Copropriété | Geoffrey Wion-Florens, Le feu sacré

par Sophie Michelin-Mazéran, journaliste juridique
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copropriété - Goeffrey Wion-FlorensSe limiter à un seul métier : très peu pour Geoffrey Wion-Florens. Après le notariat, la copropriété, et un pied dans l’administration judiciaire, place à la création, puis au copilotage de la première licence de droit, spécialisée en copropriété de France, à laquelle est adjointe récemment un master. Le tout, sans renoncer pour autant à son métier de syndic, qu’il exerce avec passion depuis plus de 15 ans.

Portrait d’un homme-orchestre en perpétuel mouvement.

Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 705 de janvier/février 2025
©DR

Au palmarès des actions en faveur de la copropriété, celle-ci décroche au moins un accessit : soit la création d’un cursus complet en droit de la copropriété, de la licence au master, à l’université Toulouse Capitole, sous la houlette du sémillant Geoffrey Wion-Florens.

«Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’existait pas de formation dédiée pour les juristes de copropriété jusqu’en 2021, alors que les besoins en recrutement sont immenses dans ce secteur», s’exclame de son accent méridional son cofondateur et codirecteur.

Pas étonnant que ce responsable du pôle administration de biens d’une société perpignanaise se soit vu décerner en 2022 le «Grand prix de la copropriété» pour la mise en place de ce diplôme, lors du Salon de la copropriété de Paris.

 

«Cette formation professionnalisante est le fruit d’une rencontre avec Anne-Laure Thomat-Raynaud, maître de conférences à l’université Toulouse Capitole, au moment où je reprenais des études pour briguer une licence sur les métiers du notariat», souffle Geoffrey Wion-Florens.

Cet attelage praticien-universitaire à la tête de ce cursus inédit permet de croiser des enseignements académiques, nécessaires à la fonction de juriste de copropriété (urbanisme, droit des assurances, gestion comptable…), avec des pratiques professionnelles (gestion du stress, simulation d’une assemble générale, médiation…), tout en favorisant l’acquisition «in-vivo» des compétences grâce à l’alternance.

«Notre ambition : que les étudiants ou les professionnels en reconversion apprennent surtout un métier, plutôt que des matières. D’ailleurs, notre comité de perfectionnement ajuste chaque année les enseignements pour être au plus près des réalités du terrain», raconte ce juriste avec entrain.

Et cela fonctionne. «Nous rencontrons, par exemple, un succès inattendu auprès des professions autre que syndic, à savoir les assureurs, les notaires, les banques ou encore les géomètres qui s’intéressent à notre diplôme», souligne Geoffrey Wion-Florens.

 

Pourtant, rien ne prédestinait cet étudiant en économie à plonger dans l’univers de la copropriété.

Il passe d’abord par la case du notariat, et devient clerc de notaire dans une étude toulousaine. Là, il rencontre Sébastien Bénet, actuel président FNAIM de Haute-Garonne, qui décèle en lui «une fibre copropriété» se rappelle-t-il amusé.

Ensuite, ayant l’âme voyageuse, il œuvre en tant que gestionnaire, puis principal de copropriétés, dans différentes structures. «J’ai eu la responsabilité de portefeuilles dans le neuf, l’ancien et le social, avec des problématiques distinctes à chaque fois. J’ai notamment le souvenir d’un ensemble immobilier situé à la montagne, placé sous administration judiciaire, et dont la structure du parking menaçait de s’effondrer, avec le risque d’emporter une partie de la station», glisse-t-il en frémissant.

Aujourd’hui, il gère des copropriétés en difficulté au sein d’une société d’administrateurs judiciaires et est chargé d’enseignement pour la licence et le master qu’il copilote à Toulouse.

 

Un labeur ? Non, un plaisir, malgré le manque fréquent de reconnaissance, voire de respect, pour sa profession, qu’il déplore. Mais, comme il se plaît à le dire, en empruntant les mots du Petit prince, d’Antoine de Saint-Exupéry : «Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons».

Une philosophie de vie qu’il s’applique à respecter, et à transmettre.