[N° 575] - L’humidité : les causes et les solutions techniques

par Paul TURENNE
Affichages : 63231

Index de l'article

Très destructeurs à plus ou moins long terme, les problèmes d’humidité perdurent tant qu’ils ne sont pas pris à bras le corps. Le point sur les causes les plus fréquentes et sur les solutions existantes pour éviter que les parties structurelles du bâti ne soient irrémédiablement dégradées.

Paul Turenne

 
Humidité ascensionnelle sur un mur non respirant visualisée par thermographie infrarouge
Crédit : DR

Parois humides, condensation sur les fenêtres, papiers peints cloqués… Si les conséquences apparentes d’un bâti présentant un taux d’humidité excessif sont bien connues, d’autres peuvent se révéler plus insidieuses. Et quand elles apparaissent, il est bien souvent trop tard pour régler le problème rapidement. Quoi qu’il en soit, la gestion de l’humidité en copropriété n’est pas chose aisée, tant les paramètres à prendre en compte et les facteurs aggravants sont nombreux. D’autant que les origines possibles sont multiples.
Au premier rang des sources d’humidité, se trouve la condensation, phénomène causé par la transformation en eau, au contact de parois froides, d’un air intérieur chargé en vapeur d’eau. A la clé : humidité, voire ruissellement d’eau sur les murs et fenêtres, champignons noirs aux emplacements dotés d’une faible isolation thermique ou sur les joints de carrelage. Paradoxalement, les problèmes de condensation, exacerbés en hiver, se sont multipliés depuis que les logements ont gagné en efficacité énergétique. Le bâti est, en effet, davantage isolé, chauffé, mais moins aéré la plupart du temps, faute de systèmes de ventilations mécaniques contrôlées efficaces. Une configuration fréquente dans les immeubles anciens rénovés qui empêche la vapeur d’eau de s’échapper. Sans surprise, ce phénomène touche particulièrement la cuisine et la salle de bain, deux pièces fortement chargées en vapeur d’eau.

Humidité ascensionnelle

Deuxième source importante d’humidité : les remontées capillaires. L’humidité contenue dans le sol va remonter dans les murs enterrés jusqu’à environ 1,50 mètre de hauteur, parfois plus. Le principe de capillarité, similaire à celui qui s’applique au sucre trempé dans un café, touche des murs dont les fondations sont en contact avec de l’eau et dont les matériaux deviennent poreux, les rendant ainsi perméables. L’humidité ascensionnelle en provenance du sol est, d’ailleurs, l’une des causes des problèmes d’humidité les plus courantes dans les bâtiments anciens, ces derniers n’étant généralement pas munis de membranes d’étanchéité au pied des murs. Plus le réseau capillaire va être fin, plus l’eau va remonter haut, a fortiori lorsque la concentration des sels dans la maçonnerie est très élevée, ou lorsque l’évaporation est rendue difficile ou impossible par la présence d’enduits bitumineux, de cimentages compacts ou de feuilles étanches.

De nombreux signes permettent de penser que l’on se trouve en présence de remontées capillaires. Ainsi, les murs sont surtout humides dans leur partie basse avec, en intérieur, la migration en surface des sels en provenance du sol, l’apparition de salpêtre, de petits champignons, des plâtres et des enduits qui s’effritent, des papiers peints qui se décollent et des revêtements de sol qui pourrissent. En extérieur, le crépi va se dégrader avec l’apparition d’auréoles, voire de cloques. Dans tous les cas, l’isolation thermique va s’en trouver dégradée.

Recherche de fuites à l’aide d’une sonde à neutrons - Crédit : DR

Attention aux infiltrations

En cas de fissures dans les murs, de problèmes d’étanchéité ou de gouttières bouchées, de l’eau va pouvoir pénétrer dans les parois ou le toit de l’immeuble. Faute de régler le problème à la source, les murs ainsi imbibés vont rapidement se dégrader. Idem en cas de problèmes d’évacuation d’eau ou de canalisations déboîtées, obstruées, perforées ou fissurées. A la phase d’identification de l’origine du désordre va succéder sa résolution, puis l’assèchement de l’ouvrage.
Le traitement des murs s’impose dès le début des travaux de rénovation, l’assèchement des murs après intervention pouvant se révéler assez long, suivant leur épaisseur et les conditions hygrothermiques ambiantes, empêchant ainsi la mise en œuvre des finitions. Dans le cas des remontées capillaires, une concentration élevée de sels contenus dans la maçonnerie, en particulier de nitrates, peut fortement compromettre l’assèchement des murs. Un décapage des enduits contaminés et le grattage des joints endommagés seront donc indispensables.

Associés à un traitement de fond, les déshumidificateurs permettent de diminuer significativement le taux d’hygrométrie d’un logement, améliorant par là même le confort des occupants.
Crédit : Pro-idée

Diverses solutions sont ensuite possibles. La mise en place de produits hydrofuges liquides par injection sous pression, bien que très efficace quand elle est effectuée dans les règles de l’art, nécessite l’introduction dans le mur de grandes quantités de solvants (eau ou white spirit), ce qui prolonge considérablement le temps de séchage. Des produits plus simples à mettre en œuvre sont aujourd’hui disponibles sur le marché sous forme de gel, comme celui commercialisé par la société Dryzone. Ce gel va se servir de l’humidité présente dans le mur pour se diffuser à travers toute l’épaisseur du mur. Puis il va se transformer en une résine hydrofuge au bout de trois semaines, afin d’assurer une diffusion maximale du produit, jusque dans les capillaires les plus fins qui transportent le plus d’eau. Le remplacement de l’enduit contaminé par une finition appropriée respirante clôturera le traitement.

Autre solution, particulièrement simple à appliquer : l’assèchement électronique des murs, avec notamment les appareils mis au point par les sociétés AquaRaid ou mur-tronic. Ces derniers, envoyant de très faibles signaux électromagnétiques au système capillaire, modifient en permanence la polarité aux couches de séparation des charges dans les capillaires. L’effet des champs électromagnétiques naturels est ainsi neutralisé par la création d’un contrechamp naturel en opposition de phase, ce qui annule la cause des remontées capillaires. Le transport de l’eau vers le haut du mur est donc stoppé naturellement et les murs s’assèchent, même dans des ambiances ou environnements très humides.

L’assèchement électronique des murs présente l’avantage d’être non destructif. - Crédit : AquaRaid

Dans tous les cas, il conviendra de bannir les traitements «cosmétiques» à l’aide d’une couche d’enduit ou de peinture qui ne feront que masquer un temps le problème, voire contribueront à l’accentuer en bloquant l’humidité dans le mur.