Accident, usure, manque d’entretien… nombreuses sont les causes qui peuvent entraîner une fuite sur une canalisation et provoquer un dégât des eaux dans les parties communes ou privatives. Mais quand la fuite n’est pas clairement visible, il y a urgence à la retrouver pour éviter une dégradation de la situation. État de l’art des possibilités en la matière… sans tout détruire !
Apparition de salpêtre, papier peint qui se décolle en bas, revêtement de sol qui pourrit, dégradation des plâtres et enduits qui s’effritent… Autant de signes révélateurs d’une fuite (ou infiltration) d’eau. Quoi de plus fréquent qu’un dégât des eaux en copropriété ? Certaines d’entre elles, en particulier les plus anciennes, y sont parfois confrontées plusieurs dizaines de fois dans l’année. La faute le plus souvent à l’usure des tuyauteries, sans compter les malfaçons datant de la construction ou d’une rénovation, voire les problèmes matériels type lave-linge défectueux. Quoi qu’il en soit, une simple fuite va très rapidement entraîner des dégâts matériels si rien n’est entrepris pour y mettre fin. Les choses se corsent lorsque la fuite demeure introuvable.
Pire : il peut parfois s’écouler plusieurs semaines avant qu’un copropriétaire ne s’en rende compte… «Un jour, j’ai remarqué qu’il y avait un peu d’eau à côté de la cuvette de mes toilettes», relate Jean, copropriétaire au sein d’un immeuble datant des années 30. «J’ai alors pensé que la cuvette était fendue. Après quelques minutes de recherche, j’ai découvert que l’eau provenait du fenestron donnant sur une gaine technique. Lorsque j’ai voulu l’ouvrir, je n’ai pu le faire immédiatement tant le bois avait gonflé, à cause d’un micro-geyser sur une grosse canalisation d’alimentation en eau potable. La fuite devait durer depuis plusieurs semaines car le mur et le fenestron étaient complètement imbibés…» Dans cet exemple, les dégâts étaient relativement peu importants, la fuite évidente, et après le passage d’un plombier mandaté par le syndic, l’expert de l’assureur de Jean n’a fait aucune difficulté pour l’indemniser. Mais que faire quand un désordre est constaté, sans que l’origine ne puisse être déterminée ?
De nombreuses techniques non destructrices et efficaces peuvent être employées en fonction des circonstances. Toutefois, les méthodes destructrices peuvent être envisagées si le professionnel ou l’expert détermine qu’elles sont économiquement plus intéressantes.
De nombreuses techniques non destructrices et efficaces peuvent être employées en fonction des circonstances. Toutefois, les méthodes destructrices peuvent être envisagées si le professionnel ou l’expert détermine qu’elles sont économiquement plus intéressantes.
Colorants.- Cette technique simple permet de vérifier l’étanchéité, notamment en cas de présomption de fuites multiples : l’utilisation de colorants, fluorine par exemple, permet ainsi de tracer les fuites. Les colorants employés peuvent cependant laisser des traces dans les locaux testés, contrairement à un produit réactif aux ultraviolets.
Fumigène.- Cette technique consiste à injecter sous pression un gaz opaque et à observer les sorties de fumée au(x) point(s) de fuite. Très couramment utilisée pour vérifier l’étanchéité de conduits après un feu de cheminée, elle peut également permettre de détecter des fuites sur les membranes d’étanchéité bitumée ou PVC non adhérente.
Mesures de pression.- Après avoir obturé les extrémités d’une canalisation potentiellement fuyarde avec des ballons gonflables, celle-ci est mise en pression. Objectif : vérifier, à l’issue du test, si la pression a chuté ou pas, via un contrôle par manomètre. Ce test peut être effectué sous eau ou sous air pour éviter d’aggraver les dommages. D’autres investigations peuvent ensuite être menées pour déterminer précisément l’origine de la fuite.
Thermographie infrarouge.- Cette méthode consiste à mesurer la température instantanée de la surface des matériaux observés sur des murs, des dalles des sols extérieurs. Les matériaux humides étant plus lents à changer de température, ils deviennent très clairement visibles si la température du bâtiment est modifiée très rapidement, par exemple avec de l’air chaud. Cette technique très efficace ne permet toutefois pas de déceler les micro-fuites.
Inspection par caméra.- L’inspection vidéo via une caméra endoscopique permet de connaître l’état d’une canalisation et d’y déceler la présence d’une fuite. Une sonde vidéo couleur permet de visualiser les défauts (fêlures, mauvais alignement, contrepente…) ainsi que le cheminement des canalisations. L’inspection vidéo peut, par ailleurs, être associée à une sonde électromagnétique, qui, une fois le défaut localisé par la caméra, permet de localiser la fuite en surface pour la réparer.
Traçage de conduite par champ électromagnétique.- Les conduites peuvent être tracées via l’émission d’une onde électromagnétique. Le courant alternatif peut être directement appliqué dans des réseaux encastrés si ces derniers sont conducteurs (cuivre, acier, plomb…) ou grâce à un câble équipé d’un émetteur dans le cas contraire. Le champ électromagnétique est ensuite mesuré en surface avec une antenne réceptrice.
Champ magnétique.- Ce procédé permet de vérifier l’état des étanchéités adhérentes ou recouvertes de carrelage. Une source de champ magnétique résistif est mise en place, puis la surface est balayée à l’aide de sondes pour mesurer la conductivité ou la résistivité de l’étanchéité.
LÉlectroacoustique.- Une fuite émet naturellement des ultrasons via le mouvement qu’elle crée. Un micro amplificateur permet ensuite de localiser précisément la zone d’où proviennent ces ondes. L’électroacoustique consiste à envoyer une sonde sous forme de canne munie d’un micro amplifié. Le micro est relié à un casque qui rend audibles les bruits d’une fuite d’eau dans une canalisation. La corrélation acoustique permet de détecter la source de la fuite par une exploration acoustique. Le bruit de la fuite est alors décelé grâce à un appareil amplificateur de son nommé aquaphone.
Neutrographie.- Le cheminement de l’infiltration d’eau est recherché au sein de l’infrastructure grâce à une sonde à neutrons. En transitant dans la matière, les neutrons permettent d’identifier le pourcentage d’humidité via une cartographie.
Gaz traceur.- Composé d’un mélange stable d’hydrogène à 5 % et d’azote à 95 %, le gaz traceur permet de localiser une fuite facilement et avec précision. Le gaz doit être injecté sous pression dans une canalisation totalement purgée au préalable. La méthode de recherche de fuite d’eau par gaz traceur est principalement utilisée en dernier recours sur les canalisations en PVC. ●