[N° 604] - Optimiser l’isolation thermique par l’intérieur

par Paul TURENNE
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Si les avantages de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) sont nombreux, sa mise en œuvre n’est pas forcément possible suivant les configurations du bâti. L’isolation par l’intérieur (ITI) peut alors être un excellent palliatif à moindre coût, sous réserve de bien préparer les supports à couvrir.

Incontestablement, une isolation intérieure réussie va permettre de valoriser un logement, tant du point de vue décoratif ou esthétique, que de celui de l’amélioration des performances énergétiques. Reste que la mise en œuvre de ces travaux ne s’avère pas simple, du fait de l’accès aux locaux privatifs qu’elle nécessite, avec toute la gêne que cela peut occasionner. Qui plus est, l’ajout de parois isolantes intérieures implique de déplacer l’intégralité des éléments d’équipements adossés au mur à isoler, comme les meubles de cuisine, les radiateurs, mais aussi et surtout, toutes les canalisations et réseaux divers… De quoi faire grimper la facture en fonction des configurations des appartements. Enfin, il faut aussi intégrer la légère perte de surface au sol qu’elle va entraîner.

Un choix par défaut

A épaisseur d’isolant égale, la performance de la paroi sera donc incontestablement meilleure avec une ITE qu’avec une ITI (sur l’ITE nous renvoyons nos lecteurs aux dossiers des numéros IRC 603 et 582). Par exemple, seuls 12,5 cm d’isolant seront nécessaires par l’extérieur pour atteindre un coefficient de transfert thermique U de 0,24 W/m².K. En répartissant cette isolation entre l’intérieur et l’extérieur, il faudra 20 cm. Enfin, cette performance sera tout simplement impossible à atteindre uniquement en isolant par l’intérieur. Sans compter que l’inertie du bâtiment s’en trouvera diminuée, avec, à la clé, un moindre confort en été.
L’isolation par l’intérieur s’avère pourtant parfois la seule solution possible à mettre en œuvre. Mais avant de démarrer l’isolation en tant que telle, il convient de traiter au préalable les ouvertures et la ventilation. De ces deux paramètres vont en effet dépendre le choix de l’isolant mais aussi la façon de le poser. Ce diagnostic préalable va avoir plusieurs objectifs indispensables au bon déroulement des travaux par la suite.

Les étapes de l’ITI

Premièrement, être fixé sur la composition et l’état de conservation des maçonneries et des joints. En cas de fissures apparentes, il conviendra d’identifier leurs causes afin d’appliquer un correctif. Les points particuliers, tels que les balcons, garde-corps, appuis, soubassements et linteaux devront par ailleurs faire l’objet d’un examen plus approfondi. Autres phénomènes à étudier de près : les migrations d’humidité, infiltrations et moisissures. Car l’application d’un isolant sans prendre les précautions nécessaires risque fort d’entraîner une dégradation prématurée de l’ensemble. Et donc, in fine, des frais plus élevés que prévus.
Face à des remontées capillaires, un traitement préventif sera nécessaire. L’un des plus efficaces s’avère être l’électro-osmose-phorèse qui consiste à repousser les remontées par application d’un courant électrique de faible intensité puis à les bloquer par injection d’une résine hydrofuge. De quoi assécher les murs les plus humides. Par ailleurs, tous les enduits existants à base de polymère devront obligatoirement être déposés car ils stockent la vapeur d’eau dans la masse, empêchant, de fait, sa migration naturelle. L’humidité stockée dans un mur risquerait alors de favoriser la dégradation de l’isolant et des finitions intérieures, tout en fragilisant la structure.
Ce n’est qu’une fois le support prêt et éventuellement assaini, que va s’effectuer le choix des matériaux isolants. Ces derniers peuvent être soit fixés mécaniquement par chevillage avec une ossature bois ou sur rails métalliques, soit collé sur la paroi existante. Par ailleurs, la pose d’un pare-vapeur peut s’avérer nécessaire en fonction de la perméabilité à la vapeur d’eau de l’isolant.

© Crédits: DR - Placo  / © Crédit ITILaineDeVerre DR


Vieux murs en pierre : respecter la perspiration !

Les vieux murs ont souvent été construits avec des matériaux qui laissent circuler l’humidité. Conserver le caractère perspirant de la paroi s’avère donc indispensable sous peine de rompre son équilibre. Il convient ainsi de privilégier des matériaux isolants hydrorégulateurs, notamment les matériaux naturels, tels que la laine de bois, le chanvre, ou bien encore le lin qui peuvent absorber une partie de la vapeur d’eau en migrant dans le mur. De quoi réduire la condensation. A l’inverse, les matériaux de type polystyrène doivent être évités car ils bloquent la circulation de vapeur d’eau. Même chose pour la laine de verre, mais pour des raisons inverses : celle-ci s’avère bien trop sensible à l’humidité.


Les ponts thermiques

Crédit : www.reglesdelart-grenelle-environnement-2012.fr

Contrairement à l’isolation par l’extérieur (ITE), celle par l’intérieur (ITI) possède, en effet, une emprise qui n’est pas négligeable. Selon le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), la surface habitable réduite si l’on isole efficacement par l’intérieur peut aller jusqu’à 6 %.
Autre inconvénient de l’ITI : les déperditions dues aux ponts thermiques s’avèrent plus élevées, ces dernières augmentant en cas d’absence ou de discontinuité de l’isolant. Or, cela peut être facilement le cas, par exemple, si l’isolant ne descend pas jusqu’en bas du mur, jusqu’au bout de la sablière dans les combles, ou bien s’il est coupé trop court en périphérie des menuiseries. L’Ademe estime ainsi que les déperditions causées par des ponts thermiques montent jusqu’à 25 % pour un immeuble isolé par l’intérieur, alors qu’elles ne représentent que 10 % en moyenne des déperditions totales d’un immeuble collectif non isolé.
De fait, si l’ITE permet d’assurer la continuité de l’isolation au niveau du plancher intermédiaire et ainsi d’éviter une fuite thermique importante, l’ITI ne va pas supprimer les ponts thermiques à la jonction entre les planchers intermédiaires et la façade. Idem pour la jonction entre cette dernière et les murs de refend (murs porteurs placés dans la structure du bâtiment).

Balcons et ponts thermiques. Lors d’une isolation par l’intérieur, la présence de balcons n’influe pas sur les performances énergétiques en bâti ancien. En effet, pour ces bâtiments, le niveau du balcon est décalé par rapport au niveau du plancher intermédiaire.
Sur les bâtiments plus modernes, son influence n’est pas prépondérante, mais il est cependant conseillé de proposer des solutions en «boîte dans la boîte» ou «continue entre les solives».

 


Les principaux points à surveiller pour une ITI réussie

Sécurité incendie. - Faute de mesures adéquates, la pose d'isolants en intérieur peut dégrader les performances d'un bâti en matière de sécurité incendie. Voilà pourquoi les travaux doivent respecter les recommandations de la circulaire du 13 décembre 1982. Le CSTB a, par ailleurs, édité un Guide de l'isolation par l'intérieur des bâtiments d'habitation contre les risques d'incendie, qui récapitule les actions à mettre en œuvre en fonction du type d'isolant choisi.
De manière générale, il s'avère indispensable d'habiller les panneaux isolants thermiques, quelle que soit leur nature, par des plaques de parement suffisamment épaisses et constituées d'un matériau de bonne densité. L'objectif est ainsi de retarder l'échauffement de l'interface parement-matériau isolant et de se prémunir contre l'occurrence précoce – voire très précoce dans le cas de plastiques alvéolaires non ignifugés – d'émissions de fumées, de gaz nocifs, avec des débits élevés de chaleur et une disparition de l'oxygène dans l'air. A noter également : en cas de changement de plancher pour minimiser les ponts thermiques, le degré coupe-feu du plancher au droit de l'isolation thermique installée devra impérativement être rétabli.

Protec'Spot® : une solution anti incendies et ponts thermiques
Comment limiter les risques d'incendies liés à la présence de spots encastrés dans des isolants de comble, tout en limitant les ponts thermiques ? Pour répondre à ce défi, le fabricant Efisol a conçu Protec’Spot®, un protecteur thermique qui limite l’élévation de la température intérieure (100°C) et extérieure (130°C) du capot situé dans l’isolation. Un haut niveau de performance de protection, permis par l'utilisation de vermiculite, minéral naturel aux vertus incombustibles et thermiques, qui offre de fortes garanties face aux risques de départs d'incendie. Ce matériau est, en effet, par nature, totalement incombustible (Euroclasse A).
Compatible avec tous les isolants mis en œuvre, qu'il s'agisse de panneaux, rouleaux et vrac de laine minérales ou ouate de cellulose, Protec'Spot® participe à l'amélioration de l’étanchéité à l’air des parois dans le cadre de la RT 2012. En effet l’encastrement de luminaires au sein de la paroi est responsable de nombreuses déperditions thermiques. Étant solidarisé à la surface avec un mastic-colle spécial, Protec'Spot® garantit donc une continuité parfaite de l’isolation au niveau des spots.

• Confort intérieur. - Comme pour toute isolation thermique, la ventilation du logement doit être revue en conséquence à la suite de la mise en œuvre d'une ETI. L'étanchéité à l'air du bâtiment étant modifiée, un système de ventilation peu performant risque d'entraîner une apparition de moisissures sur les parois froides et une dégradation de la qualité de l'air intérieur, avec des risques d'allergie.
Ce renouvellement d'air s'avère indispensable dans les pièces humides, l'idéal étant de l'assurer dans tout le logement avec des entrées d'air en pièces de vie et des grilles d'extraction en pièces humides. De manière générale, à défaut de poser un système de VMC efficace, les entrées d'air et les grilles de ventilation ne devront surtout pas être condamnées ou supprimées lors des travaux de rénovation.


• Acoustique. - Paradoxalement, la pose de plaques d'isolants peut dégrader les performances acoustiques d'un logement entre locaux contigus. Ce problème se pose, lors de l'utilisation de plaques d'isolants thermiques rigides et peu épaisses, de type polystyrène standard. A contrario, les isolants en fibres minérales et en polystyrène expansé élastifié ne vont pas du tout altérer les performances existantes, mais plutôt atténuer les bruits traversants.
 


Deux solutions originales

Métisse : les isolants à base de coton. - Entreprise agissant pour la réinsertion des personnes par la création d’emplois, Le Relais Métisse commercialise des isolants à base de coton issu de vieux textiles. Ces derniers sont défibrés puis transformés pour constituer des laines d’isolation performantes.
Cet isolant écologique baptisé Métisse® allie confort d’été et d’hiver, régulation hygrométrique et hautes performances acoustiques. Disponible en panneau, rouleau et flocon, sa particularité à épouser les formes et son traitement anti-feu sans sels de bore le rendent particulièrement adapté à la rénovation.
Parmi la gamme développée, on peut citer Métisse RT®, isolant sous forme de panneaux et rouleaux constitué de 85 % de coton et de 15 % de polyester, conçu pour s’adapter à toutes les applications (murs, sous-toitures, contre-cloisons…).
Autre forme intéressante pour l’isolation des combles perdus : Métisse Flocon®. Le matériau est mis en œuvre par soufflage pneumatique sur la surface d’un plancher ou entre solives ou solivettes d’un plafond suspendu à ossature apparente. N’alourdissant pas les planchers, il permet en outre, de combler tous les ponts thermiques.
A noter : l’ensemble de la gamme est certifié Acermi (Association pour la certification des matériaux isolants). Un label qui garantit que toutes les productions sont contrôlées et suivies par un tiers indépendant et qu’ils répondent aux exigences de la réglementation thermique française, RT 2012.
http://www.isolantmetisse.com

Hybris, l’isolant hybride en nid d’abeille. Autre solution innovante en matière d’isolation à signaler : Hybris®. Commercialisé par la société Actis, leader sur le marché de l’isolant mince multicouche réflecteur en Europe, cet isolant hybride alvéolaire possède une structure en nid d’abeilles. Destiné à l’isolation par l’intérieur des murs, toitures et combles, il est formé à partir de nappes de mousses de polyéthylène complexées sur des films métallisés de très faible émissivité. Une structure hybride qui lui permet de concilier à la fois la conductivité thermique de l’isolant, la résistance thermique des lames d’air qui peuvent lui être associées, ainsi que son étanchéité intrinsèque à l’air et à la vapeur d’eau. Imputrescible, léger et étanche, ce matériau ne dégage pas de fibres irritantes et de poussières, et est classé A+ aux composés organiques volatils (COV) selon la norme ISO 16000 pour la qualité de l’air intérieur.
Hybris® est disponible en panneaux de 600 x 1350 mm et dans une gamme d’épaisseurs variant de 30 à 165 mm, tous les 15 mm.
http://www.actis-isolation.com