Si le terme d’«Uberisation» est utilisé à toutes les sauces, il est un secteur économique où le phénomène n’a pas attendu Uber pour se déployer : l’immobilier, avec le recours massif aux négociateurs sous statut d’agent commercial.
D’abord par les agences individuelles en diffus ou dans le cadre des réseaux (franchises type Century 21 ou ORPI, etc.), puis dans le cadre des réseaux de mandataires (le leader, IAD en compte plus de 3 000…). Selon l’Observatoire des travailleurs indépendants dans l’immobilier, créé en 2021 par la FNAIM avec la Fondation Travailler autrement, et dont le rapport de la première édition a été remis le 7 juillet 2022 à Jean-Marc Torrollion, son président, 75 % de ces négociateurs exercent sous le statut de micro/auto-entrepreneur. La loi Hoguet est en effet souple à cet égard : sous réserve de lui faire délivrer une «attestation article 9» (du décret du 20 juillet 1972) indiquant sous quelle carte il intervient, le titulaire d’une carte professionnelle peut, dans la mise en œuvre d’un mandat, habiliter un non-salarié à «négocier, s’entremettre ou s’engager pour [son] compte».
Toutefois, ce recours à des indépendants, largement majoritaire chez les transactionnaires, n’avait jamais jusqu’ici effleuré la gestion immobilière, et encore moins celle de syndic de copropriété. Les «néo-syndics» vont-ils «disrupter» le métier sur ce plan ? L’un d’entre eux, Bellman, qui a déjà défrayé la chronique pour d’autres raisons, a annoncé - certes dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi qui serait, selon des informations parues dans la presse, lié à des difficultés financières - supprimer tous les postes de ses gestionnaires de copropriété salariés et leur proposer de passer auto-entrepreneurs. Il fallait oser ! Si la loi Hoguet le permet, la discussion est ouverte sur la conformité avec la loi du 10 juillet 1965, mais l’expérience a montré que les «disrupteurs» de métiers entretiennent un rapport assez souple avec la légalité…
Si Bellman saute ce pas sous la pression, d’autres peuvent être tentés de suivre pour la souplesse que la formule peut apporter dans le cadre d’une activité en forte croissance. Reste à savoir aussi si le statut d’indépendant peut séduire les candidats gestionnaires, sur un marché où ils n’ont aucun mal à trouver du travail…
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