-faire d’un maître d’œuvre et d’un bureau d’études thermiques spécialisés, qui assurent la conception du projet, la définition des plans de financements individuels et collectifs et le bon déroulement des travaux.

Le montant total des travaux et prestations intellectuelles s’élève pour cette opération à 1 770 800 €, pour 327 000 € d’aides perçues, c’est-à-dire un coût moyen par logement de 26 800 €, à mettre en regard de la réduction de la facture énergétique.

 

Gain énergétique de 20 % pour une petite copropriété haussmannienne du XIXe siècle

Construite en 1880, cette copropriété de 28 logements, située rue du Faubourg Saint-Denis (Paris 19e), subit des désordres de plus en plus importants sur ses façades (fissures notamment). La nécessité d’une intervention de travaux offre l’opportunité d’embarquer l’isolation des façades sur cour, qui ne comprennent pas de modénatures, contrairement aux façades sur rue. Avec l’aide de l’APC, la copropriété vote son audit énergétique fin 2016. Neuf mois plus tard, l’audit est restitué, tandis que le vote de la mission de maîtrise d’œuvre, puis des travaux, intervient en 2018. Une isolation thermique par l’extérieur (façade et cour) avec une pose de panneaux en liège ainsi qu’une isolation des combles perdus par projection de ouate de cellulose est réalisée début 2019. Coût total de l’opération : 208 500 €, pour un gain énergétique de 20 %, avec un reste à charge moyen de 6 100 € par logement grâce à l’obtention de différentes aides s’élevant à 70 000 € (CITE, CEE, subventions de la Ville de Paris et de l’ANAH via le programme Eco-rénovons Paris, majorées d’une prime pour l’utilisation de matériaux biosourcés).

Ces deux exemples montrent que l’éco-rénovation d’un immeuble en copropriété est toujours possible, quelles que soient la taille et l’année de construction des bâtiments à rénover, sous réserve d’un conseil syndical moteur et de professionnels compétents. Et c’est tant mieux car ce sont en France près de dix millions de logements qui attendent de monter dans le train de la rénovation.