Le syndic veille à la formation du gardien/concierge
Juriste en droit immobilier au sein de l’UNIS (Union des syndicats de l’immobilier), Isabelle Bérenger a également en charge la formation des professionnels de l’immobilier.
Le syndic, à la demande des syndicats des copropriétaires, procède au recrutement des gardiens / concierges. Quels sont les profils recherchés ou les compétences attendues aujourd’hui dans les copropriétés ?
«Il n’y a pas de réels profils types pour l’embauche des gardien(ne)s. Outre les compétences techniques pour l’entretien et la maintenance des parties communes, les syndicats des copropriétaires recrutent en fonction du «savoir-être» du gardien(ne). En effet, il sera demandé au salarié d’interagir avec les occupants (copropriétaires, locataires, etc.) mais également avec les prestataires (ascensoriste, chauffagiste, etc.). Dans la pratique, il sera également le lien entre les occupants et le syndic».
Pouvez-vous dresser une typologie des litiges observés par les syndics opposant les copropriétaires à leur gardien / employé d’immeubles ?
«Certains litiges relèvent de l’exécution des tâches du gardien et du contrôle réalisé par les copropriétaires qui n’ont pourtant pas de pouvoir hiérarchique. Le syndic, en tant que représentant du syndicat qui est l’employeur, est légalement celui qui peut suivre le travail du gardien».
Quelles sont les actions entreprises par les syndics pour épauler les syndicats des copropriétaires dans leurs obligations légales de formation et de sécurité, notamment dans la rédaction des PPRP*, à l’égard du gardien / employé d’immeubles qui est souvent l’unique salarié d’un syndicat ?
«Le contrat type de syndic prévoit que ce dernier doit mettre en place et mettre à jour du document unique d’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, gérer la formation des gardien(ne)s et assurer le contrôle d’activité. Lorsque la réalisation de ces actions conduit à une dépense pour le syndicat, le syndic devra mettre à l’ordre du jour la question sur l’attribution du budget nécessaire».
Dans le cadre des demandes souvent contradictoires des copropriétaires pour la suppression ou le maintien du poste de gardien / employé d’immeubles, les formules de gardien à temps partagé entre plusieurs syndicats sont-elles explorées ?
«L’employé d’immeubles (catégorie A) est majoritairement “multi-employeurs”. Toutefois, cette formule est moins usitée car plus complexe pour les gardien(ne)s logé(e)s (catégorie B). En effet, en catégorie B, la mise à disposition d’un logement de fonction est obligatoire. Il ne serait alors pas possible qu’un même gardien soit en catégorie B sur deux copropriétés. Il pourrait être gardien catégorie B (hors service complet) pour une copropriété et employé catégorie A pour une autre copropriété. Or, cette solution fait ressortir de nombreuses difficultés pour l’organisation du temps de travail.
Quant à la création d’une union de syndicats pour la gestion du personnel, si cela paraît être une solution intéressante, la gestion de l’union en elle-même complexifie les modalités de prise de décisions relatives au contrat de travail».
En tant qu’organisation professionnelle, l’UNIS est co-signataire des avenants à la convention collective des gardiens /concierges. Quelles sont les actions entreprises ou prévues en vue de revaloriser le métier de gardiens / concierges telles que le préconise le rapport Pelletier ?
«L’UNIS participe aux négociations mais n’est pas signataire des avenants.
La branche œuvre depuis plusieurs années pour la revalorisation des métiers des gardiens, concierges et employés d’immeubles. Pour ce faire, un certificat de qualification professionnelle (CQP) a été créé permettant de reconnaître la technicité des métiers.
De plus, la classification a été modifiée, ce qui permet à chaque salarié d’être positionné au mieux en fonction des missions relevant de son poste».
*PPRT : plan de prévention des risques professionnels.
** Rapport de Françoise et Philippe Pelletier, avocats au cabinet Lefèvre-Pelletier, octobre 2008.