Plan de rénovation de l’habitat
Annoncé en mars 2013 par le Président de la République dans le cadre du plan d’investissements pour le logement, et officiellement lancé en septembre de la même année par le Premier ministre et Cécile Duflot, alors ministre de l’écologie, le plan de rénovation énergétique de l’habitat se donne ainsi pour objectif la réhabilitation de 500 000 logements par an à l’horizon 2017, dont 120 000 logements sociaux.
De fait, le parc immobilier existant présente des niveaux de performance énergétique faibles et, par conséquent, un gisement important d’économies. Autre chiffre révélateur : un million de foyers sont encore équipés de radiateurs anciens énergivores (dits “grille-pains”). Leur remplacement par un chauffage collectif efficient, par exemple au gaz, permettrait de supprimer une à deux tranches de centrale nucléaire…
Et pourtant, force est de constater qu’entre les paroles et les actes, il y a un gouffre. Les réalisations entreprises restent modestes par rapport aux enjeux. Avec 10 000 rénovations de type BBC (bâtiment basse consommation) par an, le niveau de performance global du parc ne s’améliore pas de façon suffisamment significative pour atteindre les engagements pris par la France.
Des mesures incitatives… qui ne le sont pas assez
Depuis quelques années, les mesures incitatives en faveur de la rénovation thermique des bâtiments (Crédit d’impôt développement durable CIDD, devenu crédit d’impôt pour la transition énergétique CITE, Eco-Prêt à taux zéro et certificats d’économie d’énergie) n’ont pas réussi à enclencher une dynamique efficace et suffisante. Et pour cause, la réalisation de bouquets de travaux – ou l’atteinte d’une « performance énergétique globale » minimale du logement, calculée par un bureau d’études thermiques – avec, pour seule finalité, la rénovation thermique s’avère peu adaptée à la réalité de la demande des ménages. Ces derniers demeurent en effet, essentiellement motivés par l’amélioration du confort de leur logement ou la valorisation de leur patrimoine.
Résultat : au rythme actuel, les objectifs de rénovation du parc pourraient bien ne pas être atteints, même si Philippe Pelletier, président du plan Bâtiment durable se montre moins pessimiste : « Au risque de surprendre, je continue d’affirmer que l’objectif de 500 000 rénovations à l’horizon 2030, n’est pas farfelu si les aides financières sur le papier se déploient. Cependant, l’obligation, votée par le Sénat, de rénover le parc privé d’ici 2020 à 150 kW/h/m²/an, nous semble [l’ensemble des membres du plan Bâtiment durable, ndlr] irréaliste. Ou c’est incantatoire et on laisse cet objectif en l’état, ou c’est sérieux et on prend des mesures. »
Pour Martial Saddier, au-delà de l’objectif chiffrée difficilement atteignable, c’est toute la chaîne qui doit être prise en compte : « Concernant le financement, il faut être clair. Aujourd’hui, si l’on avait 500 000 dossiers en cours pour l’année 2015 ou 2016, il y aurait un certain embarras [avec des entreprises pas en capacité de traiter cette demande, ndlr]. Il faut aller au-delà du discours. »
Crédit photo © Guillaume Hecht
Les Français, mal informés sur les aides Selon une enquête Ifop de septembre 2014 sur les Français, la transition énergétique et les collectivités menée à l’initiative d’Energie perspective et du laboratoire d’idées la “Fabrique des territoires innovants”, un propriétaire français sur trois envisage de faire des travaux de rénovation chez lui et deux sur dix envisagent de le faire d’ici moins de deux ans. Mais seuls 27 % des Français sont au courant des aides et subventions proposées par leur collectivité en cas de rénovation énergétique. Un déficit d’information préjudiciable alors que les aides peuvent financer jusqu’à 50 % de la note globale des travaux d’un ménage. « Si les collectivités sont focalisées sur la précarité énergétique, 90 % des ménages ont en réalité les moyens de se lancer dans des travaux. Sauf qu’ils ne passent pas le cap par crainte d’un mauvais résultat et par méconnaissance », estime Marc Desforges, délégué général de la “Fabrique des territoires innovants”. « Ils sont tellement perdus devant l’offre qu’ils passent de moins en moins à l’acte. Il faut amener autour de la table des tiers de confiance. Les collectivités doivent en faire partie, elles apportent de la fiabilité mais ne sont pas efficaces dans le passage à l’acte. Il faut également un acteur qui coordonne les artisans et accompagne les acteurs du projets de A à Z, sur le plan technique et financier, pour avoir une plus grande efficacité. » |
A noter : Les travaux d’économie d’énergie sont désormais votés à la majorité simple dans les copropriétés, avec un encouragement à l’installation de compteurs individuels. De plus, les règles d’urbanisme ne peuvent plus faire obstacle aux travaux d’isolation des bâtiments ou d’installation de production d’énergie renouvelable. Enfin, toutes les rénovations lourdes sur les bâtiments (réfection de toiture, ravalement de façade, extension de surface) doivent comprendre un diagnostic énergétique et être l’occasion de travaux d’efficacité énergétique. |