[N°659] - Contrôle d’accès en copropriété : Les solutions pour faire rimer sécurité et praticité

par Paul Turenne, auteur
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Avec un taux de remplacement global des installations estimé entre 5 à 7 % par an dans les logements collectifs, le marché de l’interphonie ne connaît pas la crise.

Alors que la sécurisation des accès des copropriétés est devenue incontournable, focus sur les solutions existantes en la matière.

 

 

Inutile de se le cacher : une copropriété qui décide d’installer ou de renforcer un système de contrôle d’accès le fait rarement sans raison !

Recrudescence d’intrusions, dégâts ou vols dans les parties communes, cambriolages…

Autant de désagréments qui peuvent expliquer la volonté des copropriétaires de mieux limiter les accès. Et ce, y compris lorsqu’une majorité d’entre eux est bailleur, sachant que tout propriétaire doit garantir à son locataire une «jouissance paisible des lieux» (art. 6 de la loi du 6 juillet 1989 et art. 1719 du Code civil).

Certes, l’article 1725 du Code civil précise que «le bailleur n’est pas tenu de garantir le preneur du trouble que des tiers apportent par voies de fait à sa jouissance, sans prétendre d’ailleurs aucun droit sur la chose louée ; sauf au preneur à les poursuivre en son nom personnel».

Néanmoins, le bailleur aura tout intérêt à faire en sorte que l’immeuble en lui-même ou sa réputation ne se dégrade outre mesure, du fait d’un contrôle d’accès déficient.


 

Clavier codé : économique mais basique

La solution la plus simple, la plus économique et la plus répandue reste encore et toujours le traditionnel clavier codé. Il est à noter que le terme Digicode® est marque déposée (fabricant CDVI Group). Le clavier permet d’activer une gâche électrique, le plus souvent de manière filaire, et ainsi d’ouvrir la porte à toute personne détentrice du bon code.

Force est de constater que ce système présente plusieurs inconvénients. À commencer par le code en lui-même très facilement transmissible ou récupérable via une simple observation ; et qu’il convient donc de changer régulièrement pour une réelle efficacité. Si certaines solutions permettent de gérer ces changements de code d’accès via une application smartphone, bien souvent, il faut passer par un prestataire… et donc payer.

Par ailleurs, aucune communication avec l’occupant d’un logement n’est permise et, par voie de fait, ouvrir à distance la porte s’avère impossible, sans l’ajout d’un portier interphone.


 

Interphone et vidéophone : confort et praticité

Composées d’une platine extérieure, qui annonce l’arrivant, et d’un élément intérieur permettant à l’occupant de connaître l’identité de son interlocuteur, les installations avec portier interphone (son) ou vidéophone (images en plus) connaissent un succès croissant ; que ce soit du fait de l’évolution des besoins (volonté de maîtriser plus facilement les accès en particulier), mais aussi de la technologie qui a permis une nette baisse des coûts.

Deux grands types de technologie – filaire et sans fil – s’affrontent, avec pour chacune des avantages et des inconvénients.

Systèmes filaires : surtout pour le neuf ou la rénovation d’installations existantes.- Dans le cas d’un système filaire, les éléments extérieurs et intérieurs sont reliés par des fils de 2,5 mm de diamètre conduisant les données audios, voire vidéos au sein de chaque appartement. Faute d’installation existante, cela implique donc de poser des goulottes, voire de creuser des saignées dans les murs sur de grandes longueurs. De quoi expliquer que cette solution soit très rarement mise en œuvre ex nihilo, mais plutôt sur du neuf ou en cas de rénovation d’une solution du même type. En revanche, la fiabilité s’avère excellente pour peu que la pose ait été faite dans les règles de l’art.

Sans-fil : une technologie qui ne manque pas d’atouts.- Pour des installations ou des rénovations rapides et moins coûteuses au sein de grands ensembles dépourvus d’interphones, la solution sans-fil s’avère bien plus intéressante. Et pour cause : la main-d’œuvre et la fourniture réduite, font baisser très significativement la facture, quand bien même il convient de prévoir d’autres frais. Les interphones sans-fil présentent l’avantage d’être rapidement installés sans nécessiter de pénétrer au sein de chaque logement pour le câblage. Aucun abonnement n’est nécessaire pour les résidents hormis celui de la carte Sim de l’interphone lui-même. Toutefois, certains fournisseurs de solutions en interphonie peuvent faire payer un abonnement pour la gestion de ce dernier. In fine, des coûts de fermeture et de sécurisation d’une résidence trois à huit fois moins élevé qu’avec un système conventionnel.

Si des interphones sans fil fonctionnant par ondes radios type Wi-Fi ou Bluetooth peuvent parfois s’avérer sensibles à certaines interférences, tel n’est pas le cas des solutions s’appuyant sur les ondes mobiles 3G ou 4G. Il devient ainsi possible de répondre à un appel audio ou vidéo du visiteur avec un téléphone mobile (c’est le cas par exemple avec le boîtier pour module de transfert d’appel «Call Me» du fabricant Urmet). Mais aussi de lui ouvrir à distance, où que l’on se trouve ! Pratique, par exemple en cas de livraison ou d’intervention d’un professionnel en cas d’absence. Pas d’inquiétude pour les personnes ne disposant pas d’un téléphone connecté : la communication peut alors se faire en audio via le réseau téléphonique classique.

Pour les interphones sans-fil connectés au réseau téléphonique GSM / 3G, voire 4G, il est également possible de se connecter à des applications mobiles sur l’App Store ou Google Play, sans qu’il soit ainsi nécessaire de se raccorder à un autre boîtier. Avec, à la clé, bien souvent des fonctionnalités et services supplémentaires (zoom, historique des visites en cas d’appel manqué, accès aux vidéos sur de multiples écrans, etc.).

Des options de sécurité renforcée à étudier selon les cas de figure.- La technologie a considérablement évolué en quelques années et permet désormais de répondre à de larges besoins. Et ce grâce à des options offrant un degré de protection accru.

Certains interphones équipés d’une caméra haute définition à vision nocturne, peuvent ainsi se connecter à un système de sécurité plus global. Des platines peuvent même détecter des bruits inhabituels pendant la nuit et diffuser alors automatiquement un message vocal pour faire fuir les auteurs des troubles. En cas d’ouverture forcée de la porte, le système peut, par ailleurs, déclencher une alarme, voire contacter une agence de sécurité et envoyer automatiquement par courriel une séquence d’images de la caméra.


 

Vigik : pratique mais pas infalsifiable

Développé pour remplacer les canons PTT très largement dupliqués, le système de contrôle d’accès Vigik® permet de supprimer les clés au profit de badges électroniques, (en théorie) infalsifiables. La technologie Vigik permet ainsi un accès automatique aux prestataires de service tels que La Poste ou EDF, mais aussi aux services de secours et d’incendie devant intervenir dans les parties communes de l’immeuble. Les opérateurs et prestataires de service qui souhaitent accéder aux immeubles équipés du système Vigik doivent ainsi à la fois disposer de badges, mais également d’un dispositif de chargement, leur permettant de renouveler les informations de leur badge valide pendant une durée limitée.

Pour les résidents, les badges programmés nominativement sont distribués et gérés par le syndic de copropriété. Ils permettent uniquement l’ouverture de la porte pour laquelle ils ont été configurés, sans limite de temps.

Il convient de distinguer ces badges «résidents», des badges Vigik qui ressemblent en général à une carte bancaire mais toute blanche, sans puce apparente.

À noter : l’immense majorité des badges fonctionne sur une bande de fréquence de 13,56 Mhz, tout comme les puces équipant les smartphones. Pour peu que ces derniers disposent de la technologie NFC, il est possible, via une application Android, de lire les données des badges. Puis, le cas échéant, de les copier sur des badges vierges de deuxième génération. Une manipulation qui n’est pas à la portée du premier venu, mais pas impossible.

Contrôle d’accès via Bluetooth et smartphone : une alternative intéressante pour les accès aux garages.- Le système Novaccess® assure l’ouverture d’un portail via la technologie Bluetooth Low Energy (peu consommatrice d’énergie). Concrètement, le système se compose d’un boîtier connecté sur place, d’une base de gestion professionnelle pour les gestionnaires et d’une application smartphone pour l’utilisateur final (l’application Novaccess est disponible gratuitement sur iPhone et Android, sur les App Store et Google Play Store). La liaison application-boîtier est sécurisée par une clef cryptée, de manière à pouvoir bloquer les connexions intrusives.

Le principal avantage de cette application est la possibilité de partager ses accès avec un tiers (locataire, famille, amis…) en toute sécurité, de manière temporaire ou permanente. Lorsque l’invité est devant le portail, il lui suffit alors de télécharger l’application et de sélectionner l’iBadge. Le portail ne s’ouvre que si l’invité est à l’adresse indiquée.

Utilisant une fréquence de 2 400 MHz, sur de faibles portées, cette technologie ne peut donc pas, selon le fabricant, être parasitée même dans des environnements saturés par les fréquences radio et GSM. Par ailleurs, la nécessité, par nature, de se connecter à portée du portail évite les intrusions à distance ou par des personnes qui ne seraient pas habilitées.

En se connectant sur la base de gestion Pro ou sur smartphone, le gestionnaire global peut délivrer un accès, à tout moment et de n’importe où. Selon la durée de la prestation, il est possible de donner un accès permanent ou temporaire selon un planning, mais aussi d’annuler l’accès à tout moment.

À noter : le boîtier connecté est installé en parallèle d’un système classique et ne se substitue donc pas à l’ouverture par le bip.

 

À retenir

Pour tous projets de travaux électriques et énergétiques, faire appel à un professionnel disposant d’un certificat Qualifelec, permettant de facilement s’assurer des compétences de l’entreprise qualifiée.


 

Contrôles d’accès : les règles à respecter en copropriété

La majorité des voix de tous les copropriétaires (art. 25) devait auparavant être atteinte pour permettre l’installation d’un système de contrôle d’accès dans une copropriété (loi du 13 juillet 2006 concernant la sécurité anti-effraction dans les immeubles). Mais la loi ALUR a abaissé la majorité nécessaire. Désormais, cette décision doit être votée à la majorité de l’article 24, soit les copropriétaires présents, représentés ou ayant voté par correspondance lors de l’assemblée générale ; les abstentionnistes n’étant pas comptabilisés. Idem pour les décisions concernant les contrats de maintenance et les réparations de tels équipements.


 

Modalités d’ouverture : un choix à valider en AG

Faut-il maintenir fermé l’immeuble en permanence ou prévoir des plages horaires d’ouverture au grand public ? Dans une logique de sécurisation maximale, la première solution semble évidente. Cette fermeture totale ne nécessite du reste pas de vote en assemblée générale. Mais elle sera, en revanche, impossible en cas d’existence d’une activité professionnelle ou commerciale autorisée par le règlement de copropriété, sauf à l’unanimité.

Dès lors, il conviendra de définir la plage horaire pour le libre accès de la résidence (le plus souvent entre 9 heures et 19 heures) et de voter cette décision à la majorité des voix de tous les copropriétaires (L. 1965, art. 25g), voire à la majorité de l’article 24 grâce à la passerelle de l’article 25-1. Bien évidemment, ces horaires devront être compatibles avec toutes les activités professionnelles ou commerciales au sein de la copropriété. Ce qui explique qu’un simple clavier codé rendant impossible l’ouverture à distance ne suffisent pas et qu’un interphone soit alors, a minima, nécessaire.


 

Quid de l’accessibilité ?

Dans une logique d’inclusion des personnes handicapées, l’arrêté du 1er août 2006 prévoit des exigences bien précises pour la pose ou la rénovation de tout système de contrôle d’accès ou de communication entre les visiteurs et les occupants. Elle doit ainsi se faire à une hauteur comprise entre 0,90 et 1,30 mètre. Par ailleurs, les boîtiers doivent être situés à plus de 40 cm d’un angle rentrant de parois ou de tout autre obstacle empêchant l’approche d’un fauteuil roulant.

En ce qui concerne le système d’ouverture des portes, il doit impérativement être utilisable aussi bien en position debout qu’assis. Enfin, les dispositifs de déverrouillage électrique doivent laisser le temps à une personne à mobilité réduite d’atteindre la porte et de procéder à son ouverture avant qu’elle ne soit à nouveau verrouillée. Une règle de bon sens, tout aussi utile pour des personnes avec poussette ou âgées, voire sans difficultés particulières mais les bras chargés de courses par exemple !

À noter : l’arrêté de 2006 n’impose ces exigences que pour les immeubles dont la date de dépôt du permis de construire est postérieure au 1er janvier 2007. Pas d’obligation particulières sur des immeubles plus anciens, donc, même si la copropriété aura bien évidemment tout intérêt à respecter ces contraintes techniques, dès lors qu’elles n’impliquent pas des surcoûts trop importants. Les platines peuvent du reste intégrer des touches avec marquage en braille et un code d’appel pour les personnes malvoyantes. Mais aussi des messages vocaux et l’intégration d’une boucle magnétique pour les visiteurs porteurs d’un appareil auditif.