Bien connues des parents et appréciées des enfants, les aires de jeux ne sont désormais plus réservées au domaine public. Les copropriétés peuvent également choisir d’en installer pour les enfants de la résidence à condition de respecter des règles bien précises.
Paul TURENNE
Balançoires, portiques, toboggans, tunnels ou bien encore bacs à sable... l’offre en matière de jeux collectifs n’a jamais été aussi importante. Mais comment faire le bon choix ? Indépendamment du coût et de la place disponible dans les parties communes extérieures, les motivations et les besoins des enfants restent les caractéristiques principales à prendre en compte. Se faire conseiller sur les spécificités des jeux en fonction de l’âge et des attentes des enfants reste donc la meilleure solution, l’idéal étant d’installer des jeux stimulants et attractifs avec des espaces bien distincts en fonction des catégories d’âges pour plus de sécurité. Pour conserver cette attractivité, les jeux devront être variés avec des activités telles que la glisse, le balancement ou bien l’escalade.
Et bien sûr, l’ensemble doit rester accessible aux personnes handicapées et aux poussettes en prévoyant une rampe et un sol de sécurité sans marche autour des jeux, afin que n’importe quel adulte puisse venir surveiller. Ce sol devra toujours être suffisamment amortissant pour répondre aux normes DS/EN 1177, ce qui n’est pas toujours le cas avec du sable ou des gravillons (cf. encadré). Dans le même ordre d’idée, il convient de bien délimiter la surface de l’aire de jeux en tenant compte des éléments qui pourraient gêner. Ainsi, un lampadaire, une grille d’égout ou une voie d’accès peuvent limiter le nombre de jeux à installer, une zone d’évolution propre à chacun d’entre eux devant être respectée.
Autre caractéristique d’importance : l’emplacement géographique.
Soleil, ombre, vent... Autant de facteurs à prendre en compte avant l’installation de l’aire. A titre d’exemple, une rampe de toboggan devra toujours être installée plein nord afin d’éviter les brûlures occasionnées par la tôle chauffée par le soleil. Par ailleurs, l’aire devra comporter des zones d’ombre et ne pas être trop exposée, pour que les enfants ne soient pas « refroidis » par les conditions climatiques. Enfin, idéalement, utilisez des constructeurs certifiés ISO 14001 ou bien EMAS, afin d’éviter les matériaux
contenant des substances toxiques, notamment, le chrome ou l’arsenic imprégnés dans le bois.
Au final, et pour intégrer toutes ces données, le projet devra être mûrement réfléchi de l’étude à la maintenance, en passant par la réalisation de l’installation.
Pour les aires de jeux et terrains multisports, une qualification Qualisport pour l’installation et la maintenance reste, par ailleurs, un plus certain.
Une maintenance à ne pas négliger
Tout exploitant ou gestionnaire d’aires collectives de jeux doit assurer un suivi de son patrimoine suivant les obligations légales définies au décret N° 96-1136 du 18 décembre 1996 - annexe II (4,a,b,c,d). Quelle soit de routine, pour maintenir le niveau de sécurité des équipements, ou corrective pour réparer des dégradations ou des détériorations, la maintenance doit obéir à des exigences bien précises. Les vérifications plus poussées (détection des points de corrosion, usure,
vérification de la stabilité...) seront ainsi mensuelles à trimestrielles et les vérifications approfondies, semestrielles à annuelles. Certains prestataires proposent même une gestion informatisée des prestations de service afin de suivre l’entretien de chaque aire de jeux grâce à une puce électronique.
Tout exploitant d’une aire de jeux devra, par ailleurs, constituer un dossier de base pour chaque aire de jeux, élaborer un plan prévisionnel des interventions à effectuer, organiser des inspections régulières et tenir un registre les attestant. Attention, tous ces documents feront foi du souci de sécurité du gestionnaire en cas d’accident.
Seront ainsi mentionnés :
* le plan du site ;
* les coordonnées des fournisseurs des équipements ;
* les notices d’emploi, de montage et d’entretien des équipements ;
* le dossier relatif à l’installation des équipements ;
* les attestations de conformité des équipements ;
* les plans prévisionnels d’entretien et de maintenance accompagnés des documents attestant leur réalisation.
Le plan du site doit faire apparaître la situation et la structure générale de l’aire à une échelle donnée et, idéalement, en indiquant l’orientation. Tous les équipements de jeux, les éléments de mobiliers urbains (bancs, tables), ainsi que les principaux éléments de décors (arbres, haies...) doivent y figurer. A noter que la dénomination sociale et l’adresse des fournisseurs figurent obligatoirement sur les équipements fabriqués depuis le
1er janvier 1995. Quant aux notices d’emploi et d’entretien fournies par le fabricant ou l’importateur, elles sont également remises obligatoirement aux acheteurs pour les équipements fabriqués depuis cette date.
Les plans d’entretien de l’aire et de maintenance des équipements définissent les actions à entreprendre et précisent ce en quoi elles consistent. Ils indiquent aussi les personnes ou les organismes chargés de leur exécution. Véritables check-list, ils présentent pour le gestionnaire l’assurance qu’aucune action importante ne sera oubliée.
Quel sol choisir ?
Toutes les zones où les enfants sont susceptibles de tomber en utilisant les équipements doivent être constituées de matériaux amortissants. Si le béton et les enrobés bitumineux n’amortissant aucune chute sont à proscrire, de même que la terre battue ou le gazon qui deviennent durs en cas de sécheresse, d’autres matériaux sont en revanche très efficaces. Le sable, en épaisseur suffisante et aéré régulièrement, présente un excellent rapport amortissement prix. Il est en plus apprécié des enfants. Autre possibilité : le gravillon roulé, lui aussi, excellent amortissant et naturellement drainant.
Attention aux végétaux !
Un aménagement paysagé mal pensé sur une aire peut lui-même être une source de dangers pour les enfants et ceux qui les accompagnent. Car certains végétaux peuvent blesser, intoxiquer, voire empoisonner. Par ailleurs, les arbres ne doivent pas présenter de branches basses pouvant inciter les enfants à grimper. Les branches ne doivent pas non plus empiéter sur l’espace autour des équipements. Attention également aux racines saillantes dans les zones de sécurité des équipements.
Parmi les plantes à éviter, on peut citer les piquantes comme les cactus, le petit houx, le chardon, l’épine-vinette ou le pyracantha, les ronces ou les chardons sauvages, sauf si elles sont isolées par des grillages ou des clôtures. Autre danger : les végétaux toxiques par leur sève, leurs feuilles ou leurs baies. Pour les baies, citons le gui, le laurier-cerise, la belladone, la morelle noire, la morelle douce-amère, le sceau de salomon, l’arum tacheté, le tamier, le troène, le chèvrefeuille, la bryone dioïque. Pour la sève, le laurier-rose ou les graines, le ricin.
Enfin, la grande berce, l’aconit, la ciguë, la digitale et le laurier-rose sont dangereux à cause de leurs feuilles ou de leurs fleurs.
Une réglementation très précise
Décret N° 94-699
Depuis le 1er janvier 1995, tous les équipements d’aires collectives de jeux installés doivent répondre aux exigences de sécurité définies dans le décret N° 94 -699 « équipements d’aires collectives de jeu » du 10 août 1994 qui fixe les exigences de sécurité relatives aux équipements d’aires collectives de jeux. Notons que l’article 2 définit les équipements d’aires collectives de jeux comme les « matériels et ensemble de matériels destinés à être utilisés par des enfants à des fins de jeux, quel que soit le lieu de leur implantation ».
Dans le cas où les références du produit ne soient pas publiées au Journal Officiel, celui-ci doit être certifié conforme aux exigences de sécurité par un organisme agréé par les pouvoirs publics (Laboratoire National d’Essai LNE, Laboratoires Pourquery, Apave, ou Wolff).
La conformité aux exigences de sécurité doit alors être attestée par la mention : « conforme aux exigences de sécurité », apposée par le fabricant ou l’importateur sur l’équipement et son emballage de façon visible, lisible et indélébile.
Décret N°96-1136
Ce décret « fixant les prescriptions relatives aux aires collectives de jeux » est entré en vigueur le 26 juin 1997. Seule la conformité des matériaux de revêtement et de réception, doit être réalisée depuis le 26 décembre 1998. La conformité des aires collectives de jeux implique ainsi le respect des prescriptions de sécurité définies en annexe du décret, ainsi que celles du décret N° 94-699.
Normes européennes EN1176 et NF EN1177
Les normes européennes EN 1176, homologuées en 1998, définissent les exigences de sécurité des aires de jeux et les méthodes d’essai générales des équipements d’aires de jeux.
Des normes complémentaires précisent, par ailleurs, les exigences de sécurité et les méthodes d’essai générales pour chaque famille d’équipements en plus de la conformité à la norme générale.
NF EN 1176-1: Exigences de sécurité et méthodes d’essai générales
NF EN 1176-2: Exigences de sécurité et méthodes d’essai complémentaires et spécifiques aux balançoires
NF EN 1176-3: ‘’ aux toboggans
NF EN 1176-4: ‘’ aux téléphériques
NF EN 1176-5: ‘’ aux manèges
NF EN 1176-6: ‘’ aux équipements oscillants
La norme générale NF EN 1176-1 définit un certain nombre de paramètres liés à la conception et à l’aménagement des aires collectives de jeux :
- étendue de la surface d’impact nécessaire pour une protection appropriée contre les blessures provoquées par une chute.
- qualités dimensionnelles et amortissantes des matériaux couramment utilisés pour atténuer l’impact.
La norme spécifique NF EN 1176-7 donne, elle, des recommandations relatives à l’installation, au contrôle, à la maintenance et à l’utilisation des équipements d’aires collectives de jeux. Elle constitue un complément indispensable au décret 96-1136 du 18 décembre 1996.
Enfin, la norme spécifique NF EN 1177 prescrit les spécifications, exigences et méthodes d’essai relatives au revêtement de la surface de chute. Le critère relatif aux blessures à la tête causées par des chutes maximal (indice HIC max) doit être inférieur à 1000.
Les textes réglementaires à consulter
Décret n° 94-699 du 10 août 1994 fixant les exigences de sécurité relatives aux équipements d’aires collectives de jeux
Décret n°96-1136 du 18 décembre 1996 fixant les prescriptions de sécurité relatives aux aires collectives de jeux
Avis du 15 décembre 1998 relatif à l’application du décret n°94-699 du 10 août 1994 fixant les exigences de sécurité relatives aux équipements d’aires collectives de jeux
Ce qu'il faut retenir :
•Eviter aux abords de l’aire de jeu les végétaux épineux ou toxiques.
•Prévoir des équipements pour des tranches d’âges existantes.
•Prévoir un sol amortissant sous les équipements comportant des risques de chute.
•Respecter les zones d’évolution entre chaque équipement.
•En fonction de la fréquentation de l’aire de jeux, prévoir une inspection de l’état des équipements, des surfaces et de la propreté.
•Bien séparer l’aire de jeux des voies de circulation.