[N°631] - Combattre l’humidité

par Julie HAINAUT, journaliste
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Odeurs nauséabondes, moisissures récurrentes, décollement du papier peint, allergies respiratoires, asthme, développement de bactéries, atmosphère désagréable… Les problèmes d’humidité sont une véritable source d’inconfort dans un logement. Quelles en sont les principales causes ? Comment y remédier ? Le point pour s’en débarrasser de manière définitive.

La condensation

La condensation est l’une des causes les plus fréquentes d’humidité : il s’agit d’un phénomène engendré par la transformation en eau d’un air intérieur chargé en vapeur d’eau, au contact de parois plus froides. Elle survient lorsque le logement n’est pas suffisamment ventilé et que les habitants produisent beaucoup d’eau : en se lavant, en cuisinant… Chaque être humain émet en moyenne 1,5 litres d’eau par jour simplement en respirant et en transpirant ! Autres causes : la lessive, la vaisselle, les aquariums, les douches… Ce phénomène touche généralement plutôt la salle de bain et la cuisine. Pour y remédier, il est conseillé d’installer un ventilateur au plafond, de poser des grilles d’aération, de créer des courants d’air dans les pièces humides, de faire sécher son linge à l’extérieur de l’habitation, de faire bouillir l’eau avec un couvercle… Bref, d’aérer (en ouvrant les fenêtres une vingtaine de minutes) et de ventiler (en permanence à l’aide d’une VMC) le plus possible son logement.


Les infiltrations

Les infiltrations se produisent lorsque l’eau de pluie pénètre dans les parois ou le toit du logement. On remarque, en général, des traces d’humidité (des auréoles brunes) et une peinture qui s’écaille avec un dépôt blanchâtre en haut des murs, engendrées par une fuite d’eau liée à un raccord bouché, une toiture percée, une tuile fêlée, un mur fissuré, des matériaux de construction de mauvaise qualité… Il convient alors de vérifier la toiture et les descentes d’eau pluviale et de réaliser les réparations nécessaires. Les infiltrations peuvent aussi être latérales ou être localisées dans les caves et les sous-sols. Le problème doit être réglé à la source, sous peine de perdurer. S’il s’agit d’un problème de toiture, il faudra faire appel à un couvreur.

Si les infiltrations sont localisées dans un mur, plusieurs techniques peuvent être utilisées. Pour des microfissures, un traitement hydrofuge sera le plus adapté, à appliquer au rouleau, à la brosse ou par des pulvérisations. Ce traitement n’empêche pas les murs de respirer. L’idée est d’appliquer plusieurs couches jusqu’à ce que la surface soit bien imprégnée. Autre solution, pour des fissures plus profondes : l’injection de résine. Le principe ? Une résine liquide ou en silicone est injectée par des seringues en bas du mur en questions dans des trous réalisés tous les 15-20 centimètres. A la rencontre de l’eau, la résine va se plastifier et constituer ainsi une barrière étanche qui empêchera l’eau de remonter. Cette méthode est efficace et permettent de garantir efficacement les murs contre l’étanchéité pour plusieurs dizaines d’années. Autre possibilité : drainer le sol en installant un siphon atmosphérique au bas et à l’extérieur des murs qui aspirera l’humidité. Pour toutes ces méthodes, il est évident qu’il faut se faire conseiller par un professionnel avant de se lancer dans les travaux.

Il existe également une panoplie d’enduits anti-humidité, mais qui ne permettent de lutter contre l’humidité que de façon superficielle. Ils sont à bannir.


L’humidité ascensionnelle

Des cloques qui apparaissent sur les peintures, des plinthes qui se détachent, des papiers peints qui se décollent… Ces signes sont souvent liés aux remontées capillaires. L’humidité du sol remonte jusqu’à 150 mètres ainsi dans les murs enterrés : c’est l’une des causes les plus fréquentes dans les habitations anciennes qui, généralement, ne comprennent pas de membrane d’étanchéité au pied des murs. Il faudra ainsi, avec l’aide d’un professionnel, poser une barrière ou injecter un produit “étanchéisant” au bas des murs (cf. hydrofuge ou silicone, comme dans le cas des infiltrations). Autre solution : assécher les murs de manière électronique ou géomagnétique. Cela consiste à utiliser une énergie extérieure de très faible puissance pour constituer un contre-champ électromagnétique faible modifiant les charges électriques dans le système capillaire, ce qui annule alors les remontées capillaires. Le transport de l’eau vers le haut du mur est arrêté et les murs s’assèchent. Plusieurs entreprises proposent ce type de boitier, dont AquaRaid et Isosec. Ces procédés ne nécessitent pas de gros travaux et n’engendrent aucun dégradation ni destruction.


Détecter un problème d’humidité

Plus on le détecte tôt, plus le traitement sera efficace et moins les travaux seront importants. Après avoir repéré l’un des signes classiques (murs humides, odeur de moisi dans les placards, peinture écaillée…), il faut détecter la source de l’humidité (un joint, une canalisation…). Pour cela, plusieurs méthodes existent.

> La thermographie infrarouge (ou caméra thermique) permet de manière facile, rapide et efficace de détecter les pertes d’énergie, les problèmes électriques mais aussi d’humidité dans les bâtiments. Une caméra infrarouge est installée, laquelle indiquera précisément la localisation des fuites et infiltrations. Elle mesure les températures de surface, ce qui permettra d’en savoir plus sur l’étendue et le degré d’humidité en question. Cette caméra peut aussi être installée de manière préventive.

> La corrélation acoustique est également une technique efficace pour rechercher une fuite à l’aide d’un aquaphone ou hydrophone. La démarche ? Analyser les fréquences émises dans la conduite d’eau à l’aide de deux capteurs (un fixe et un mobile), la fuite engendrant une déperdition d’eau, provoquant ainsi des sons et des vibrations. L’amplitude de l’onde acoustique se propageant dans les conduites, diminue au fur et à mesure qu’elle se propage.

> La caméra vidéo (ou caméra endoscopique) est installée à l’intérieure des canalisations et directement reliée à un écran par un câble de 40 mètres. La restitution des images à l’intérieur des canalisations, même dans les endroits les plus sombres, est parfaite.

> La fluorescéine. Ce colorant chimique (mais non toxique) est ajouté à de l’eau pour devenir fluorescent lorsqu’il est soumis à un rayonnement ultraviolet. Une solution efficace pour situer aves précision une fuite d’eau.

D’autres méthodes existent : la neutronographie (une méthode par sondes à neutrons), le gaz traceur (incolore, inodore et non toxique) et le testeur d’humidité, scanner à radiofréquence permettant d’identifier avec exactitude les zones infiltrées.