Selon un de ses plus grands spécialistes, l’IA n’a d’intelligent que le nom et le terme intelligence relève plus de l’argument marketing. Ce spécialiste explique que les systèmes IA actuels sont loin d’être plus intelligents qu’un chat domestique. En effet, le chat est doté d’une perception du monde physique, d’une mémoire, de raisonnement et d’une capacité d’anticipation, qualités dont sont dénuées les IA génératives.
Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 704 de décembre 2024
Les IA fabriquent à partir de probabilités définies par leur entrainement, une illusion d’intelligence. Elles manipulent le langage sans être intelligentes. Et effectivement, il faut montrer beaucoup de photos d’arbres à l’IA pour lui en faire reconnaître un, alors qu’un enfant à qui on en aura montré un les reconnaîtra tous sans hésitation.
L’IA fait vite et bien des tâches répétitives et permet d’ordonner un grand volume de données. Mais elle ne raisonne pas. Elle donne des résultats spectaculaires dans les domaines des sciences car elle permet d’essayer un grand nombre de possibilités dont la vérification scientifique est possible. Elle excelle dans le classement et l’organisation des données et aussi dans les domaines du graphisme et de l’image.
Mais dans les autres domaines et particulièrement celui de la copropriété ? Actuellement, l’apport de l’IA est faible en termes de valeur ajoutée économique et intellectuelle et se limite surtout à la documentation et au classement. L’enjeu de la rédaction des règlements de copropriété réside dans les choix qui seront opérés en termes de qualification des espaces, dans la fixation des règles de fonctionnement de l’immeuble et dans l’établissement des charges qui devront être adaptées et basées sur des critères pertinents. Ce qui suppose une capacité d’abstraction et de projection dans la vie future de l’immeuble.
L’IA est totalement démunie de la faculté de comprendre un espace et de se l’approprier. Elle n’est capable ni d’empathie ni d’anticipation et ne peux proposer d’autres schémas que ceux qui seront fondés sur sa logique algorithmique et probabiliste. Dans ces conditions, quels pourraient être ses apports dans la rédaction des règlements de copropriété ?
L’IA pourrait présenter un intérêt dans l’actualisation automatique du modèle initial.
Pour un règlement de copropriété existant, l’IA pourrait permettre une mise à jour automatisée et récurrente de la partie réglementaire du règlement de copropriété qui pourrait ensuite être validée par l’assemblée. Mais l’IA serait-elle capable d’effectuer une recherche pertinente des clauses contraires aux dispositions de la loi et prendre en compte les évolutions jurisprudentielles ? A priori, elle ne dispose pas encore de la subtilité sémantique nécessaire pour détecter de telles clauses ; recherche qui relève de l’expertise.
Techniquement, l’IA permet d’accélérer le processus d’établissement des plans. Il serait aussi possible d’envisager une plus grande intégration de la chaine de production de l’état descriptif de division et des plans en automatisant certaines tâches. L’apport de l’IA paraît donc limité pour l’établissement ou la mise à jour du règlement de copropriété.
À ce jour, l’IA est un tâcheron efficace, un pinceau doué et un scribe appliqué. Mais ce ne sont ni les pinceaux qui font le peintre, ni les mots qui font l’écrivain.
Denis Brachet, Géomètre-expert, expert judiciaire
©Sébastien Dolidon / Edilaix