[N°643] - La visite d’immeuble

par YS
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Du trottoir, le gestionnaire scrute le ravalement toujours impeccable. Le jour se lève. Satisfait, il pénètre dans le hall de l’immeuble. En attendant ses clients, il vérifie la cristallisation du sol, relit les affichages du tableau et relève le nom des étiquettes scotchées sur les boîtes aux lettres.

9h. Le conseil syndical arrive et lui fait la rubrique des faits divers. Le couple du 2e se sépare. Les travaux du 1er salissent tout. Le 3e est encore en vacances. Au 4e, le paillasson est dépareillé. Le vacarme des Airbnb du 7e devient gênant.
Passées les confidences, la visite commence. En toiture-terrasse, le vent frais ne l’empêche pas d’inspecter le garde-corps et l’étanchéité tout en admirant la vue imprenable qu’il a sur la ville. Il aime son métier.

Il redescend l’escalier en discutant avec ses clients et frappe à la porte du 7e pour voir. Le conseil syndical recule d’un pas. Personne. Le copropriétaire du 6e attend pour lui montrer cette fissure qui l’obsède. Rien de grave. Les yeux tentent d’éviter cet intriguant anneau fixé au plafond de la chambre. L’ampoule grillée sur le palier du 5e, depuis un mois, devient le sujet crucial. On verra cela avec le gardien.

Plongée ensuite dans l’obscurité des caves, un rat passe. Le syndic sort son portable et s’avance. L’éclairage est à refaire, les collecteurs à remplacer. Les devis seront mis à l’ordre du jour de la prochaine assemblée. Les mines s’assombrissent.

Dans le parking, entre deux taches d’huile, le syndic vérifie les étiquettes des extincteurs, compte les blocs secours et note la plaque de la voiture ventouse.

Un arrêt en chaufferie permet d’admirer la chaudière flambant neuve. Le syndic est fier. Ses clients sourient à nouveau.

Le contrôle du carnet de maintenance de l’ascenseur pointe une carence du prestataire. Il faudra recadrer.

Le local poubelles est propre mais un peu encombré. Un affichage sera à faire.

Aucun détail n’échappe à la vigilance du professionnel : poussière sur les plinthes, globes manquants, goulotte déboîtée. Il mesure l’humidité à la suite d’un dégât des eaux avec son hygromètre.

La visite est finie. On se retrouve autour d’un petit café chez le président du conseil syndical. L’ambiance est bonne. On récapitule, le gestionnaire passe ses ordres de service et boucle son compte-rendu. Faire et faire savoir !

Un gestionnaire passe une bonne partie de sa journée dans ses immeubles. Les visites lui permettent de nouer des relations de confiance avec les copropriétaires. «Le syndic est là ; il s’occupe de nous». Le contrat type ne laisse pas de marge de négociation dans les prestations.

Le nombre de visites annuelles peut cependant être modulé.

Une visite n’est pas toujours une sinécure. Des problèmes graves attendent parfois le syndic : défaut d’entretien, impayés, résidents violents, conflits entre voisins. Il peut être pris à partie. Des visites agréables et d’autres éreintantes. Des gens charmants, d’autres moins. Dans tous les cas, le plaisir de rendre service.

Ainsi va la vie du gestionnaire … à suivre

Chronique assurée et rédigée par l’Association nationale des gestionnaires de copropriétéMembre de l'ANGC ? Abonnez-vous à la revue à un tarif préférentiel !
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