Copropriété | Pourquoi les syndics et leur ville s’ignorent-ils tant  ?

par Alain Papadopoulos, Secrétaire général de l’Association QualiSR
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En temps normal, les deux univers restent parallèles : le syndic agit dans sa sphère privée avec ses copropriétés, ses copropriétaires et ses immeubles ; la ville de son côté, ou l’intercommunalité, agit dans sa sphère publique avec ses services urbains, ses administrés et son domaine propre.

Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 704 de décembre 2024

Pourtant il arrive que les deux se percutent, par exemple lorsqu’une copropriété se trouve prise dans un projet de restructuration, voire requalification urbaine d’envergure (projet de ville, PNRU). Mais aussi quand une copropriété dysfonctionnelle devient un problème urbain, qu’elle vire à l’habitat indigne, que ses habitants se paupérisent, ou que l’insécurité, voire la délinquance s’y installe… Et là c’est l’incompréhension réciproque ! Le syndic et la plupart du temps les copropriétaires, se méfient, voire résistent à l’intrusion du public dans leurs affaires privées. Le service de l’habitat de la mairie ou de la métropole s’offusque quant à lui de voir ses offres d’aide, au mieux questionnées, au pire repoussées !

Ce choc des cultures vient d’abord du fait que ces deux mondes ne se connaissent pas. Les cursus de formation initiale et continue des gestionnaires sont essentiellement juridiques et un peu techniques. Jamais le droit de l’urbanisme n’est abordé, ni les outils des politiques urbaines et de l’habitat. Du côté des édiles : aucune formation au droit et à la pratique de la copropriété. Récemment, Eva Simon, coordinatrice de recherches au ministère du logement, se demandait : «la copropriété est-elle dans la Ville ?». En cause selon elle : les écoles d’urbanisme et, dans une moindre mesure, d’immobilier «d’accord pour ne pas tellement s’intéresser à la gestion des copropriétés, sujet trop technique, peu attractif, trop peu“ville” [en urbanisme], ou “pas assez compliqué pour un master”». Après une thèse fondatrice sur L’action publique locale sur les copropriétés dégradées, elle est bien placée pour savoir qu’«on ne peut pas comprendre les grandes copropriétés dégradées (au chevet desquelles les politiques publiques emploient nombre de titulaires d’un master d’urbanisme, mais aussi des travailleurs sociaux, des bailleurs sociaux, des architectes, des sociologues...) sans comprendre les copropriétés en général. [Ces] jeunes professionnels se forment de zéro en arrivant sur leurs postes, avec -parfois- des loupés à la hauteur de la complexité des enjeux». Le constat symétrique peut être fait chez les syndics embarqués dans une OPAH ou un plan de sauvegarde.

Alain Papadopoulos Alain Papadopoulos, Secrétaire général de l’Association QualiSR