Les désordres du bâti peuvent avoir différentes origines, mais dans tous les cas, les conséquences peuvent être très dommageables pour la pérennité de la structure. Le point sur les techniques à mettre en œuvre sans tarder lorsque le sol se dérobe ou que l’immeuble s’affaisse et se fissure.
Fuites de canalisation, inondation, sécheresse ou bien encore fondations, fragilisées par un sol présentant un défaut de portance… Autant de raisons qui peuvent expliquer l’apparition de fissures, voire de lézardes (cf. encadré ci-dessous), ainsi que de défauts de planéité suite à un affaissement.
Avant de se lancer dans des travaux potentiellement coûteux, un préalable indispensable consiste à faire procéder à un état des lieux par des professionnels du bâtiment, à même de poser un diagnostic fiable. Sous peine d’être confronté très rapidement au retour des désordres, si ce n’est à leur aggravation…
Ainsi, dès lors que des fissures apparaissent sur les chaînages (notamment les moellons portant le bout d'une poutre ou formant l'encoignure d'un bâtiment), mieux vaut faire appel à un bureau d’étude technique pour réaliser un diagnostic structurel de l’immeuble.
Qu’il s’agisse de fuites de canalisation ou d’inondations causées par de fortes précipitations, l’arrivée massive d’eau dans le sol va très souvent entraîner des tassements et, par effet de bord, l’apparition de désordres dans le bâti. A fortiori, lorsque l’immeuble a été construit sur de mauvaises bases. Citons, par exemple, les sols argileux qui vont gonfler en présence d’humidité et se rétracter en cas de sécheresse, ou bien encore les sols calcaires pouvant présenter des cavités naturelles du fait de l’érosion naturelle.
Surélévation, réhabilitation… De l’intérêt de jouer la carte du préventif
C’est bien connu : le meilleur moyen de résoudre des problèmes est de les anticiper pour qu’ils ne surviennent pas. Ainsi, à partir du moment où des travaux modifiant la structure du bâti sont prévus, mieux vaut se tourner vers un professionnel qui saura calculer les descentes de charges potentielles, notamment, grâce à une étude de sol et de fondation. Et ainsi prévoir, le cas échéant, un renforcement de l’assise ou des murs porteurs.
Attention : mieux vaut privilégier un bureau d’étude géotechnique régional au fait des spécificités des sols et des techniques de constructions locales.
Microfissures, fissures, lézardes : de quoi parle-t-on ?
Peu visibles à l'œil nu, les microfissures possèdent une largeur inférieure à deux dixièmes de millimètres. La plupart du temps, elles se traduisent par de fines craquelures à la surface de la peinture ou de l'enduit.
On parle de fissures, dès lors qu’elles excèdent deux millimètres. Si certaines fissures peuvent être facilement traitées, il faut toujours s’interroger sur leur origine car elles peuvent préfigurer des désordres plus importants à venir.
Enfin, les lézardes sont plus épaisses que les fissures classiques et surviennent généralement à la suite à des mouvements de sol ou des sollicitations inhabituelles mettant à mal la structure du bâtiment. Des actions correctives doivent être mises en œuvre sans attendre.
Des travaux (parfois) pris en charge par les assureurs
Il convient, bien évidemment, de consulter la police d’assurance souscrite par l’immeuble pour savoir ce qui est pris en charge ou pas. Néanmoins, dans certains cas précis, les diagnostics et les travaux nécessaires pour mettre fin à des désordres sont automatiquement couverts. Ainsi, si l’immeuble a été livré il y a moins de dix ans, c’est l’assurance dommages-ouvrage qui couvrira le sinistre. Dès lors qu’une fuite de canalisation est en cause, ou si, a contrario, l’immeuble s’avère être situé dans une zone reconnue en catastrophe naturelle sécheresse, il faudra alors faire jouer l’assurance habitation.
Pour rappel, les travaux ne doivent débuter qu’une fois validés par un ou des experts des assureurs concernés, afin d’éviter toute contestation éventuelle. Cela étant, le syndic peut passer outre et procéder, sans délai, de sa propre initiative, à tous «travaux présentant un caractère d’urgence et nécessaires pour la sauvegarde de l’immeuble».
Des techniques pour renforcer les sols
Traditionnellement, la technique des micropieux a été utilisée pour stabiliser les ouvrages de tout type et renforcer leurs maçonneries. Il s’agit tout simplement d’effectuer un forage de diamètre inférieur à 300 mm puis d’injecter un coulis de ciment minéral. Une solution relativement simple à mettre en œuvre sur le plan technique. Toutefois, elle présente le principal inconvénient d’être invasive et peu souple, en particulier dans un immeuble d’habitation.
D’où l’intérêt de solutions alternatives de reprise en sous-œuvre consistant à injecter dans le sol des résines expansives à forte pression de gonflement, proposées par quelques spécialistes, comme Solinjection, Geonovatek ou le leader, Uretek. De quoi multiplier la portance par un facteur de deux ou trois, du fait du gonflement jusqu’à trente fois le volume initial injecté. L’injection de résine s’avère, du reste, particulièrement efficace sur des chantiers très enclavés, sensibles aux vibrations des foreuses, ou nécessitant une mise en œuvre rapide pour limiter les nuisances.
Imperméabiliser les structures enterrées : focus sur la solution Water Barrier
Proposée par Uretek, Water Barrier© permet d’imperméabiliser des structures enterrées soumises à des infiltrations d’eau, en générant une épaisse barrière imperméabilisante à l’arrière du voile contre terre. Après avoir maillé la zone d’application du produit, le technicien injecte une résine expansive dans le sol ou à l’arrière de la maçonnerie pour saturer les macro-vides (schéma 1) puis un gel saturant pour remplir les micro- vides non atteints par la résine (schéma 2). Le résultat est immédiat et définitif, aucun temps de séchage n’étant requis. Le procédé permet ainsi de traiter des lieux aussi divers que des garages, parkings souterrains, sous-sols, caves et vides sanitaires, ou bien encore fosses d’ascenseur. Le tout sans démolition ou excavation.
Suivi tridimensionnel par radar : pour la haute précision
Pour certains bâtiments sensibles tels que des monuments historiques, immeubles de grande hauteur ou comportant une surface dont la planéité doit être maintenue (supermarché en rez-de-chaussée par exemple), l’exigence de précision est plus importante.
Les injections de résine doivent alors être surveillées en temps réel pour un ajustement parfait.
Concrètement, un système de surveillance radar 3D va permettre un suivi structurel tridimensionnel du bâtiment au niveau de la zone d'influence des injections.
Une fois positionné, le radar est tout d'abord calibré pour définir l'état initial de l'ouvrage surveillé, avec des données servant de référence. Plus d'une centaine de points en façade sont alors analysés instantanément à l'aide d'un balayage progressif. À tout moment, l'opérateur dédié peut ainsi observer l'évolution de la structure et se concentrer sur un point en particulier si cela est nécessaire.
À retenir :
• Le préventif est toujours préférable au curatif et permet, bien souvent, de limiter les frais.
• En cas de désordres importants nécessitant l’intervention de plusieurs corps de métier, missionner un maître d’œuvre qui aura la charge d’engager les entreprises et de les suivre dans la phase exécution.
À savoir
• La norme NF EN 12715 encadre l'exécution de travaux géotechniques spéciaux par injection. Elle impose ainsi, pendant toute la durée de l'intervention, une surveillance permanente des édifices localisés dans le rayon d'influence du traitement de sols. Objectif : pouvoir adapter rapidement les injections et modifier leurs modalités selon les résultats obtenus pour une planéité de précision.