«Le vote par correspondance a été sans aucun doute salvateur»
Foncia, premier acteur de l’administration de biens en France réalise un chiffre d’affaires de plus de 1,2 milliard d’euros. Créé il y a presque 50 ans, le groupe gère plus de 2 millions de lots en France. Major du diplôme ICH et titulaire d’un Master de droit de l’immobilier, Guillaume Serpaggi est le responsable juridique immobilier du groupe Foncia. Il répond à nos questions sur l’exercice et les mutations du métier de syndic durant cette période de crise sanitaire et à la suite de la réforme ELAN.
Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 675 de janvier-février 2022
Dans quelle mesure l’utilisation des formulaires de vote par correspondance a-t-elle modifié, selon vous, la participation des copropriétaires à la vie collective ?
«Au début de la crise sanitaire, le vote par correspondance a été sans aucun doute salvateur. La publication de l’ordonnance du 20 mai 2020 qui précisait que les copropriétaires pouvaient parallèlement à la visioconférence ou à l’audioconférence, voter par correspondance avant la tenue de l’assemblée générale des copropriétaires est venue à la rescousse des syndics permettant de faire face à l’urgence de la situation. Néanmoins, après avoir connu un franc succès, le recours à ce procédé de vote s’est considérablement réduit à ce jour selon notre directeur métiers, Mathieu Mialaret.
«Nous avons aussi identifié quelques difficultés de mise en œuvre. En effet, séduisant en théorie, il s’avère que ce mode de vote ne permet pas la participation aux débats qui ont lieu durant la tenue de l’assemblée générale. Or, l’absence d’échanges entre les participants et d’explications délivrées par le syndic lors de la tenue de l’assemblée peuvent parfois conduire à des situations où les copropriétaires sont réticents à voter certaines dépenses.
«En outre, remplir un bulletin de vote par correspondance nécessite de respecter un certain formalisme».
Le groupe Foncia développe des efforts en vue de la digitalisation de la gestion des copropriétés. Proposez-vous également la gestion d’immeubles à distance, à l’instar des syndics «en ligne» ?
«Depuis l’arrivée de Philippe Salle à la présidence du groupe, il y a quatre ans, nous avons engagé un grand plan de transformation digitale, qui a vocation à simplifier la vie de nos clients, comme de nos équipes, d’offrir toujours plus de réactivité et de transparence. L’objectif de cette transformation est aussi de permettre à nos gestionnaires d’être plus disponibles pour le client et plus fréquemment dans les immeubles gérés par Foncia. Il ne s’agit pas d’une transformation de façade, mais d’un chantier long qui aura mobilisé 60 millions d’euros et plus d’une centaine d’experts. Déjà déployé en test auprès de 100 000 clients, le nouveau site client MyFoncia, et l’application mobile du même nom, seront bientôt accessibles à l’ensemble de nos clients. Foncia travaille également à d’autres formes de gestion de copropriété, avec des gammes de tarifs qui correspondent à des niveaux de services différents. C’est notamment le cas d’offres de syndic en ligne à venir, comme le Bon Syndic, déjà marque du groupe Foncia.
«Enfin, il convient bien de distinguer, les syndics 100 % digitaux, qui sont des vrais syndics de, certaines plateformes d’assistance à des syndics non-professionnels. Dans ce dernier cas, il appartient aux copropriétaires d’assumer le travail et les responsabilités du syndic».
D’après vous, existe-t-il une différence entre la gestion d’une copropriété par un syndic dit de proximité et un groupe tel que le vôtre ?
«La proximité n’est pas une question qui oppose grands groupes et petits cabinets indépendants. C’est une question de localisation des équipes par rapport aux clients et aux immeubles que nous gérons.
«Dans un grand groupe, les collaborateurs bénéficient d’accès à des services supports d’assistance divers et des pôles d’experts spécialisés dans les divers domaines de la gestion de copropriétés : direction métier au contact quotidien de nos gestionnaires, direction juridique pour les sujets les plus sensibles et complexes, pôle de gestion de sinistres, pôle de ressources humaines...
«La taille et la notoriété d’un groupe comme Foncia permettent à nos copropriétaires de bénéficier de tarifs négociés auprès des fournisseurs et prestataires compte tenu du nombre de lots gérés. Ceci contribue fortement à l’optimisation de la maîtrise des charges de copropriété.
Avec plus de cinq cents agences implantées sur tout le territoire national, nos gestionnaires offrent un service de proximité à notre clientèle au même titre qu’une agence indépendante dans les mêmes villes, tout en bénéficiant des avantages d’un grand groupe comme la capacité à mettre en œuvre une stratégie de communication à grande échelle comme notre récente campagne télé».
Que pensez-vous de la possibilité offerte désormais par la loi aux syndics de proposer des services particuliers aux copropriétaires ?
«Je pense que cette disposition est la bienvenue même si quelques précisions auraient été utiles.
Tout d’abord, il convient de rappeler le cadre juridique de cette nouvelle possibilité offerte par l’ordonnance n°2019-1101 du 30 octobre 2019 qui a fait couler un peu d’encre…
«L’article 18-1A II de la loi du 10 juillet 1965 énonce que «le syndic peut conclure avec le syndicat une convention portant sur des prestations de services autres que celles relevant de sa mission de syndic, après autorisation expresse de l’assemblée générale…. Ces prestations ne peuvent figurer dans le contrat de syndic».
«La profession soutenait cet apport de la réforme en considérant que les services particuliers pouvaient être, par exemple, de la conciergerie, du gardiennage de chiens voire d’enfants. Pour d’autres auteurs, en revanche, les prestations proposées par le syndic ne pourraient être que strictement conformes à la réalisation de l’objet du syndicat à savoir la conservation, l’amélioration, l’administration des parties communes».