Patrick Baudouin est une figure à part dans le monde de la copropriété.
Depuis plus de 50 ans, il mène plusieurs activités de front, à la fois comme avocat spécialisé en droit immobilier, mais aussi en tant qu’avocat pénaliste en droit international, notamment au barreau de la Cour pénale internationale de La Haye.
Les deux matières se nourrissant l’une de l’autre dans un dialogue fructueux. Avec pédagogie et humilité, cet ardent défenseur de la force du droit, et non du droit de la force, revient sur son parcours singulier, ses combats, avec pour boussole la lutte contre l’injustice.
Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 706 de mars 2025
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D’emblée, on est frappé par la sérénité de sa voix, l’éloquence de son phrasé et la hauteur de vue de ses analyses, propres à ceux qui se sont engagés vaillamment dans un combat au long cours, ici la défense des droits humains. Du plus loin qu’il s’en souvienne, Patrick Baudouin s’est toujours indigné contre l’injustice. «Dès mon plus jeune âge, j’étais spontanément du côté des victimes», glisse ce diplômé de sciences politiques.
Le métier d’avocat, véritable vigie des libertés et des droits fondamentaux, l’attire irrésistiblement. Mais pouvait-il en être autrement avec un père notaire et un oncle avocat ?
Auréolé de son certificat d’aptitude à la profession d’avocat, outre ces deux diplômes d’études supérieures en droit privé et en droit public, ce malouin fait ses premières armes dans un important cabinet de la capitale, où officie un certain Henri Leclerc, le célèbre pénaliste décédé en 2024. «J’y ai vécu les plus belles années de ma vie professionnelle», se remémore l’avocat.
En 1977, il fonde, avec son confrère Jean-Robert Bouyeure, spécialiste du droit de la copropriété, son propre cabinet parisien reconnu aujourd’hui pour son expertise en droit immobilier.
Plutôt que de choisir entre le droit pénal international et le droit de la copropriété, l’érudit et épicurien Patrick Baudouin cultive depuis lors ces deux champs juridiques, pas aussi antinomiques qu’il n’y paraît. «Dans ces matières, on est immergé dans l’humain et les relations humaines. D’ailleurs, la copropriété n’est-elle pas une démocratie miniature, avec des décisions, parfois importantes, à prendre ?», relève-t-il.
Cet esprit libre et indépendant, également passionné de football (en son temps, il a délaissé la robe pour chausser les crampons de l’équipe du ballon rond du barreau de Paris), est donc pareillement investi lorsqu’il s’agit de conseiller l’administrateur provisoire d’un grand ensemble immobilier francilien concentrant des populations fragiles et précaires, que pour représenter des parties civiles dans l’affaire du meurtre des sept moines du monastère de Tibhirine en Algérie.
Viscéralement attaché aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales, Patrick Baudouin a été président jusqu’à récemment de la Ligue des droits de l’homme, ainsi que de la Fédération internationale pour les droits humains.
Inquiet face à la multiplication des régimes autoritaires, qui s’éloignent chaque jour un peu plus de la démocratie, comme en Tunisie, en Turquie ou encore aux États-Unis, pour ne citer que ces pays, Patrick Baudouin entend faire de la célèbre formule, du philosophe italien Antonio Gramsci, son credo : «Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté». Un adage qui trouve à s’appliquer tant en matière de droits de l’homme qu’à propos de la copropriété ! A bon entendeur.