Parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir, un bon entretien des canalisations permet à la fois d’éviter de gros dégâts en copropriété et de faire baisser sa facture d’eau. Mais comment éviter un sinistre des eaux ? Comment prévenir les fuites ?
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Un robinet qui fuit peut perdre jusqu’à 120 litres d’eau par jour et engendrer une hausse de 350 euros par an. Une chasse d’eau, 300 litres – soit la consommation quotidienne d’une famille de quatre personnes. Une canalisation, 1 700 litres par heure. Une mauvaise nouvelle pour sa facture d’eau mais aussi pour notre planète. L’eau, un futur luxe ? Selon une étude de 2010 de la Commission européenne, «la raréfaction de la ressource en eau est un phénomène de plus en plus fréquent et inquiétant qui touche au moins 11 % de la population européenne et 17 % du territoire de l’UE». Si les épisodes de sécheresse – en constante augmentation – y sont pour beaucoup, 20 à 40 % du volume d’eau disponible gaspillée en Europe serait dû notamment aux fuites et aux robinets qui goutent. Quels sont les réflexes à avoir ?
Repérer les fuites
Le principe est simple : fermer ses robinets le soir, relever son compteur, et vérifier le matin si ce dernier a tourné. S’il est aisé de faire ce test, il est bien plus difficile de trouver l’origine de la fuite. L’intervention d’un plombier est souvent nécessaire. Autre possibilité, plus coûteuse : installer un compteur de détecteur de fuite qui repèrera une consommation anormale, comme les modèles Stop’eau (249 euros, photo ci-après) ou ClipFlow (548 euros). Ils émettront un signal en cas de surconsommation.
Eviter les fuites : entretenir son habitat
L’article L. 132-1 du Code de la construction et de l’habitation précise que «les façades des immeubles doivent être constamment tenues en bon état de propreté» et que «les travaux nécessaires doivent être effectués au moins une fois tous les dix ans, sur l’injonction qui est faite au propriétaire par l’autorité municipale». Entretien des gouttières, vérification de l’étanchéité de sa toiture, du conduit de cheminée ou de sa terrasse… Ces gestes du quotidien sont primordiaux pour éviter un éventuel dégât des eaux. Mais si la majorité des dégâts des eaux proviennent de problèmes d’infiltration d’eau par les toitures ou terrasses, il ne faut pas négliger les fuites d’appareils électroménagers. Quelques conseils.
• Connaître l’emplacement des robinets d’alimentation en eau de son habitat afin de pouvoir les couper immédiatement en cas d’urgence.
• Vérifier qu’il est possible d’avoir accès à toutes les conduites d’eau. En cas de recherche de fuite, et de canalisation encastrée, il faudra probablement employer les grands moyens et «casser». Cela peut susciter des problèmes de voisinage. Le copropriétaire devra laisser l’accès à sa canalisation mais pourra demander une indemnisation pour trouble de voisinage – notamment si des dégâts matériels doivent être réalisés dans son appartement pour atteindre le conduit.
• Protéger ses gouttières (photo) avec du grillage, afin de ne pas les engorger de feuilles mortes, nids d’oiseau, branchages ou insectes morts, et donc d’éviter la formation de bouchon. Il est possible d’installer des «stop-feuilles» - grillage perforé se posant sur la longueur de la gouttière – ou des «crapaudines» - élément s’insérant à la naissance de la gouttière. Compter une petite dizaine d’euros. Il est également conseillé de curer régulièrement les gouttières, une charge qui incombe au syndicat de copropriété.
• Gainer les tuyaux passant à proximité de l’extérieur – soupirail, par exemple –, afin d’éviter la formation de bouchon de glace en hiver.
• Ne rien jeter dans les toilettes, autre que du papier destiné à cet usage. Ainsi, serviettes en papier et autres mouchoirs jetables se dissolvent mal et risquent d’obturer les canalisations, occasionnant une surpression de certains conduits et donc un éclatement des joints.
• Installer un réducteur de pression au départ de l’installation d’eau, afin de diminuer les risques de fuite. En effet, si la pression du réseau d’alimentation est élevée – plus de 3 bars –, la robinetterie, les chauffe-eau et autres appareils électroménagers seront soumis à rude épreuve. Pour le vérifier, il suffit d’ouvrir l’un de ses robinets et de chronométrer le temps de remplissage d’une bouteille : si le robinet débite plus de 16 litres à la minute, la pression d’alimentation est probablement supérieure à 3 bars.
• Aérer, isoler et chauffer correctement son logement. En effet, les sinistres des eaux par condensation existent, et ne sont pas pris en charge par les assurances.
• Vérifier les joints sanitaires, des appareils électroménagers et de chauffage. Il est fortement conseillé de les rincer et les laver régulièrement avec de l’eau de javel pure, afin d’ôter les champignons qui noircissent les joints. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas l’humidité qui attaque les joints en silicone, mais le savon. Il faut envisager un remplacement des joints tous les quatre ou cinq ans, en utilisant un éliminateur de silicone.
• Installer un dispositif anti-débordement sur son lave-vaisselle et son lave-linge, lequel actionnera la fermeture des vannes d’arrivée d’eau en cas de problème.
• Vidanger, purger et calfeutrer les canalisations d’eau extérieures en hiver, ainsi qu’à l’intérieur de bâtiments non chauffés. Du liquide antigel peut être appliqué, en prévention.
• Guetter les éventuelles infiltrations sur les toitures, façades, terrasses et fenêtres, après une tempête ou des vents violents.
• Surveiller la couleur de l’eau après une période d’inutilisation. Elle est un indicateur de l’état de la tuyauterie : si l’eau est brunâtre, la canalisation est rouillée, et donc en mauvais état.
Le dégât des eaux reste le sinistre le plus courant au sein de la copropriété, et souvent même le plus complexe à gérer, compte tenu de la multiplicité d’acteurs – copropriétaires, syndic, locataires… Un bon entretien des canalisations et de l’habitat en général reste la clé pour éviter tout désagrément futur
Protège gouttière Crédit DR
Compteurs Crédit Julie HAINAUT
Parties communes ou privatives ?
Sont considérées comme parties communes les canalisations d’évacuation des eaux usées jusqu’au point où elles ne desservent plus qu’un seul lot, les canalisations d’évacuation des eaux pluviales et les canalisations d’alimentation d’eau chaude et froide jusqu’aux robinets d’arrêt privatifs. L’entretien et la réparation des conduites communes incombent au syndicat de copropriété. Les autres sont des parties privatives. Si les copropriétaires doivent maintenir les installations intérieures en bon état et supprimer toute fuite, l’entretien et la réparation des conduites communes incombent au syndicat de copropriété. Ce dernier doit garder les plans de l’installation hydraulique de l’immeuble et écrire un historique des interventions d’entreprises sur cette installation. Si une malfaçon altère la solidité de l’ouvrage ou rend un logement inhabitable, l’entreprise responsable devra prendre en charge la réparation pendant une période de dix ans suivant la date de réception des travaux, au titre de la garantie décennale.
Ça coule de source…
En cas d’absence, voici quelques conseils à prendre en compte, afin d’éviter les mauvaises surprises.
1 – Fermer les robinets d’alimentation d’eau.
2 – Mettre la chaudière en position hors-gel, la formation de glace à l’intérieur d’une conduite entraînant un risque majeur de rupture pouvant engendrer un dégât important.
3 – Fermer les fenêtres.
4 – Laisser un double de ses clés à son voisin ou au gardien.
5 – Eviter de faire fonctionner le lave-vaisselle ou lave-linge, même sur une courte absence.
En savoir plus
Le lecteur se reportera à l’étude juridique de Guilhem Gil publiée dans le numéro 595 de janvier/février 2014 en page 17 et suivantes.