Copropriété : Utiliser la fibre optique en copropriété

par Paul TURENNE, rédacteur
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Copropriété fibre optiqueDans un monde toujours davantage connecté et où les usages s’avèrent de plus en plus gourmands en bande passante, une connexion à très haut débit en fibre optique possède de sérieux atouts. Usages, installation, obligations… Le point sur ce qu’il faut savoir en la matière.

Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 679 de juin 2022

Qu’est-ce qui permet un débit internet plus de dix fois supérieur à celui d’une connexion ADSL et rend possible les usages simultanés – téléphone, courriel, vidéo, télévision… – sans  restriction ? La fibre optique bien sûr !

 

Sur le plan de la navigation internet, tout d’abord, elle permet, en toute logique, des téléchargements ou des envois de fichier bien plus rapides. Il devient également possible de profiter de la même connexion à plusieurs au sein d’un foyer avec une qualité constante, quelle que soit l’activité des autres personnes. Mais également d’un meilleur signal, du fait d’une plus grande résistance aux interférences électromagnétiques. Autre avantage significatif : un débit symétrique. En clair, la fibre offre un débit élevé, aussi bien en réception (téléchargement) qu’en émission (téléversement).


Cartefibre.arcep.fr : un outil très efficace pour vérifier sa couverture en fibre optique

Comment savoir si la fibre est arrivée près de chez vous, ou si son installation est en cours ou programmée ? L’Arcep, surnommé le gendarme des télécoms, met à disposition de tous une carte régulièrement actualisée des déploiements fibre pour les immeubles et maisons (FttH) : https://cartefibre.arcep.fr

En quelques clics, il devient ainsi possible d’accéder aux informations détaillées de couverture pour une commune ; voire pour une adresse spécifique, lorsque l’on zoome au niveau d’un quartier. Les adresses répertoriées par les différents opérateurs d’infrastructure sont alors affichées et représentées par une pastille, dont la couleur varie suivant l’état d’avancement du déploiement.

Un « mode avancé » permet en outre d’accéder à des informations plus détaillées :

• une vue des départements pour visualiser le taux de couverture FttH par département ;

• une vue avancée des communes pour obtenir des informations supplémentaires sur les opérateurs déployant les réseaux et leurs intentions de déploiement ;

• une vue par zone arrière de point de mutualisation (ZAPM) pour visualiser l’infrastructure FttH à cette maille technique ;

• une vue des zones réglementaires du FttH qui permet d’identifier les communes des zones très denses, en distinguant les poches de basse densité du reste des zones très denses.


Bande passante ?

Les principales activités sur lesquelles la bande passante a un net impact sont les suivantes :

le streaming via des applications comme Netflix, OCS, Amazon Prime Video, myCANAL…

les jeux vidéos en ligne

les appels VoIP, avec notamment un impact sur la qualité du son et de l’image lors de vidéoconférences.

Voici la liste des débits minimaux exigés en fonction des activités domestiques :

• courriel : 0,5 Mb/s ;

• navigation web : de 0,5 Mb/s à 1 Mb/s ;

• écoute de musique en streaming : 0,5 Mb/s ;

• appels téléphoniques VoIP : 0,5 Mb/s ;

• vidéos en streaming : 0,7 Mb/s ;

• visionnage de films simples en streaming :1,5 Mb/s ;

• films HD en streaming : 4 Mb/s ;

• vidéoconférence : 1 à 4 Mb/s ;

• jeu en ligne : 1 à 4 Mb/s, selon que le jeu se joue seul ou en multijoueurs

 

Attention ! Ces débits minimums (qui doivent être cumulés pour chaque usage simultané) varient fortement selon les jeux et les fournisseurs de films en streaming. Ils peuvent donc se révéler très insuffisants dans certains cas. Par exemple, YouTube et Amazon Prime Video sont capables d’atteindre des consommations de 15 Mb/s pour le premier et de 30 Mb/s pour le second.

 


Des débits maximaux théoriques… 

C’est un fait, les opérateurs d’accès à Internet via la fibre optique promettent monts et merveilles, avec des débits maximaux pouvant aller jusqu’à 2 Gbit/s pour Orange, SFR et Bouygues, voire même un stratosphérique 8 Gbit/s pour Free. Mais il faut bien garder en tête que ces chiffres sont théoriques, puisque le débit moyen tourne le plus souvent autour de 200 Mbits/s, avec un minimum de 100 Mbits/s.

Pour autant, malgré cet écart entre les chiffres affichés et les valeurs réelles observées, les performances de la fibre sont indéniables si l’on songe que l’ADSL plafonne au mieux à 20 Mbits/s dans sa dernière version optimisée.

Autre facteur à avoir en tête : la qualité de la connexion dépend essentiellement de l’équipement utilisé. Et ce quelle que soit la technologie choisie pour accéder à Internet. L’usage du Wi-Fi, en particulier, bride considérablement la puissance du débit et doit être réservé aux petits appareils portables ou tablettes, faute de mieux. Pour profiter d’un débit de connexion maximum, le bon vieux câble éthernet relié directement à la box reste un incontournable.

 


Déploiement national à marche forcée

Au sein des « zones très denses », constituées des 106 communes françaises les plus denses, les opérateurs qui se partagent le marché français (Orange, SFR, Bouygues et Free) assurent le financement et le déploiement complet du réseau de fibre optique.

L’opérateur qui équipe un immeuble doit installer un réseau vertical partagé avec les autres opérateurs, qui peuvent alors venir s’y raccorder. Propriétaires, syndicats de copropriétaires et opérateurs d’immeuble sont tenus de permettre l’accès des habitants à la fibre optique et aux offres de plusieurs opérateurs.

 A contrario dans certaines zones périurbaines et rurales, la responsabilité financière du fibrage incombe aux collectivités locales. Le réseau est ensuite loué aux opérateurs qui se chargent de l’exploiter.

Seul point commun entre ces deux types de zones, des frais de raccordement au sein du domicile peuvent être réclamés par l’opérateur au client final, même si la forte concurrence au sein du secteur joue plutôt en faveur de ce dernier.

 


Pour les locataires aussi

L’occupant d’un logement, qu’il soit propriétaire, copropriétaire, locataire ou occupant à titre gracieux, bénéficie d’un « droit à la fibre » (Loi n° 2008-776 du 4 août 2008 de modernisation de l’économie).

Pour faire jouer son « droit à la fibre », un locataire doit adresser une lettre recommandée à son bailleur qui ne peut s’y opposer sans raison, selon le décret n°2009-53 du 15 janvier 2009. Si le bailleur refuse, il dispose ainsi d’un délai de trois mois pour justifier sa décision s’il s’agit d’un motif « légitime et sérieux », lorsque l’installation est déjà effectuée ou en cours de procédure. Voire de six mois pour tout autre motif. Outre faire appel au médiateur des télécoms, le locataire peut saisir le tribunal judiciaire dont il dépend pour faire appliquer la loi.


A retenir :

• Un syndicat de copropriétaires ne peut refuser de faire installer la fibre dans l’immeuble et de choisir un opérateur, sauf en cas de motif sérieux et légitime, tel que la préexistence d’un réseau en fibre optique dans l’immeuble.

• Toute proposition d’un opérateur pour installer la fibre optique dans un immeuble est inscrite de droit à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale des copropriétaires. Celle-ci doit statuer sur cette proposition au plus tard dans les douze mois suivant sa date de réception par le syndicat des copropriétaires.

• L’installation de la fibre est réalisée aux frais de l’opérateur, sauf lorsque le propriétaire, le syndicat de copropriétaires ou l’association syndicale de propriétaires a refusé deux offres consécutives de cet opérateur dans les deux ans qui précèdent.

• Afin de permettre une concurrence loyale, les opérateurs doivent attendre trois mois après la mise à disposition du point de mutualisation pour mettre en service leurs offres fibre au sein d’un immeuble.

• L’occupant d’un logement peut souscrire un abonnement chez l’opérateur de son choix, notamment chez un opérateur différent de celui qui a équipé l’immeuble en fibre optique.