Fuites thermiques = addition salée + énergie gaspillée + dégradations du bâtiment. Engager une rénovation de la façade en l’isolant thermiquement est sans conteste un plus, mais nécessite d’être bien pensée et bien réalisée, pour éviter tous surcoûts inutiles.
Murs froids, présence d’humidité et de moisissures, ou bien encore sensation de fraîcheur alors que le thermomètre indique 20°C ? Ne cherchez plus, votre copropriété souffre d’un défaut d’isolation.
Un phénomène particulièrement courant pour les constructions antérieures à 1974, où aucune obligation d’isoler n’était imposée.
Cette situation s’avère lourde de conséquence pour la planète, avec l’émission de quantité importante de gaz à effet de serre, mais aussi pour le porte monnaie, puisque les factures de chauffage s’envolent, sans compter les papiers peints et les enduits qui se décollent, les peintures qui s’écaillent. Bref, des appartements qui se dégradent et se dévaluent, principalement à cause de la condensation de la vapeur d’eau.
Dès lors, une seule solution durable s’impose : améliorer l’isolation. Si chaque copropriétaire est libre d’engager lui-même des travaux en isolant par l’intérieur, ce choix peut se révéler coûteux et peu efficace. En effet, cela impose de modifier l’implantation de l’électricité et du chauffage et rogne sur l’espace intérieur disponible.
Qui plus est, la continuité de l’isolation est très difficile à assurer dans les angles mur-sol, planchers et balcons, où la déperdition thermique reste particulièrement importante. Et même avec le nec plus ultra en matière d’isolation, si votre voisin n’a lui entamé aucune démarche en ce sens, le résultat restera moyennement concluant. La solution d’isolation par l’intérieur ne se justifie donc que s’il n’y a pas d’autre choix, ou en complément d’une isolation extérieure.
Isoler thermiquement la façade de la copropriété apparaît donc comme le meilleur choix pour réduire sensiblement les échanges de chaleur et de fraîcheur, et de fait, réduire d’autant les besoins en chauffage et en climatisation. Voilà qui est loin d’être négligeable en cette période de crise et de dérèglement climatique...
Cadre législatif
Mais mettre en place de tels travaux impose de prendre un minimum de précaution. L’isolation par l’extérieur modifiant, en général, l’aspect extérieur du bâtiment, une demande de permis de construire ou une déclaration de travaux est donc nécessaire. L’une et l’autre doivent être déposés en mairie et ont une validité de deux ans une fois acceptés.
Par ailleurs, la majorité absolue (article 25 de la loi de 1965) est requise pour entamer les travaux d’isolation de l’immeuble. Ceci est par ailleurs valable à la fois pour des travaux réalisés pour l’ensemble de la copropriété, mais également pour des travaux effectués par certains copropriétaires à leurs frais.
L’assemblée générale procède alors au vote concernant le choix de l’entreprise, le montant des travaux, leur date... sans toutefois se prononcer sur l’opportunité des travaux.
Si depuis novembre 2007, la réglementation thermique des bâtiments existants n’oblige pas les copropriétaires de logements construits avant le 1er septembre 2008 à réaliser des travaux
d’isolation, elle encadre néanmoins les travaux entrepris.
Le maître d’ouvrage se doit ainsi d’installer des produits de performance supérieure aux caractéristiques minimales mentionnées dans l’arrêté du 3 mai 2007.
Mais avant de commencer les travaux, il s’agit avant tout de connaître les points faibles de l’immeuble. Le diagnostic de performance énergétique (DPE) constitue alors un bon outil d’évaluad’évaluation grâce à la connaissance du niveau de consommation d’énergie du logement, ainsi qu’aux recommandations techniques pour améliorer son efficacité énergétique.
Des travaux efficaces
Quand mettre en oeuvre des travaux d’isolation extérieure ? Le mieux est encore de concevoir les travaux de rénovation de façon globale, plutôt que de réaliser des travaux par petits morceaux. Cela permet ainsi de faire des économies d’échelle (coût de main d’œuvre) et de mettre en œuvre des techniques plus performantes.
Ainsi, si une copropriété envisage d’effectuer des travaux de ravalement de façade, il faut profiter de l’occasion pour rénover utilement et économiquement, en isolant de façon durable. La mise en place d’échafaudages représente notamment un coût important que l’on peut ensuite éviter si les travaux ont été regroupés.
Qui plus est, une façade mal isolée est bien plus sensible aux variations climatiques. Le gros-œuvre est ainsi soumis à des pénétrations de pluie, des variations importantes de variations saisonnières ainsi qu’au gel. Autant de contraintes hygrothermiques qui peuvent entraîner fissures, lézardes et endommager l’enduit de la façade du fait des alternances d’humidification et de séchage des maçonneries. L’isolation par l’extérieur permet donc de faire d’une pierre deux coups : un ravalement ainsi qu’une isolation durable et protectrice pour la façade.
Des contraintes à intégrer
Etablir un diagnostic pour la meilleure solution d’isolation, implique de prendre en compte l’année de construction du bâtiment, les matériaux de construction des façades et les éventuels matériaux d’isolation intérieure.
Il s’agit ensuite au vu de ces éléments de créer une barrière isolante. L’isolation par l’extérieur va ainsi permettre d’utiliser l’inertie thermique des murs extérieurs, et donc d’entraîner des variations moins rapides du climat intérieur des locaux, en limitant notamment les surchauffes en été.
En revanche, étant donné la surépaisseur engendrée à l’extérieur, des problèmes d’alignement doivent être résolus, par exemple au niveau des gouttières, des descentes d’eau ou des raccords avec les propriétés voisines ou publiques. Certains cas nécessitent même des travaux plus lourds.
Ainsi, pour des dormants de châssis trop fins, il faudra remplacer les châssis qui paraîtront plus enfoncés dans la façade ou tailler dans les maçonneries.
Ces contraintes ne sont pas à négliger et elles peuvent être rédhibitoires dans le cas de copropriétés classées, lorsque l’aspect extérieur doit rester inchangé avec des briques ou des pierres de caractère. Des solutions sont alors envisageables pour dénaturer a minima la façade, comme la mise en place de parements sur isolants, mais le coût sera bien plus élevé. Les décisions prises par les copropriétaires devront être d’autant plus mûrement réfléchies.
Le coût de l’isolation est de l’ordre de 20 % plus cher que le ravalement, mais les avantages fiscaux (crédit d’impôt) et diverses aides permettent de réaliser des économies non négligeables qui peuvent compenser la différence.
Etat des lieux.
Des solutions techniques diverses
Tout une palette de solutions est envisageable pour isoler efficacement une façade. Dans tous les cas, ces techniques requièrent le savoir-faire d’un professionnel et sont strictement encadrées par des avis techniques, afin de satisfaire aux exigences réglementaires, en matière d’isolation et de sécurité.
• L’enduit mince sur isolant
Ce système est constitué d’un isolant fixé à la façade par soit par collage à l’aide de mortier-colle, soit par fixation mécanique à l’aide de profiles en PVC, de chevilles plastiques ou d’inserts spéciaux. Il s’agit généralement de polystyrène expansé ou de laine minérale en panneaux rigides, sur lequel on applique un enduit spécifique armé d’un tissu de fibre de verre, puis l’enduit de finition.
• L’enduit hydraulique sur isolant
Proche de la technique précédente, l’enduit mince est remplacé par un enduit hydraulique épais (mortier) généralement projeté et incorporé au sein d’un treillis métallique, en fibres mixtes verre/kevlar, ou en fibres de verre. Ces deux solutions présentent un rapport qualité d’isolation/prix intéressant.
• Les vêtures
Il s’agit d’éléments préfabriqués en usine comprenant un isolant et une plaque de parement. Ces composants sont fixés mécaniquement à la structure porteuse au moyen de vis et chevilles, de pattes ou de profiles. L’isolant le plus utilisé est le polystyrène expansé moulé, mais certains systèmes utilisent également de la laine minérale, de la mousse de polyuréthane ou du polystyrène extrudé. Le parement quant à lui peut être constitué de divers matériaux tels que la tôle d’acier, la tôle d’aluminium, du polyester armé ou du PVC.
• Les parements sur isolants
Solution nettement plus onéreuse, cette technique consiste à fixer un isolant à la façade qui accueille ensuite des pierres minces, des carreaux de céramique, des panneaux de bardage ou bien encore des contre-murs en brique. Dans certains cas, cette solution peut être retenue pour ne pas dénaturer la façade d’un bâtiment classé.
• Les enduits isolants
Il s’agit de mortiers auxquels sont incorporées des particules de matériaux isolants (bille de polystyrène expansé, vermiculite exfoliée, etc). Leurs performances sont cependant bien moindres que celles atteintes avec d’autre procédés et ils ne viennent donc qu’en complément d’une isolation déjà existante.
Aides et déduction d’impôts :isoler à moindre coût
Le crédit d’impôt dédié au développement durable et aux économies d’énergie :
Instauré par la loi de finances pour 2005, cette mesure a pour vocation une diffusion large des équipements énergétiques durables. En ligne de mire : la réduction d’un facteur 4 des émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici 2050.
Le crédit d’impôt concerne donc les dépenses d’acquisition de certains équipements fournis par les entreprises ayant réalisé les travaux et faisant l’objet d’une facture. Les matériaux d’isolation avec une résistance thermique suffisante y sont donc inclus.
Pour tous ces matériaux d’isolation thermique, le taux du crédit d’impôt est de 25 %, subventions déduites et hors main d’œuvre. Ce taux est porté à 40 % à la double condition que ces équipements soient installés dans un logement achevé avant le 1er janvier 1977 et que leur installation soit réalisée au plus tard le 31 décembre de la deuxième année qui suit celle de
l’acquisition du logement. Dans les deux cas, cette mesure reste valable jusqu’au 31 décembre 2009.
Taux de TVA réduit à 5,5 %
Le taux de TVA réduit à 5,5 % s’applique à la fourniture et à la main d’oeuvre lors de l’installation de matériaux d’isolation thermique. Tous les logements d’habitation achevés depuis plus de deux ans sont concernés par cette disposition, quelle que soit la qualité du bénéficiaire (propriétaire-occupant, propriétaire-bailleur, syndicat de copropriétaires, locataire, usufruitier ou encore occupant à titre gratuit). L’entreprise qui vend le matériel et en assure la pose applique alors directement la réduction de TVA, qui se traduit par une réduction de l’ordre de 2 % du montant de la
facture. A noter que cette mesure est valable jusqu’au 31 décembre 2010.
Subvention de l’ANAH
Dans le cadre de l’amélioration de l’habitat en matière de sécurité, de salubrité et d’équipement des immeubles, des travaux sont désormais susceptibles de bénéficier d’une subvention de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH).
Parmi eux, l’isolation thermique des façades, sous réserve du respect d’un niveau de performance minimum.
Pour les propriétaires occupant, le montant de la subvention varie entre 20 et 35 % du montant des travaux en fonction de leur type, des conditions de ressources et de la région de résidence (Ile-de-France ou province) ; Pour les propriétaires bailleur, la subvention peut atteindre de 15 % à 70 % du montant des travaux, au dessous d’un plafond fonction de la superficie du logement. Les taux dépendent de la localisation du logement et des engagements pris sur le montant des loyers.
Quid de l’éco-prêt à taux zéro ?
Enjeu majeur du gouvernement dans le cadre du Grenelle de l’environnement, la rénovation thermique des bâtiments devrait être «boostée» par la mise en place prochaine d’un éco-prêt à taux zéro.
Voté lors de la loi de finances pour 2009, celui-ci devrait voir le jour d’ici peu, après la publication du décret d’application en cours de préparation. Ce prêt de 30 000 euros maximum et d’une durée de dix ans servira à financer des ensembles cohérents de travaux d’amélioration de la performance thermique de ces logements, comme l’isolation thermique performante des toitures, des murs et des parois vitrées donnant sur l’extérieur, ou bien encore l’installation, de régulation ou de remplacement de systèmes de chauffage ou de production d’eau chaude sanitaire
efficients.
Le décret, en fonction des caractéristiques du logement, définira des “bouquets de travaux” cohérents, et plus ou moins ambitieux, dont la réalisation permettrait d’améliorer de manière importante sa performance énergétique. L’éco-prêt à taux zéro ne sera pas subordonné à des conditions de ressources. Il ne pourra, en revanche, se cumuler avec le crédit d’impôt pour les dépenses d’équipements de l’habitation principale en faveur des économies d’énergie et du dévelop-pement durable.
Le dispositif s’appliquera aux avances remboursables émises à compter de la date de publication du décret en Conseil d’État pris pour l’application du dispositif et jusqu’au 31 décembre 2013.
Pour aller plus loin
• Le site de la Direction Générale de l’Energie et du climat (DGEC) : www.industrie.gouv.fr/energie
• Le site de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) : www.anah.fr
• Le site de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) qui propose de nombreuses fiches pratiques sur l’isolation thermique : www.ademe.fr