[N°631] - L’étanchéité des toitures-terrasses

par Julie HAINAUT, journaliste
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Index de l'article

Afin d’éviter des dégâts des eaux, des problèmes d’humidité ou tout dommage lié à une mauvaise évacuation des eaux de pluie, il convient de veiller à une étanchéité parfaite des toitures-terrasses en copropriété. Tour d’horizon des solutions techniques existantes.

©Sapec


 Les éléments constitutifs

La toiture est un élément sensible de l’habitat en matière de déperdition d’énergie. On considère que 30 % de la chaleur perdue dans une maison ou un appartement, s’échappe par la toiture lorsque cette dernière n’est pas assez bien isolée.
Il existe trois types de toitures : la toiture en pente, la toiture arrondie et la toiture plate. La dernière est une couverture offrant un taux de pente compris entre 1 et 5 %. Elle se présente comme une terrasse avec nécessairement une légère pente, pour que les eaux de pluie puissent être évacuées et ne stagnent pas à la surface. Elle peut être utilisée comme un espace à vivre, dans lequel est souvent installé un jardin et, parfois, un solarium. Elle peut être accessible ou inaccessible (c’est le cas des toitures-terrasses d’une pente de 1 % en général). Elle est constituée de plusieurs éléments. La plupart des toitures des immeubles de copropriété comprennent des toitures-terrasses, le plus souvent planes.

> L’élément porteur.
Il peut être constitué d’une dalle pleine en béton, d’une dalle pleine en matériau composite, d’une dalle pleine en béton cellulaire armé, d’une tôle d’acier (plutôt utilisé dans les maisons individuelles qu’en immeuble), de bois massif ou encore de panneaux de particules de bois traités hydrofuge.


> Le pare-vapeur.
Il protège l’isolant de l’humidité. Il empêche la vapeur d’eau présente dans l’habitat de stagner à travers les différentes parois et couches d’isolants. Il en existe plusieurs, les plus usités étant les feuilles d’aluminium et le feutre bitumé. Il doit être suffisamment étanche à la vapeur d’eau pour se conformer à la règlementation. Pour choisir le pare-vapeur le mieux adapté à la copropriété, il est utile de prendre en compte le taux d’hygrométrie de l’air et le mode de chauffage de l’immeuble, en particulier ceux des appartements utilisée à l’étage situé immédiatement sous la toiture-terrasse.


> L’isolant.
Il se situe au-dessus du pare-vapeur. Pour éviter que la chaleur perdue ne s’échappe par la toiture, il est important de bien isoler son toit-terrasse. Cela permet d’assurer à la fois le confort thermique en été comme en hiver et d’éviter les déperditions énergétiques. Différents matériaux d’isolation peuvent être utilisés : verre cellulaire, argile, mousse, perlite ou polystyrène expansé, laine minérale. Le choix dépendra du type de toit-terrasse (accessible ou non) et du type de l’élément porteur (bois, tôle, béton…). L’isolation ne pourra se faire que par l’extérieur, contrairement aux toitures en pente et aux toitures arrondies.


Les différents types d'étanchéité

L’étanchéité est nécessaire pour éviter que l’eau ne cause des dommages sur la structure de l’habitat, des problèmes d’humidité et des dégâts des eaux. Le revêtement d’étanchéité est placé en surface de la toiture-terrasse, laquelle sera enfin protégée par une dernière couche : la protection finale.

> Étanchéité bitumineuse
C’est la technique la plus traditionnelle. Il s’agit de membranes, fixées mécaniquement ou par adhésif, très usitées (près de 80 % du marché de l’étanchéité). Il en existe une multitude. Le groupe Soprema propose Mammouth® Neo – «deux fois plus durables que les membranes actuelles» affirme-t-il -, une membrane bitumineuse à base de polyuréthane thermoplastique constituée de matières premières bio-sourcées issues pour 75 % d’huile de colza européenne et dont le poids est environ deux fois moins important que les anciennes solutions (25 kilogrammes pour 10 m2).

> Étanchéité photovoltaïque
Il s’agit de panneaux posés (généralement soudés) sur la terrasse. Solardis, du groupe Soprema, propose des systèmes photovoltaïques pour toitures-terrasses, associant à la fois étanchéité et dispositifs d’électricité : un système écologique, silencieux et rentable. Les modules peuvent être rigides ou flexibles. Chaque module photovoltaïque est intégré à une membrane synthétique, puis posé par un système de soudure à air chaud.

> Étanchéité liquide
Les systèmes d’étanchéité liquide (SEL) sont utilisés généralement pour les applications difficiles, lorsque la mise en œuvre de membranes d’étanchéité s’avère délicate, voire impossible. Les résines permettent ainsi de créer une membrane continue en évitant d’avoir à traiter des joints de soudure.
Qu’il s’agisse d’une étanchéité bitumineuse, photovoltaïque, liquide ou spécifique à une toiture-terrasse végétalisée (cf. focus ci-après), et que le lieu soit accessible ou non, les étapes sont les mêmes : il est primordial de créer une barrière étanche sur toute la surface, puis de traiter les remontées d’étanchéité, sans oublier les puits de lumières, cheminées, évacuations et autres gaines de ventilation. L’étanchéité peut être auto-protégée (la face extérieure faisant office de protection). Si non, il faudra prévoir une protection en rajoutant des gravillons, du carrelage collé, une dalle béton…

 


 Quid des toitures terrasses végétalisées ?

Comparée à d’autres pays comme le Canada ou la Suisse, la France est à la traîne en matière de toitures-terrasses végétalisées. «En France, le concept de végétalisation extensive des toitures est apparu au début des années 90, porté par des industriels de l’étanchéité. Il s’est développé très lentement durant la décennie 90, et entre de plus en plus en phase avec les attentes de la société française depuis 2004, se concrétisant, notamment, autour de la démarche HQE et le souci de prendre en compte, dans la construction, des solutions respectueuses de notre environnement» précise Adivet (Association des toitures et façades végétales).

Lors de la conférence du 6 juin dernier sur les enjeux de la végétalisation du bâti, organisée par Adivet, Philippe Clergeau, professeur et consultant au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, a rappelé l’intérêt de multiplier les espaces verts, pour «améliorer le cadre de vie et réguler certains problèmes environnementaux dont les infiltrations des eaux de pluie et le stockage de CO2».
Le 3 juillet dernier, Catherine Muller, présidente de l’Union nationale des entreprises du paysage, a écrit une lettre ouverte dans Les Echos, à M. Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire et à M. Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Elle a rappelé le désir des Français pour des «villes plus vertes». «Au-delà des grands parcs naturels, véritables richesses pour notre pays, les espaces verts, jardins, murs et toitures végétalisés constituent autant de réservoirs de «biodiversité ordinaire», indispensables dans les zones urbaines. Un certain nombre de collectivités, rassemblées au sein de l’Observatoire des Villes Vertes, l’ont bien compris. Des villes comme Angers, Nantes et Strasbourg font figure de pionnières et innovent aux côtés des jardiniers-paysagistes (…). Mais leur marge de manœuvre reste limitée, et en l’absence de cadre incitatif au plan national, leurs efforts restent soumis aux aléas des calendriers électoraux et à des budgets municipaux particulièrement contraints.»

Une toiture-terrasse végétalisée est, au-delà de l’aspect esthétique, très écologique, les végétaux absorbant le CO2 de l’air tout en rejetant de l’oxygène et favorisant ainsi la biodiversité (surtout si la copropriété décide d’y implanter des ruches). Ce type de toiture plate séduit de plus en plus les copropriétés, qui peuvent ainsi bénéficier d’un espace de vie extérieur, de plus en plus prisé en ville, faisant gagner ainsi des mètres carrés. Le tout en isolant l’habitat de la chaleur, du bruit, des courants d’air, des intempéries et du froid. En plein été, sur une terrasse classique, la température peut s’élever jusqu’à 80-90° C, alors qu’elle n’ira pas au-delà de 30° C sur une terrasse végétalisée. La plupart des toitures-terrasses végétalisées sont réalisées à partir de sedums, des plantes vivaces qui supportent des températures extrêmes et les aléas climatiques (du coup de gel au vent violent en passant par la canicule), et un sol pauvre et drainant. Les sedums s’auto-régénèrent et changent de couleurs selon les saisons. Il existe environ 400 espèces de sedums. Les sédums peuvent être des plantes de rocaille ou de petits arbustes. Les sedums sont entomophiles ; ainsi la pollinisation s’effectue par les insectes. Cette pollinisation n’est pas répertoriée comme allergisante par le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). «Ce sont des plantes de rocaille qui stockent de l’eau dans leurs feuilles et donnent des fleurs en étoile à cinq branches (parfois quatre ou six). Les sedums les plus répandus en végétalisation de toiture sont les suivants : acre, album, floriférum, réflexum, sexangulare, spurium» précise Adivet. Si le sedum est utilisé à 80 % sur les toitures-terrasses végétalisées, il est également possible de planter d’autres plantes vivaces et graminées. Il faudra cependant veiller à ce qu’elles soient ultrarésistantes. Tout comme il importe être vigilant la première année sur l’installation d’herbes sauvages, il faut aussi penser à désherber plusieurs fois par an.

Il existe les toitures végétalisées extensives qui nécessitent un substrat d’une épaisseur de 5 à 15 cm, idéales pour les sols pauvres, et les toits à végétalisation intensive, qui nécessitent un substrat d’une épaisseur supérieure ou égale à 15 cm. Les secondes doivent être dotées d’un système d’arrosage, contrairement aux premières.

Récapitulons les étapes à respecter lors de la réalisation d’une toiture-terrasse végétalisée :
- Respecter la pente et créer une structure (l’élément porteur peut être en bois, béton, etc.) ;
- Créer une étanchéité en posant le pare-vapeur et l’isolant ;
- Créer le drainage en posant une couche drainante (en argile expansée, pouzzolane…) et un voile anti-racines ;
- Ajouter le substrat choisi, léger et retenant l’eau ;
- Planter et mettre de l’engrais.
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 Quatre fois plus cher

Avant de faire réaliser une toiture-terrasse végétalisée, il faut veiller à vérifier la solidité de la structure (qui doit pouvoir supporter le poids du substrat et des plantes), que l’accès soit facile pour permettre un bon entretien, et, surtout, se faire accompagner d’un spécialiste pour la conception et la réalisation.

Si les toitures-terrasses végétalisées cumulent les avantages (isolation, gain d’espace…), leur coût est quatre fois plus élevé qu’une couverture classique. Le prix au mètre carré est très variable. Il se calcule, notamment, en fonction de la surface totale posée, de la localisation géographique et des végétaux utilisés. Il faut donc mettre plusieurs spécialistes en concurrence et comparer leurs propositions techniques et leurs tarifs. Pour un toit végétal de 100 mètres carrés, les tarifs peuvent varier de 30 à 200 € le mètre carré fourni et posé. Il faudra aussi ajouter l’entretien annuel (ramassage des feuilles, désherbage, vérification des évacuations d’eaux pluviales, utiliser des fertilisants naturels…). Il n’existe pas d’aide particulière en France, outre les aides locales. Par exemple, en Ile-de-France, le Conseil régional apporte des aides à hauteur de 50 % du montant hors taxes des travaux à l’appui d’un dossier qui doit être présenté par le syndicat des copropriétaires et accepté avant le démarrage des travaux
(www.iledefrance.fr/aides-regionales-appels-projets/financement-toitures-vegetalisees).

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Une vérification régulière

Il convient de vérifier régulièrement si le revêtement du toit-terrasse est encore étanche, surtout si la terrasse n’est pas accessible. L’étanchéité doit être contrôlée rigoureusement, surtout au niveau des acrotères (murets situés en bordure de la toiture) et des raccords entre les lés de la membrane. Deux cas de figure : cette dernière est peu abîmée, auquel cas il faudra simplement rajouter quelques lés de membrane ; la membrane est détériorée, auquel cas il faudra arracher le revêtement et le remplacer intégralement. Il ne faut pas négliger les gouttières, essentielles à une bonne évacuation des eaux de pluies : il est nécessaire les nettoyer régulièrement.