Sollicitées au quotidien, les canalisations d’eau – présentes dans n’importe quel immeuble – doivent faire l’objet d’un entretien régulier et d’une surveillance constante. A défaut, les risques de dégradations à la suite de fissures ou de casses sont loin d’être négligeables.
État des lieux des bons gestes en la matière..
Quoi de plus important que des canalisations en bon état au sein d’un immeuble ? Alimentation en eau potable, eau chaude sanitaire, eaux usées, ou bien encore eaux pluviales : dans tous les cas, un bon entretien peut éviter à la copropriété de sérieuses déconvenues et des frais potentiellement importants.
Pour ce qui concerne l’eau potable, l’enjeu est en premier lieu sanitaire avec une meilleure qualité de l’eau (sans plomb, peu turbide…), mais aussi économique (cf. encadré sur les coûts des fuites).
Les évacuations d’eaux usées ne sont pas en reste. Inutile de s’étendre sur les désagréments très importants qu’occasionneront le plus souvent la rupture d’une telle canalisation… En la matière, l’adage “mieux vaut prévenir que guérir” s’applique pleinement.
Enfin, les conduites d’eaux pluviales sont, elles aussi, à surveiller. Avec la limitation du risque de dégâts des eaux, la qualité du bâti s’en trouvera préservée. Sans compter les enjeux de santé publique, l’eau stagnante favorisant en particulier l’éclosion de larves de moustiques ; dont le fameux moustique tigre en plein développement en France et potentiellement porteur de maladies tropicales.
Conserver les canalisations et prévenir les fuites
Pour l’alimentation en eau potable :
- Remplacer les vieilles conduites par des conduites en cuivre ou PEHD (polyéthylène haute densité). En cas de conduite enterrée rendant un remplacement très onéreux, il peut être intéressant de procéder à un chemisage ;
- Remplacer les vieux robinets à vis par des vannes quart de tour bien plus fiables ;
- Vérifier régulièrement l’ensemble de l’installation (bon état général des conduites), le bon fonctionnement des limiteurs de pression, mais aussi les compteurs et l’installation d’eau chaude sanitaire.
Coups de bélier : comment les éviter ?
Si les canalisations d’eau sont régulièrement bruyantes et tremblent, mieux vaut se montrer vigilants. Il pourrait bien s’agir du fameux coup de bélier qui peut potentiellement endommager voire détruire les canalisations et les joints… Rappelant le son d’un marteau cognant sur du métal, le coup de bélier produit lorsque de l’eau sous pression se cogne à une valve fermée sans pouvoir s’écouler ailleurs.
Ce phénomène peut avoir plusieurs causes.
Tout d’abord, une pression trop importante, visible à l’œil nu si l’eau jaillit trop brutalement lorsque l’on ouvre un robinet à fond. Il convient alors de faire installer un réducteur de pression (ou de faire vérifier l’existant) par un professionnel. Le phénomène peut également s’expliquer par un bridage des canalisations causé par des colliers trop serrés, ou un scellement au niveau de la traversée d’un mur.
En cas de coups de béliers récurrents, un anti-bélier peut absorber le choc en équilibrant la pression de l’eau et des ondes. Celui-ci peut être à membrane ou à ressort. Un piston va alors absorber l’onde de choc et faire baisser la pression dans les canalisations. Dans les deux cas, les anti-bélier doivent être installés près de l’endroit où sont créées les ondes de choc, pour les diminuer très rapidement avant qu’elles ne fassent des dégâts. Plusieurs peuvent, par ailleurs, être installés si les coups ont lieu en divers endroits.
Autre précaution : fermer lentement les vannes quart de tour lors des coupures d’eau.
A noter : des coups de béliers thermiques peuvent également se produire lorsque la différence de température est trop importante entre un conduit froid et de la vapeur d’eau chaude. Cela conduit à un condensat et crée alors des appels d’air au sein de la canalisation.
Mesures préventives pour éviter la casse de canalisations par grand froid
Pour éviter tout risque de gel et par là même, de casse, il convient d’isoler les tuyaux potentiellement exposés au froid avec des mousses préformées à fixer autour de ces derniers avec des colliers ou du ruban adhésif. Il est également possible de les envelopper dans de l’adhésif aluminium isolant. Autre possibilité pour les régions les plus froides ou en altitude, l’installation de ruban thermique électrifié ou d’un câble thermique pour réchauffer les tuyaux. Les plus sophistiqués peuvent comporter des thermostats qui activent et désactivent l’appareil en fonction de la température.
Attention ! Les tuyaux d’eau chaude qui traversent des espaces non chauffés doivent également être isolés à double titre : d’une part, ils peuvent geler, notamment si le chauffe-eau ne fonctionne pas ; d’autre part, cela limite la déperdition de chaleur… et donc la consommation d’énergie.
Pour les installations extérieures, type arrosage de massifs, veiller à ce que toutes les lignes d’alimentation d’asperseurs aient bien été débranchées et égouttées avant l’arrivée du froid.
De manière générale, l’utilisation d’antigel dans les tuyaux d’eau est à proscrire, du fait de la nocivité de ce dernier pour la faune (dont les humains !) et la flore.
Mesures préventives pour l’évacuation d’eaux usées
Jets de détritus dans les toilettes, d’huile de cuisson dans l’évier, entartrage excessif… Autant de facteurs qui peuvent conduire à l’obstruction de lacolonne générale d’évacuation des eaux usées. Une colonne générale bouchée va alors empêcher l’écoulement normal des effluents qui vont alors refluer dans les éviers, lavabos et toilettes. Si tel est le cas, ou en cas de mauvaises odeurs persistantes, il convient de faire appel sans délais à une entreprise spécialisée. Celle-ci pourra déboucher le conduit avec de l’air sous haute pression via un camion pompe et ainsi éviter d’importants dégâts. Les frais de l’intervention seront bien évidemment répercutés à l’ensemble des copropriétaires, sauf si la responsabilité de l’un deux est clairement mise en évidence dans ce dégorgement.
Mieux vaut, par ailleurs, éviter d’utiliser des produits chimiques corrosifs. Non seulement, leur efficacité peut être très variable selon les caractéristiques du bouchon, mais en plus, ils polluent l’environnement et peuvent fragiliser les canalisations de l’immeuble en créant des fissures.
A faire :
- Dans les immeubles très anciens, remplacer les vieilles conduites potentiellement fuyardes par des canalisations adaptés en PEHD ;
- Sensibiliser les copropriétaires aux bons gestes : ne rien jeter d’autres que du papier toilettes dans les WC, éviter les rejets de matières organiques dans les éviers etc ;
- Pour les installations anciennes ou étroites : procéder à des curages réguliers préventifs.
Mesures préventives pour l’évacuation d’eaux pluviales
- Installer des hérissons dans les gouttières ;
- Procéder à un entretien régulier des conduites d’évacuation, en particulier à la fin de l’automne après la dernière chute de feuilles (pour éviter les bouchons favorisant la formation de glace) et au printemps ;
- Procéder à des vérifications visuelles après de gros épisodes orageux pour s’assurer du bon état de l’installation et éviter des fuites par la suite.
Pour aller plus loin
☞ Entretenir les canalisations et prévenir les fuites, par Julie Hainaut
☞ Les canalisations en copropriété, par Guilhem Gil (étude juridique)