[N° 597] - Se chauffer au bois en copropriété

par Paul TURENNE
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Face au renchérissement continu du prix des énergies fossiles, l’utilisation de bois-énergie, très répandue chez les particuliers, s’impose progressivement dans le collectif. Et pour cause, les solutions de plus en plus abouties en la matière plaident en faveur de cette énergie durable et peu chère. État des lieux.

 

 

Aujourd’hui, le bois représente la troisième source d’énergie utilisée et la première source d’énergie renouvelable en France. Soit près de 8 millions de foyers chauffés au bois et environ 9 millions de tonnes équivalent pétrole.
Les avantages environnementaux du bois-énergie sont nombreux. En premier lieu, vis-à-vis de l’effet de serre, puisque la combustion du bois produit à peine plus de CO2 que celui qui a été absorbé durant toute la croissance des arbres. En second lieu, dans la mesure où le bois ne contient pas de soufre, sa combustion n’en émet pas, contrairement au fioul.


De quel bois se chauffer ?

Outre les traditionnelles bûches, peu pratiques et encombrantes pour un chauffage collectif en copropriété, le bois de chauffage peut se présenter sous d’autres formes.

• les briquettes : il s’agit tout simplement de sciure agglomérée. Ce “bois densifié” issu du compactage des résidus des scieries possède un faible taux d’humidité, de 4 à 10 %, et un pouvoir calorifique élevé, environ 4,7 Kw (pouvoir calorifique inférieur, c’est-à-dire la quantité de chaleur dégagée par la combustion d’un kg de produit, pci par kg). En revanche, les briquettes sont également peu pratiques dans le cas d’un chauffage collectif.

• les plaquettes : ces copeaux sont obtenus par broyage de branches, de troncs et de sous-produits de l’industrie bois. Contrairement aux bûches ou aux briquettes, elles sont compatibles avec l’alimentation automatique d’une chaudière. Très peu chères, les plaquettes ont un pouvoir calorifique important égal à celui de la bûche, mais avec une densité moindre.
• les granulés de bois : également appelés pellets, ils sont constitués de sous-produits de l’exploitation de bois, compressés et agglomérés pour former des granulés de 0,5 à 3 cm. Le tout sans aucun additif. Outre une excellente densité, leur taux d’humidité est inférieur à tous les autres combustibles et ils sont dotés du meilleur pouvoir calorifique (4,9 kwh pci/kg, contre à peine 3,5 kwh pci/kg  pour les bûches et les plaquettes forestières). Ils produisent donc moins de cendres et de fumées et s’avèrent optimaux pour l’alimentation des systèmes de chauffage automatisés. Leur livraison peut, en effet, se faire par un camion-citerne qui va remplir directement le silo, comme pour une cuve de fioul.

Tout comme une chaudière au gaz ou au fioul de dernière génération, les chaudières à granulés de bois automatisées sont programmables et régulées électroniquement. Un système de transfert les relie au silo où sont stockés les granulés transportés au foyer par une vis sans fin ou par aspiration. En cas de manque de place, chaudière et silo peuvent même être éloignés jusqu’à une distance de 20 mètres, ce qui permet une grande souplesse d’installation.

Ce type de chauffage central au bois génère moins de fumée, une faible quantité de polluants et des rendements qui peuvent dépasser les 90 %. La centralisation de la production de chauffage et a fortiori de l’eau chaude sanitaire avec le bois-énergie permet d’intégrer facilement une autre énergie renouvelable, comme le solaire, avec des panneaux en toiture-terrasse.


Les granulés de bois :  un tarif bas et stable dans le temps par rapport aux énergies fossiles.

Evolution du coût des énergies en centimes d’euros TTC/kWh PCI pour un usage en chauffage principal.


Les granulés en chiffres

Autour de 200 euros la tonne en vrac.
Un pouvoir calorifique moyen de 5000 kWh/ tonne pour un taux d’humidité inférieur à 20%.
1 tonne de granulés équivaut à environ 500 litres de fioul.
3 m³ d’espace dans un silo à granulés équivalent à une cuve de fioul de 1000 litres.
1 m³ de granulés représente un poids de 650 kg.
Des rendements jusqu’à 93 % et une autonomie de plusieurs mois pour les chaudières à granulés.


Exemple d’une installation de chauffage collectif à granulés

Comprenant douze logements locatifs sur trois niveaux, la résidence “La Petite Martinière” basée à Saint-Brice-en-Cogles en Ille-et-Vilaine était jusqu’alors chauffée par des radiateurs électriques. En 2010, une chaufferie aux granulés de bois a été mise en service. D’une puissance de 56 kW avec un rendement de 94,7 %, elle assure le chauffage de 510 m², ainsi que de l’eau chaude sanitaire. A raison d’un silo d’une capacité de sept tonnes aménagé dans une pièce de réserve et d’une consommation annuelle de quatorze tonnes, la copropriété dispose ainsi d’une autonomie de stockage de six mois. Au final, la mise en place de cette chaufferie a permis d’éviter l’émission de 19 tonnes de C02 par rapport à une solution fioul.
La mise en place de ce nouveau système de chauffage et d’eau chaude sanitaire par granulés bois a également réduit la facture énergétique de 2 300 € par an. Cela s’est traduit par un gain d’environ 112 € par an et par logement : 192 € ont été gagnés en moyenne sur les consommations, mais les coûts fixes (intégrant le contrat d’exploitation qui n’existait pas avant) ont augmenté de 80 €.

 

Résidence Petite Martinière - Crédit DR


Pour aller plus loin

• Privilégier des granulés à la norme DIN+ ou NF Granulés Bicombustibles qui, s’ils ne présentent pas des caractéristiques fondamentalement différentes en terme de performance par rapport aux non normés, préservent mieux les chaudières.
• Éviter au maximum l’humidité et les chocs sur les granulés afin de faire en sorte qu’ils conservent leur qualité et performance et ne se transforment pas en sciure.

 

 

Crédit : ©Ökofen


Tout savoir sur le crédit d’impôt

Dans le cadre de la loi de finances 2014, un crédit d’impôt de 15 ou 25 % est applicable sur le prix d’achat TTC du générateur bois à usage de chauffage, en cas de bouquet de travaux et pour les résidences achevées depuis plus de deux ans. Pour en bénéficier, l’installation doit toutefois posséder un rendement minimum. A savoir – selon les normes NF EN 303.5 / EN 12809 – une concentration moyenne de monoxyde de carbone inférieure ou égale à 0,3 % et un rendement supérieur ou égal à 85 % pour les chaudières à chargement automatique. Attention, il s’applique uniquement à l’équipement de chauffe et exclut les tuyauteries, les fournitures hydrauliques et le coût de la pose.

A noter également : dans le cas d’une installation de chauffage collectif en copropriété, c’est le syndic qui a la charge de le récupérer au nom des occupants.


Étude de l’intérêt d’une chaufferie collective bois sur une copropriété de 19 lots

Dans le cadre d’un remplacement de chaudière fioul, une copropriété de 19 lots a fait appel au bureau d’études Atiane Energy pour vérifier la faisabilité technique et économique d’un projet d’implantation de chaufferie automatique à bois. Le bureau a ainsi procédé à un comparatif des solutions fioul et gaz à condensation avec celle d’une chaufferie bois. Si le choix du bois-énergie nécessite un investissement initial plus important, celui-ci s’amortit grâce au prix plus faible des granulés de bois. Sans compter qu’une partie de l’installation existante peut être conservée.

Examen d’un remplacement de chaudière fioul par des chaudières bois

Le retour sur investissement pour une chaufferie à bois