[N°657-658] - L’éco-rénovation, de la genèse du projet à l’après-travaux - II.- De la prise de décision à l’exécution des travaux

par Sophie Michelin-Mazéran, journaliste
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II.- De la prise de décision à l’exécution des travaux

«Les projets d’éco-rénovation en copropriété mettent environ six ans pour aboutir. Ce calendrier incompressible est lié au passage obligé en AG annuelle pour valider les étapes, mais aussi au temps de maturation des copropriétaires vis-à-vis de l’opération». Les déclencheurs de la réflexion pour engager des travaux sont variables et peuvent se cumuler. La dégradation de l’immeuble et de ses équipements (fissures sur les façades, voire chute de matériaux, pannes récurrentes de chaudière, sensations de froid en hiver, etc.) demeure le principal point d’entrée. «Or, la nécessité de faire ces travaux représente une fenêtre de tir pour introduire de l’efficacité énergétique et faire d’une pierre deux coups», commente Benjamin Rougeyroles.

La réalisation d’un audit énergétique, obligatoire dans toute copropriété de plus de cinquante lots, avec chauffage collectif ou de refroidissement et bâtie avant 2001, est naturellement une autre occasion de réflexion sur un plan de travaux. Véritable aide à la décision, cet outil donne une vision globale de l’immeuble et propose des travaux pour améliorer ses performances et son confort. Il existe deux autres diagnostics plus structurants encore, l’audit global et le diagnostic technique global.

L’engagement d’un copropriétaire leader, couplé à l’adhésion du conseil syndical, avec en prime un syndic volontaire, illustre la configuration idéale pour maximiser l’acceptabilité d’un projet d’éco-rénovation par les copropriétaires. Les accompagnateurs jouent également un rôle moteur pour faire adhérer la copropriété (APC, plateformes de la rénovation, ALEC, conseillers FAIRE, etc.).

Surtout, il faut rassurer pour encourager le vote de travaux efficaces en assemblée. Comme l’observe Benjamin Rougeyroles, «une rénovation globale est plus rentable et plus performante que des travaux au coup par coup». Et les différentes aides, notamment les subventions de l’ANAH, ciblent des travaux de rénovation ambitieux.

Les mots d’ordre pour parvenir au vote d’un projet de rénovation globale en assemblée, qui est ici un rituel de validation mais pas un temps de délibération, sont : simplicité et lisibilité de l’opération. L’enjeu est de démontrer l’efficacité d’un bouquet de travaux pour obtenir des gains de confort, d’énergie et d’économie importants, sans oublier l’effectivité des aides mobilisables.

Les arguments économiques sont en effet, à mettre en avant car ils font consensus, mais pas via les temps de retour sur investissement, souvent longs et peu crédibles. Il est donc préférable de communiquer sur le «reste à charge» incluant la quote-part, les aides individuelles et collectives, les économies de charge, la valorisation de l’immeuble, le tout lissé éventuellement sur une durée de prêt. 

Une fois le projet (enfin) voté, s’ouvre la phase des travaux avec le suivi du chantier et sa réception. Il reste une dernière étape à ne pas négliger, c’est l’après-travaux, insiste l’Agence parisienne du climat. Le conseil syndical, le syndic et les éventuels accompagnateurs doivent mettre en place un suivi des consommations, former les copropriétaires aux éco-gestes et renégocier éventuellement les contrats de fourniture d’énergie.