[N° 603] - Isolation par l’extérieur : Innovation à tous les étages !

par Paul TURENNE
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Equivalant à la pose d’un manteau sur le bâti, l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) protège son enveloppe, été comme hiver. Pour les résidents, les avantages sont multiples et les inconvénients quasiment nuls, à l’exception notable du surcoût, à court terme, par rapport à un simple ravalement. Coup de projecteur sur les solutions d’ITE aujourd’hui à la disposition des copropriétaires.
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Qui suis-je ? Véritable rempart contre les flux thermiques, je protège la maçonnerie des écarts thermiques et lui assure une meilleure durabilité dans le temps. Permettant de maintenir une température constante dans les bâtiments grâce à une plus grand inertie thermique, je lutte efficacement contre l’effet “paroi froide”, améliorant ainsi le confort intérieur. Je contribue à préserver la fraîcheur en été et à éviter la surconsommation de chauffage en hiver, tout en évitant la condensation sur les parois. Je suis, je suis… ? Oui, c’est bien ça ! L’isolation thermique par l’extérieur ou ITE.

Nombreuses solutions
De plus en plus connue des copropriétaires, du fait de son intérêt croissant lié à l’augmentation du prix de l’énergie et à la sensibilisation grandissante aux questions écologiques, l’isolation thermique par l’extérieur peut prendre plusieurs formes selon la composition du bâti, son intérêt architectural ou bien encore sa date de construction. De nombreuses solutions de mortiers isolants sont aujourd’hui proposées par les fabricants et se révèlent bien souvent intéressantes dans un rapport qualité-prix.

Ces mortiers hydrauliques allégés, à granulats de billes de polystyrène expansé, sont enduits sur une épaisseur de 5 à 8 cm, avant d’être revêtus d’un enduit de chaux spécial.
Pour accroître l’isolation thermique, des plaques de panneaux d’isolant peuvent être collées ou fixées mécaniquement avant d’être revêtues d’un enduit armé, hydraulique, voire plastique (revêtement plastique épais ou RPE).
Autre possibilité : coller ou fixer des panneaux isolants à parement intégré. Ces vêtures constituent un bardage isolant, particulièrement efficace et isolant, mais souvent plus cher.
Autant de techniques qui nécessitent – de la part du professionnel mandaté – un respect scrupuleux de leur procédure d’avis technique pour garantir un résultat optimal.

Enduits de parement
Appliqués soit directement sur du béton, soit en finition des enduits traditionnels assurant l’imperméabilisation des façades, les enduits de parement jouent un rôle essentiel dans l’aspect final d’une isolation thermique par l’extérieur sans vêtures.
Plusieurs types d’enduits de parement peuvent ainsi être mis en œuvre.
A commencer par les enduits de parement hydrauliques, mortiers teintés dans la masse. Ces derniers peuvent être à base de ciment blanc – on parle alors d’enduits ciment –, de ciment et de chaux, de chaux aérienne, voire, dans certains cas spécifiques plus rares, de plâtre-chaux. Ils sont soit confectionnés directement sur le chantier par mélange, soit prédosés avec des sacs prêts à gâcher. Plusieurs types d’applications et de finitions sont possibles suivant la composition, la nature et la granulométrie de la charge du mortier : mouchetis tyroliens, tyroliens écrasés (enduit projeté brut, puis aspérités talochées), enduits grattés, raclés, grésés (striés avec des effets de tissage), lavés, jetés-truelle pochés, raclé-ripatés (grain fin), ou bien encore ribbés (stries plus larges). Bref, autant d’aspects différents selon le geste donné à la taloche, avec l’objectif de coller au mieux au goût des copropriétaires et à l’identité régionale du bâti.

Autre type utilisé : les enduits de parement plastiques, désignés sous l’appellation de revêtements plastiques épais, ou RPE. Ces enduits à base de liants organiques de synthèse (résines en dispersion aqueuse) sont fournis en pâte prête à l’emploi, en seaux ou bidons. Ces RPE désignent exclusivement des enduits dont la consommation, au moins égale à 1,5 kg par m², permet d’apporter aux parois un complément d’imperméabilisation. Ils se présentent eux-mêmes sous trois formes principales :
- les enduits granités, composés d’un liant d’aspect laiteux qui devient transparent au séchage, et ceux de granulats de marbre calibrés. Appliqués à la lisseuse sur une épaisseur finie de 4 à 6 mm, ces enduits peuvent – si leur granulométrie est plus fine – être appliqués par projection avec un équipement pneumatique ;
- les enduits ribbés (striés) qui sont pigmentés puis appliqués à la lisseuse sur 2 à 2,5 mm d’épaisseur, avant d’être ribbés en faisant rouler sous la lisseuse les plus gros granulats ;
- Enfin, on distingue les enduits tramés, ou roulés. Ces pâtes pigmentées sont appliquées soit au rouleau, soit à la lisseuse sur environ 2 mm, puis structurées en relief par le passage d’un rouleau formant des reliefs à crêtes plus ou moins prononcées.

La chaux, un complément idéal à une ITE
S’adaptant très facilement aux différents supports, la chaux tolère bien les mouvements du bâti, inhérents à toute construction, du fait de sa souplesse naturelle. Outre son excellente adhésion aux supports en raison de la finesse de son grain, elle possède l’avantage de laisser respirer les murs, en favorisant les échanges hygrométriques. Et pour cause : tout à la fois imperméable à l’eau et perméable à l’air, elle évite la pénétration des eaux de ruissellement, mais aussi les remontées d’humidité en captant et en rejetant la vapeur d’eau. Excellent isolant thermique et phonique, la chaux se révèle donc un matériau idéal en complément d’un mur manteau ou comme simple enduit isolant. Dernier avantage non négligeable, elle possède un très bon comportement au feu.

Traitement des points singuliers : une nécessité
Si au sein d’un système d’isolation moyennement performant, les déperditions dues aux ponts thermiques sont rarement critiques, il n’en est pas de même dans les projets BBC et a fortiori BEPos (Bâtiment à Energie Positive). Les ponts thermiques résiduels doivent alors être impérativement traités, sous peine de dégrader considérablement les performances d’un système très peu déperditif en lui-même. A l’image d’une veste technique très protectrice contre le froid, mais qui comporterait un trou au niveau des manches, par exemple.

Plusieurs types de solutions très performantes ont ainsi été développées par les fabricants d’ITE :
- Systèmes de chevillage à caches isolants. Incluant l’outillage de pose, ils minimisent des ponts thermiques faibles, mais nombreux ;
- Supports de fixation isolants à usage spécifique. Ils permettent de fixer très solidement et quasiment sans pont thermique des éléments rapportés sur le bâti allant du boîtier électrique au garde-corps, en passant par la marquise et la boîte aux lettres. Cette gamme de plus en plus large ne cesse de se diversifier ;
- Rupteurs de pont thermique. Très techniques, ils sont destinés notamment aux éléments constructifs en saillie, qui, en fonctionnant comme des ailettes de refroidissement, sont particulièrement déperditifs. On songe bien sûr aux balcons et terrasses, mais aussi aux parapets ou aux acrotères, à l’origine de ponts thermiques considérables au contact de l’air extérieur. Divers rupteurs spécifiques et très sophistiqués sont aujourd’hui disponibles sur le marché.

 


Bâtiments “d’exception” : L’isolation par l’extérieur reste possible

Si l’ITE reste très majoritairement utilisée pour des immeubles ne présentant pas de caractéristiques architecturales particulières, des exceptions restent toujours possibles. Les fabricants ont ainsi fait d’énormes progrès en matière de fausses modénatures, permettant ainsi de ne pas casser complètement la ligne d’un bâti ancien typique.
A titre d’exemple, une maison de maître de 1830 classée mais très dégradée a pu faire l’objet d’une ITE avec un résultat final remarquable. Les difficultés n’étaient pas minces car le maître d’œuvre souhaitait – outre la préservation intégrale du cachet de la façade – respecter la RT 2012 et transformer l’immeuble en logements sociaux.
Pour ce faire, le bâtiment a été rénové de fond en comble et une ITE de forte épaisseur mise en place. Afin de respecter le style très typé XIXe siècle, les chaînages, modénatures de façade et corniches ont été reproduits en verre expansé – matériau inerte et très résistant aux intempéries –, avant d’être collés sur un isolant en polystyrène graphité StoTherm Classic de 25 cm d’épaisseur. A la clé : une esthétique préservée et l’absence totale de pont thermique. Au final, la consommation d’énergie a été divisée par huit, passant de 400 à 50kWh/m²/an.


Focus sur une solution d’isolation d’une toiture en pente par l’extérieur

Alors que plus de 30 % des déperditions thermiques d’un bâti se font par la toiture, bien isoler celle-ci s’avère indispensable : d’où l’intérêt du sarking, solution technique qui consiste à insérer un lit continu d’isolant rigide entre la couverture et la charpente, cette dernière supportant les éléments de couverture par l’intermédiaire de contre-chevrons.
Permettant d’assurer un haut niveau d’isolation avec une réduction considérable des ponts thermiques, le sarking entraîne à coup sûr une diminution des besoins de chauffage et de climatisation. Il s’avère donc idéal pour l’isolation des toitures en pentes, par exemple à l’occasion de la réfection d’une couverture pour limiter les frais d’échafaudage.
Efisol, fabricant français d’isolants à base de mousse polyuréthane, commercialise ainsi un panneau isolant baptisé Efisarking qui garantit, selon lui, la meilleure performance thermique du marché. A épaisseur égale, ces panneaux permettraient ainsi de réaliser entre 20 et 30 % de performance thermique supplémentaire par rapport aux autres produits utilisés en procédé sarking, du fait d’une excellente conductivité thermique λD de 0,022 W/m.K-1. En simple couche de 160 mm, Efisarking possède ainsi une résistance de 7,40 m².K/W. Celle-ci monte à 13 m².K/W en double couche de 280 mm.
Les panneaux sont par ailleurs revêtus d’un parement multicouche étanche et réfléchissant qui assure la fonction d’écran de sous-toiture et permet de profiter des apports liés à l’émissivité tout en accroissant sensiblement le confort en été.
Ce système d’isolation offre par ailleurs l’avantage de conserver tout le volume habitable et de limiter la gêne de l’utilisation des lieux durant les travaux, par exemple pour l’accès aux galetas.
La résistance mécanique des panneaux – qui leur permet de conserver dans le temps leurs qualités thermiques et mécaniques – autorise la pose de contrelattes directement sur l’isolant. Par ailleurs, il sera possible de poser une bande adhésive permettant le pontage des joints entre les panneaux en partie courante, ainsi que le traitement des points singuliers de la toiture. Etanches à l’air et à l’eau, le parement d’Efisarking et la bande adhésive combinés permettent ainsi de s’affranchir de la pose d’un écran de sous-toiture.
A noter : Efisol propose deux types de panneaux. Efisarking, réservé aux toitures situées à une altitude inférieure à 900 m, et Efitoit SI pour l’isolation du bâti en climat de montagne.

 


Caractéristiques des enduits : Vocabulaire utile

Masse volumique apparente (M) Elle se mesure en kg/m³ et conditionne la consommation de l’enduit et ses caractéristiques mécaniques. Les enduits M1 sont dits légers, les enduits M5 ou M6 sont dits lourds.

Module d’Elasticité dynamique (E) Il se mesure en Mpa et traduit la capacité de l’enduit à se déformer. Un enduit E4 ou E5 sera raide ou peu déformable, contrairement à un enduit E2.

Résistance à la traction par flexion (R) Elle se mesure aussi en Mpa et traduit la capacité de l’enduit à suivre les mouvements du support. Un enduit R6 est ainsi très peu déformable.

Rétention d’eau (U) Elle traduit la résistance de l’enduit au grillage et conditionne la nécessité d’humidifier le support avant l’application et de réhumidifier l’enduit après application en cas de risque de dessication. Un enduit R6 est très rétenteur d’eau.

Capillarité (C) Elle s’exprime en g/dm²/min. Un enduit peu capillaire pourra être appliqué sur toutes les faces de l’ouvrage, y compris celles particulièrement exposées à la pluie et au vent. A contrario, mieux vaut éviter un enduit C3 en bord de mer ou dans les régions très pluvieuses.