Celui qui a éprouvé tous les métiers de l’immobilier, accède après 40 ans d’engagement militant, à la présidence de la FNAIM. Un accomplissement pour ce fervent défenseur de la loi de 1965 qui plaide l’accompagnement plutôt que la contrainte, notamment sur le sujet épineux de la rénovation énergétique.
Portrait de Loïc Cantin, un homme de terrain à l’érudition sémillante.
«Il faut cultiver notre jardin» dit Candide à la fin du célèbre conte philosophique éponyme de Voltaire. Cette citation sied à merveille à Loïc Cantin.
Élu fin 2022 à la présidence de la FNAIM, cet optimiste dans l’âme n’a eu de cesse d’accompagner et de faire grandir les professionnels de l’immobilier, notamment grâce à ses activités d’enseignant à l’ICH durant près de 25 ans, avec un ineffable plaisir à regarder pousser ses semis et autres plantations lors de ses rares temps libres.
Son engagement auprès du premier syndicat français des professionnels de l’immobilier remonte aux années 80. C’est à cette même période qu’il crée son entreprise, située en Loire-Atlantique, où il pilote toujours trois activités complémentaires, celle d’agent immobilier, celle d’administrateur de biens et celle de syndic de copropriété.
«Je suis venu à la copropriété, par touches successives, notamment en tant qu’administrateur provisoire d’immeubles en difficulté» raconte-t-il. Loïc Cantin a également exercé le métier d’expert judiciaire dans le champ immobilier auprès de la cour d’appel de Rennes. Il se souvient d’une de ses premières expertises judiciaires. «J’ai été mandaté par le juge pour reconstituer un détournement de clientèle par un professionnel. C’était une affaire tentaculaire, dans laquelle il a fallu dédommager plus de 400 créanciers lésés, tandis que le montant du détournement s’élevait à quelque deux millions d’euros, avec une garantie financière limitée à 700 000 euros. Cinq années de travail ont été nécessaires pour trouver une solution équitable».
Cette obstination à défendre, Loïc Cantin la décline aujourd’hui à la tête de la FNAIM, depuis sa prise de fonction en janvier 2023. Il porte notamment la voix des syndics de copropriété qu’il décrit, à regret, comme une profession méconnue, pour ne pas dire mal-aimée. «Elle mériterait un autre regard de la part des Français. C’est un métier formidable où il faut endosser, tour à tour, le rôle de juriste, de technicien, de comptable, de fiscaliste, de médiateur, ou encore de psychologue», revendique-t-il.
Cette richesse, mais aussi cette complexité du monde de la copropriété, il est vrai pas toujours simple à saisir, ne serait guère mieux prise en compte par les pouvoirs publics. «En témoigne la loi Climat de 2021 qui engage les immeubles collectifs sur le chemin de la rénovation énergétique, au soutien d’un calendrier dont la temporalité n’est pas adaptée au fonctionnement de la copropriété. Au demeurant, les gestionnaires sont actuellement plus occupés à expliquer les augmentations de charges collectives qu’à faire de la pédagogie sur le plan pluriannuel de travaux» explique-t-il.
De plus, il est fermement opposé aux récentes annonces gouvernementales prévoyant d’abaisser le vote des décisions de travaux de rénovation énergétique en copropriété. «Une modification en ce sens de la loi de 1965 aurait pour effet que de précariser les copropriétaires fragiles, déjà malmenés par l’inflation et la hausse des prix de l’énergie», pointe-t-il. Surtout, la question du financement de la rénovation énergétique devrait être au cœur des débats. C’est aujourd’hui le parent pauvre, bien que les représentants des grandes banques françaises se soient réunis en février dernier, sous l’égide de plusieurs ministères pour travailler aux moyens d’amplifier les aides directes pour les travaux copropriété.
«Rien ne se fait sans un peu d’enthousiasme» selon le même Voltaire. Les syndics de copropriété devraient pouvoir compter sur celui de Loïc Cantin pour faire avancer les sujets importants.
© DR