Voici près de trente ans que Michèle Raunet contribue au sein de l’étude Cheuvreux, en tant que notaire associée, à concevoir la ville de demain dans laquelle les copropriétés ont un rôle majeur à jouer.
Comment adapter les immeubles collectifs existants au vieillissement de la population ? En quoi les copropriétés peuvent-elles contribuer au verdissement d’un quartier ? Dans quelle mesure envisager, dès la mise en place d’un immeuble en copropriété, ses usages futurs ?
C’est un autre regard, et partant, des actions nouvelles, auxquels nous convie cette passionnée de l’innovation juridique.
Prenez une tintinophile qui ne boude pas son plaisir à sillonner les capitales européennes pour en goûter les identités urbaines et culturelles. Ajoutez ses quatre diplômes d’études supérieures en lien avec l’aménagement, l’urbanisme, l’immobilier, le droit public approfondi et la gouvernance territoriale. De quoi combler cette insatiable perfectionniste, titulaire, en outre, d’un master Droit notarial.
Appréciez son humanité se traduisant entre autres par l’accueil dans son foyer d’un jeune réfugié afghan avec l’appui du SAMU social. Et vous obtiendrez quelques clés de lecture pour saisir la personnalité de Michèle Raunet, un officier public pas tout à fait comme les autres.
Après avoir œuvré à la sous-direction de l’aménagement de la Ville de Paris dans les années 90, et grâce à l’entremise du regretté professeur de droit Étienne Fatôme, elle intègre en 1994 le groupe Cheuvreux, l’une des plus importantes études notariales de France.
Là, elle y trouve un terreau fertile pour nourrir son esprit curieux et ouvert. «J’ai été frappée par un véritable coup de foudre professionnel et la vision novatrice du métier de notaire portée par l’équipe dirigeante, à savoir que si la rédaction d’actes juridiques constitue les fondations de notre savoir-faire, le conseil auprès de nos clients occupe une place tout aussi prépondérante», se remémore Michèle Raunet, en souriant.
Cet équilibre entre sécurisation des contrats et conseil trouve tout naturellement à s’appliquer en matière de copropriété.
Souvent perçu comme l’homme invisible, le notaire est pourtant bien présent d’un bout à l’autre de la vie d’une copropriété, de la rédaction du règlement de copropriété à ses modifications ultérieures, en passant par sa réorganisation. «Réorganisation rendue nécessaire pour certains grands ensembles immobiliers franciliens créés dans les années 60/70, via des règlements de copropriété classiques, et qui se retrouvent aujourd’hui confrontés à de grandes difficultés de gouvernance. Il appartient alors au notaire de trouver des solutions juridiques, comme la division en volumes, pour sortir de situations figées, ce à quoi nous nous sommes employés avec la tour Montparnasse», explique-t-elle. «Nous sommes également intervenus dans le cadre de la scission judiciaire de la copropriété Grigny 2 dans l’Essonne», poursuit-elle.
Si le notaire est donc le garant des règles de bon fonctionnement de l’immeuble et de la vie collective en copropriété, il doit aussi anticiper les usages, a fortiori à l’heure des modes de vie qui évoluent. Comment ? En envisageant dès la conception d’un bâtiment neuf ses usages futurs, ce qui passe notamment par l’élaboration d’un règlement de copropriété adapté à cette projection vers l’avenir.
Face aux enjeux du changement climatique, l’accélération de la rénovation énergétique des copropriétés représente un autre cheval de bataille aux yeux de Michèle Raunet. Selon elle, «en plus des leviers réglementaires, il est nécessaire que des actions de pédagogie et de formation soient déployées à l’égard de ces acteurs pivots que sont les syndics pour qu’au-delà des questions de sobriété énergétique, la copropriété soit associée au verdissement d’un quartier en s’appropriant des sujets tels que la récupération des eaux de pluie, la végétalisation, l’utilisation des sous-sols, etc». Chiche ?
© Patrick SORDOILLET