Cas pratique
Mario Tamburrini, gestionnaire de travaux pour le cabinet Loiselet et Daigremont sur la Résidence Aquitaine basée à Boulogne-Billancourt
Les IRC : Pouvez-vous nous présenter l’installation réalisée dans la résidence Aquitaine ?
Sur cette copropriété de 378 lots, 465 compteurs d’eau froide et 464 compteurs d’eau chaude télérelevés ont été installés. A chaque étage, des relais interrogent les compteurs et enregistrent les index. Tous ces relais sont reliés entre eux par une ligne téléphonique qui permet le transfert des résultats directement au syndic, tous les mois.
Tous les deux mois, nous éditons des listings indiquant les consommations les plus importantes et celles très basses (qui peuvent signifier une anomalie sur le compteur ou des copropriétaires absents). Ces listings sont ensuite transmis à la gardienne qui se charge de rencontrer les personnes concernées ou envoie leurs coordonnées à la société chargée de gérer l’entretien.
Comment cette décision a t-elle été prise ?
La décision a été votée en assemblée générale en mai 2003, suite aux difficultés rencontrées par la copropriété pour les relevés manuels des compteurs. Le nombre d’appartements inaccessibles était en effet devenu trop important pour garantir la fiabilité du comptage. Ce phénomène était également accentué par le fait que de nombreux copropriétaires disposant d’une résidence secondaire, étaient absents plusieurs mois d’affilée par an. Par ailleurs, nous devions faire face à des contestations de résidents se plaignant, par exemple, que deux chiffres avaient été inversés lors du relevé de leur index.
Le remplacement des anciens compteurs d’eau chaude et d’eau froide par des nouveaux avec une bague anti-fraude a donc été réalisé dans la foulée. A noter, que l’installation des compteurs d’eau froide a nécessité le sectionnement de chaque canalisation privative.
Quel coût cela représente-t-il pour les copropriétaires ?
En ce qui concerne les compteurs d’eau froide, l’installation a coûté fin 2003, 50,21 € TTC par compteur. Les coûts pour la location, l’entretien et le relevé s’élèvent à 19,64 € TTC par an.
Pour l’eau chaude, l’installation, plus simple, a coûté 13,05 € TTC par compteur. La location, l’entretien et le relevé reviennent, comme pour l’eau froide, à 19,64 € TTC par an.
Avez-vous rencontré des problèmes lors de l’installation ?
Nous aurions pu avoir des soucis avec les robinets d’arrêt d’eau privatifs, si certains s’étaient avérés défectueux. Voilà pourquoi, nous avons procédé à une campagne de sensibilisation avant le remplacement des compteurs, en demandant aux copropriétaires de vérifier que leurs robinets fonctionnaient bien. En cas de problème, ces derniers ont ensuite été remplacés gratuitement avant le début des travaux, ce qui a permis d’éviter un étalement trop important dans le temps.
Au moment de l’intervention en tant que telle, les techniciens ont pu faire quelques découvertes surprenantes, comme chez ce copropriétaire qui avait scellé la trappe d’accès aux canalisations pour des raisons esthétiques, ou chez cet autre qui avait ouvert la gaîne sur toute la longueur pour en faire une étagère !
De manière générale, le taux de pénétration a été particulièrement bon. Au final, seul un appartement est passé à travers les mailles, le propriétaire ne s’étant pas préoccupé du fait que son locataire ne s’était jamais rendu disponible pour les techniciens. Nous nous en sommes rendus compte lorsque le locataire suivant s’est interrogé sur la facturation de compteurs radio-relevé inexistants chez lui.
La copropriété a t-elle pu en retirer des bénéfices ?
La première année, les bénéfices ont été nuls. Les copropriétaires étaient en effet habitués à une répartition aux tantièmes et n’ont donc pas fondamentalement changé leurs habitudes de consommation. Puis, quand ils ont vu arriver leurs charges, les plus consommateurs, comme les familles nombreuses ou ceux dotés d’une robinetterie mal entretenue se sont aperçus que la note avait fortement gonflé. A l’inverse, les plus économes ont réalisé d’importantes économies. Il y a donc eu une saine émulation qui a permis de diminuer la consommation globale. En six ans, nous avons ainsi pu baisser le forfait eau potable entre 5 et 10 %. Et nous ne désespérons pas de le baisser encore, car les gens font davantage attention à leur consommation.
Et le syndic ?
La gestion s’en trouve clairement facilitée. Les données sont lues directement par notre système informatique et transmis dans la foulée à la comptabilité. Si les comptes s’arrêtent au 30 septembre, je peux ainsi disposer des relevés au 1er octobre. Cela nécessite tout de même de bien réfléchir dès le départ avec l’exploitant sur la procédure à suivre, en fonction des logiciels utilisés par le syndic et de sa configuration informatique. Il s’agit donc d’un système doublement avantageux, si toutefois le syndic dispose du matériel adéquat pour favoriser le travail des comptables.
Avez-vous dû faire face à des craintes ou à des réclamations au cours de l’installation ou peu après ?
Les réclamations quant au fonctionnement ont été quasi-nulles une fois les travaux achevés. Sur les 931 compteurs installés, un ou deux ont pu se révéler défectueux, mais ils ont été immédiatement remplacés. En revanche, nous avons dû rassurer certains copropriétaires «victimes du syndrome Big Brother» qui avaient l’impression que l’on allait ainsi les surveiller. Il faut dire que la télé-réalité démarrait à l’époque et nous avons dû leur expliquer qu’il n’y avait pas de caméra sur les compteurs, mais un simple module radio !
En savoir plus :
Compteurs Farnier : www.techem.fr
Océa : www.ocea-france.com
ista-CIS : www.ista.fr
Veolia Habitat Services : www.veoliahabitatservices.fr
Ecometering : www.ecometering-gdfsuez.com
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