[N° 562] - Photovoltaïque : quelles solutions techniques adopter ?

par Paul TURENNE
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Monocristallin, polycristallin, amorphe, intégré ou pas... Différentes technologies de modules photovoltaïques sont désormais disponibles sur le marché. Ce qu’il faut savoir avant d’entamer des démarches d’installation.

Paul TURENNE

L’installation de modules photovoltaïques dans une copropriété reste encore bien souvent à l’état de projet plus ou moins avancé. Trop compliqué, trop cher, difficile à rentabiliser à court terme... Un tel investissement n’est, en effet, pas facile à justifier et à faire voter en cette période de tension budgétaire. Pourtant, depuis les premiers modules encombrants, coûteux et aux faibles rendements, la technologie a fait d’importants progrès en matière de photovoltaïque .


Différentes technologies

Les modules les plus courants sont rectangulaires et rigides. De quelques centimètres d’épaisseur, ils utilisent les technologies du silicium cristallin. Certains ont des profilés encastrables et assurent eux-mêmes l’étanchéité de la toiture.

Silicium cristallin
Il s’agit de la technologie la plus répandue, puisqu’elle représente aujourd’hui environ 90% du marché. Ces cellules composées de fines tranches coupées à partir d’un seul cristal de silicium (monocristallin) ou d’un bloc de cristaux de silicium (polycristallin) possèdent un rendement variant entre 12% et 17%.

Couches minces (Thin Film)
Ces modules constitués de très fines couches d’un matériau photosensible déposées sur un support à bas-coût tel que le verre, l’acier inoxydable ou le plastique possèdent des coûts de production inférieurs à ceux de la technologie cristalline qui nécessite davantage de matière première. Toutefois, leur rendement (entre 5% et 13%) est en général moins élevé ce qui contrebalance l’avantage en termes de prix, une même puissance exigeant en effet davantage de superficie.

Cellules flexibles
Basées sur un processus de production similaire à celui des couches minces, ces cellules sont constituées d’un dépôt de matériau photosensible sur un plastique fin. Le tout est donc flexible, ce qui offre un champ de possibilité d’applications très large, en particulier pour l’intégration aux bâtiments sur les toitures et pour les applications domestiques. Cette technologie est toutefois peu répandue du fait de son rendement bien souvent insuffisant.

Photovoltaïque à concentration (CPV)
Encore très peu répandues dans le résidentiel, ces cellules sont destinées à fonctionner avec des rayons solaires concentrés. Placées à l’intérieur d’un collecteur, elle bénéficient d’une lumière du soleil concentré grâce à une lentille. La quantité de matériau photovoltaïque semi-conducteur utilisée est donc très faible et le rendement très élevé (entre 20 et 30%).


Les tuiles photovoltaïques

Par rapport à des panneaux « classiques », les tuiles photovoltaïques offrent un avantage certain concernant l’aspect esthétique qui peut grandement jouer notamment sur certains bâtiments anciens. Particulièrement innovantes, les tuiles actives photovoltaïques de la société Luxol basée au Bourget-du-Lac, se démarquent d’autres solutions de plusieurs points de vue. Un mini module avec des cellules en silicium monocristallin est encapsulée dans une tuile en verre qui remplace sans contrainte supplémentaire une tuile classique. Reliées entre elles, elles s’intègrent alors totalement à l’esthétique du bâtiment et aux éléments d’étanchéité. L’installation permet donc d’accéder au tarif de revente de l’électricité de 0,58 €/kWh. Autres avantages : un bon rendement de 17 %, et un entretien aisé. En cas de dysfonctionnement d’un module, il suffit de remplacer la tuile déficiente qui est, par ailleurs, recyclable du fait de son corps en verre. Enfin, ces tuiles résistent aux intempéries les plus violentes, y compris à la grêle.


 


Le vote en Assemblée générale

La création d’une structure annexe de type SARL ou autres, n’est pas nécessaire à la mise en place d’un système photovoltaïque sur le toit ou la façade d’une copropriété. Une fois le projet voté en assemblée générale, la copropriété pourra exploiter et vendre l’électricité photovoltaïque, grâce à un seul et unique contrat d’achat. Les recettes pourront alors venir en déduction des charges communes et tout excédent sera réparti au tantième de chaque propriétaire. Idem pour le crédit d’impôt prévu par la loi. Chaque propriétaire occupant pourra en bénéficier à hauteur de son tantième de participation, une installation en copropriété étant assimilable à plusieurs petites installations avec plusieurs propriétaires. Attention ! Pour bénéficier du crédit d’impôt, ainsi que de la TVA à 5,5% «chaque» petite installation devra être inférieure à 3 kWc. Cette limite de puissance s’applique donc pour chaque tantième d’installation, et donc à chaque propriétaire séparément. Il suffit alors de comparer la capacité totale de production du système avec le nombre de logements concernés dans la copropriété. A titre d’exemple, si une copropriété comportant 20 logements installe sur son toit un système de 50kWc, elle peut bénéficier de la TVA applicable à 5,5% car la puissance par logement n’excède pas 3 Kwc. Si la puissance par logement excède le dit seuil, il convient de vérifier que la production photovoltaïque ne dépasse pas le double de la consommation de l’habitation.
Mais avant toute chose, il faudra faire une demande de déclaration préalable de travaux auprès du service urbanisme de la ville. Lors du rendez-vous, le responsable du projet devra se munir d’un maximum d’informations sur l’installation envisagée : plans d’insertion du projet dans le site, état du bâtiment avant et après travaux, étude de faisabilité, ou bien encore photos vues de la rue ou en vis-à-vis afin d’accélérer la procédure.

Raccordement au réseau : les étapes à suivre
1. Demander le certificat ouvrant droit à l’obligation d’achat auprès de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) de sa région.
2. Effectuer une déclaration d’exploiter auprès de la Direction de la demande et des marchés énergétiques (DIDEME), direction compétente du ministère de l’industrie
3. Etablir un contrat de raccordement au réseau public d’électricité avec le gestionnaire de réseau. Il s’agit d’Électricité Réseau Distribution France (ERDF), le plus souvent. Deux options possibles :
vente totale de l’électricité produite
(recommandée, notamment pour une copropriété)
vente du sur-plus après auto-consommation
4. Signer un contrat d’achat avec le fournisseur d’électricité (EDF ou une entreprise locale de distribution) pour 20 ans.


Tarifs

Pour prétendre aux meilleurs tarifs de revente, la copropriété devra veiller à ce que les solutions mises en oeuvre soient bien considérées comme intégrées au bâti.